Compte-rendu / Conférence IESF Auvergne de Jean-Marc Monteil sur la société numérique

Compte-rendu / Conférence IESF Auvergne de Jean-Marc Monteil sur la société numérique

Par Damien Caillard

Jean-Marc Monteil est chargé d’une mission interministérielle sur le numérique dans l’éducation et la formation. Il dirige depuis dix-huit mois la mission sur la place du numérique dans l’éducation. A Clermont, il préside le Conseil de Développement du Grand Clermont, groupe de réflexion réunissant des acteurs de la société civile locale sur les enjeux de la nouvelle Métropole clermontoise.

Le mercredi 22 mars, il a donné une conférence sur la société numérique dans le cadre d’un événement organisé par IESF Auvergne sur le thème « les ingénieurs et scientifiques d’Auvergne s’engagent pour une économie prospère et responsable ».

Accès rapide aux sections:

  1. Synthèse écrite de la présentation
  2. Replay vidéo intégral

La synthèse de la présentation

Les timecodes (minutes:secondes) indiqués dans les titres correspondent à la vidéo intégrale que vous trouverez dans la section suivante.

La société numérique: une société qui est déjà la nôtre. Ses enjeux sont multiples car le numérique en touche tous les secteurs: sciences, technologie, éducation, politique, économie …

Sur les enjeux scientifiques (1:00)

Les objets connectés se multiplient (de 5 milliards à 50 milliards en 2020) et transmettent toujours plus de données: c’est le Big Data. Les capacités de traitement des algorithmes évoluent à grande vitesse. On est capable de traiter de très gros volumes de données en provenance de sources très variées.

Comment se positionne la France sur le big data ? Elle a de très bons « cerveaux » mais n’a pas réalisé les investissements suffisants. Résultat, il n’y a pas l’équivalent d’un GAFA en France ni en Europe, et d’ailleurs pas de « licorne » en France (start-up valorisée à plus d’un milliard de $). Mais les compétences et les infrastructures sont présentes chez nous.

Sur les enjeux technologiques (3:10)

80% des clouds sont en Asie. Les impacts géopolitiques ne sont pas neutres. Cela veut dire que les données « dans les nuages » sont basées en Asie, à 80%. Cela pose des questions de souveraineté.

En Europe, la bataille industrielle du numérique semble perdue, mais pas la bataille des usages: celle des nouvelles plateformes, qui mettront en relation des objets connectés entre eux (« Machine to Machine »). La nouvelle économie se transfèrera en partie vers ces plateformes. Le combat économique sera intercontinental, entre Asie, Europe, Etats-Unis.

Sur les enjeux sociétaux (6:05)

Il y a un problème de régulation des données. L’économie numérique est un changement de paradigme fort: la matière première en est la donnée personnelle, traitées et récoltées par les smartphones. Or, il n’y a pas d’équivalent de l’OPEP des données personnelles: pourquoi pas demain ? Pourquoi pas de « choc des données » similaire aux chocs pétroliers des années 1970.

Aujourd’hui, le Big Data peut tracer des comportements et de faire des prédictions nous concernant, base du nouveau marketing. De plus, le digital nous permet d’externaliser une partie de notre mémoire, puisque toutes les questions ont une réponse en ligne: quel impact sur l’organisation de la société et du travail ? Sur le temps ainsi libéré ?

Enfin, les enjeux éthiques sont ceux de la liberté individuelle et collective, et de leur protection. Si on peut orienter les comportements d’achat, pourquoi pas orienter les opinions politiques ? Il faut faire attention à cette tendance, dans un univers d’infobésité: nous devons être capables de hiérarchiser, trier, contextualiser l’information. Transformer une donnée en information est un enjeu, transformer une information en connaissance est encore plus complexe. C’est là que la méthode scientifique peut aider à savoir comment ces connaissances ont été produites. Développer l’esprit critique.

Sur les enjeux éducatifs et pédagogique (11:15)

La méthode scientifique transforme une idée en hypothèse, et pour valider cette dernière, elle la teste à l’épreuve des faits dans des conditions les plus défavorables pour voir si elle y résiste. Or, dans la vie quotidienne, nous fonctionnons différemment: si plusieurs personnes pensent comme moi, ce que je pense doit être vrai … et c’est accentué par le numérique. La démarche scientifique a une valeur éthique: elle installe le doute et l’erreur comme porteurs de valeur.

Selon le classement PISA, les élèves français ont de moins bons résultats que les autres. Pourquoi ? Parce que, quand ils ont un doute, s’ils ne sont pas sûrs à 100%, ils ne répondent pas. Parce qu’on a pas donné de vertu informative à l’erreur. Ce n’est pas dans notre mode d’éducation, qui est basé sur la notion de vérité. Aujourd’hui, le numérique remet en cause cette approche.

Nous avons donc besoin d’une éducation à la société numérique, qui nous sensibilise à la maîtrise du processus informationnel.

Sur les enjeux organisationnels (16:10)

Le numérique développe des relations horizontales, en réseau, dans les structures classiques. Les anciennes hiérarchies perdent de leur pertinence. A cela s’ajoute l’automatisation, la robotisation qui ont un impact de destruction créative sur les emplois. Cette vague est massive, de nombreux métiers seront touchés, notamment des métiers de conseil de niveau intermédiaire – par exemple le conseil en jurisprudence, l’analyse biologique … Comment retrouver des relations humaines à travers les univers numériques connectés ? La question est capitale.

Enfin, ce nouvel univers ne réclamera pas que des compétences techniques mais surtout des compétences collaboratives, la capacité à travailler ensemble sur des projets. Ces nouvelles compétences sociales, non formelles, ne font pas encore partie de nos dispositifs de formation. Là aussi, la réflexion sur ce sujet doit être scientifique. Et on est sûrs que ces compétences seront requises, quelles que soient les compétences techniques spécifiques

Crédit photo: Martine Berbey


Le replay de l’événement

La vidéo complète de la captation sur YouTube (23′):

Tournage et montage fourni par l’hôtel de région de Clermont-Ferrand
Habillage Damien Caillard / Le Connecteur

À propos de Véronique Jal

Ma ligne guide depuis 15 ans, c'est le management de projets collectifs à fort "sens ajouté" : les fromages AOP, les hébergements touristiques, la démarche d'attractivité d'une région... et aujourd'hui l'innovation territoriale via un média associatif Toulousaine d'origine, j'ai découvert et choisi l'Auvergne que mon parcours pro m'a amenée à connaître sous plein de facettes. J'adore cette activité qui nous permet d'être en situation permanente de découverte.