MyJugaad : Accompagner les seniors vers un nouveau logement

MyJugaad : Accompagner les seniors vers un nouveau logement

Les seniors rencontrent des difficultés particulières lorsqu’il s’agit de changer de lieu de vie, un processus souvent source de stress et de complexité. De ce constat est née MyJugaad, une entreprise qui a vu les limites des services de déménagement classiques, peu adaptés aux besoins spécifiques des seniors. Fondée en 2018, MyJugaad propose une assistance complète qui va bien au-delà du transport de biens matériels. Son approche englobe l’organisation logistique, les démarches administratives et même le soutien émotionnel, afin de faire de cette transition un moment plus serein pour leurs clients.
Cette initiative invite à repenser les services pour les seniors, avec l’ambition de leur offrir des solutions réellement adaptées à leurs besoins, au-delà des stéréotypes associés à l’âge.

Dossier spécial en partenariat avec la Casrat Auvergne

Pour commencer, pourriez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a amené à créer MyJugaad ?

Bonjour. Mon parcours est assez atypique. J’ai commencé à entreprendre jeune, à 23 ans, et j’ai développé différentes compétences au fil des années. J’ai notamment travaillé dans le déménagement pendant six ans, de 2012 à 2018. C’est là que j’ai constaté les difficultés rencontrées par les seniors lors d’un changement de logement.

Quelles sont ces difficultés ?

Un déménagement pour une personne âgée, c’est bien plus que transporter des meubles d’un point A à un point B. C’est souvent quitter un logement chargé de souvenirs, trier et organiser une vie entière, faire face à des démarches administratives complexes. Les déménageurs traditionnels ne sont pas formés à ce type d’accompagnement, plus humain et social. Ils interviennent le jour J, sans prendre en compte la dimension émotionnelle et la complexité de la situation pour une personne âgée. J’ai constaté qu’il y avait un réel besoin d’accompagnement personnalisé pour aider les gens à gérer cette transition. Ce n’est pas seulement sur le plan logistique, mais aussi humainement. C’est ainsi que MyJugaad a vu le jour.

Et c’est de ce constat qu’est né MyJugaad ?

Exactement. J’ai créé MyJugaad en 2018 pour proposer un accompagnement global à la mobilité résidentielle des seniors. L’idée a germé dans un petit incubateur dans le Morbihan. Après trois années de développement en solo, j’ai été rejoint par Vanessa, qui est maintenant directrice générale. Nous sommes aujourd’hui une petite dizaine dans l’entreprise. Par ailleurs, nous intervenons sur tout le territoire français, et même dans les pays limitrophes si besoin. Nous nous appuyons sur un réseau de plus de 350 accompagnateurs et collaborons avec plus de 3000 sociétés dans les domaines du déménagement, du nettoyage et du débarras.

Concrètement, en quoi consiste cet accompagnement ?

Nos accompagnateurs, que nous formons via un label spécifique créé en partenariat avec des organismes de formation, se rendent au domicile de la personne et l’aident à trier, organiser ses affaires, préparer le déménagement, trouver un déménageur, gérer les démarches administratives… Ils sont présents à chaque étape pour faciliter la transition et s’assurer que la personne se sente bien dans son nouveau logement. Notre but est de faire avec la personne, pas pour la personne. Nous l’aidons à reprendre le contrôle de la situation et à faire ses propres choix. Nous proposons également des services de débarras, de nettoyage et d’aide à la réinstallation.

Quels sont les profils des personnes qui travaillent avec MyJugaad comme accompagnateurs auprès des seniors ? 

Nous collaborons avec des personnes aux profils variés. Certains sont auto-entrepreneurs et effectuent déjà des missions de déménagement classique. D’autres cherchent une activité complémentaire ou une activité à temps partiel qui a du sens. Ce qui les unit, c’est leur sensibilité au social et leur désir d’aider les autres. Nous avons très peu d’aides à domicile ou d’infirmières à domicile dans notre réseau.

Parlez-nous de votre modèle économique. Comment MyJugaad se finance-t-il ?

Notre modèle économique est principalement en B2B2C. Nous travaillons avec différents organismes comme les Carsat, les caisses de retraite, les mutuelles, qui financent une partie de l’accompagnement. L’autre partie est prise en charge par l’usager lui-même, avec des facilités de paiement possibles. Nous sommes conscients que le modèle économique d’une entreprise d’accompagnement social doit être stable pour assurer sa pérennité. Nous ne pouvons pas dépendre uniquement des subventions ou des aides financières.

Justement, vous parliez des Carsat. Vous avez participé à l’accélérateur VIVALAB de la Carsat Bretagne. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Participer à VIVALAB a été un véritable tremplin pour MyJugaad. Cela nous a permis de structurer notre projet, de mieux comprendre le marché et de développer notre réseau de partenaires, notamment auprès des Carsat. Grâce à cet accompagnement, nous avons pu expérimenter notre service en Bretagne, puis le déployer dans d’autres régions, comme l’Auvergne. VIVALAB nous a également aidés à améliorer nos interactions avec les différentes Carsat et à identifier des solutions adaptées aux spécificités de chaque territoire.

Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans le développement de MyJugaad auprès des seniors ?

Le principal défi est d’accroître notre visibilité auprès des seniors et des acteurs du secteur. Nous devons faire connaître notre service et démontrer son utilité. L’autre défi est de pérenniser notre modèle économique et de trouver un équilibre entre le financement par les organismes et la participation des usagers.

Comment imaginez-vous l’évolution de MyJugaad dans les années à venir ?

Nous souhaitons continuer à nous développer et à structurer notre offre de services. L’objectif est de devenir un acteur incontournable de l’accompagnement à la mobilité résidentielle des seniors, tout en restant attentifs aux besoins d’autres publics fragilisés. Au départ, notre cœur de métier était l’aide au déménagement, mais au fil des demandes, nous avons élargi nos services à l’assistance au logement au sens large. Nous proposons désormais des services de débarras, de nettoyage, d’aide aux démarches administratives…

Vous avez parlé de démarches administratives. C’est un aspect souvent complexe pour les seniors, surtout avec la numérisation croissante des services. Comment les accompagnez-vous sur ce point ?

Nous sommes en train d’expérimenter un outil pour aider les personnes dans leurs démarches administratives liées au déménagement. Il faut savoir qu’un déménagement implique plus de 30 à 40 tâches administratives ! Notre outil vise à simplifier ces démarches et à accompagner les seniors dans toutes les étapes : impression des courriers, aide à la signature, identification des organismes à contacter, envoi des documents… Nous allons au-delà des services basiques comme le changement de compteur EDF ; nous les aidons également pour les impôts, le changement de carte grise, etc.

MyJugaad développe d’autres services pour les seniors. Est-ce que vous prévoyez de vous adresser à d’autres cibles ?

Nous pensons qu’il n’y a pas que les seniors qui ont besoin d’aide dans le cadre de la mobilité résidentielle. Les familles monoparentales, les personnes en situation de handicap, ou simplement des personnes qui traversent un moment difficile peuvent avoir besoin d’aide pour réorganiser leur logement. On a donc élargi notre offre pour répondre à cette diversité de situations. Notre objectif, c’est de rendre notre service accessible à tous ceux qui en ont besoin, pas uniquement aux personnes âgées.

Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs qui souhaitent innover dans le domaine du bien vieillir ?

Mon premier conseil, c’est de ne pas stigmatiser les bénéficiaires en les réduisant à leur âge ou à leur condition. Dans ce secteur, il est facile de tomber dans l’idée que l’on s’adresse uniquement aux « personnes âgées » ou aux « personnes dépendantes ». Mais en réalité, tout le monde peut avoir besoin d’un accompagnement à un moment ou un autre de sa vie, que ce soit temporairement ou de façon permanente. Il faut se concentrer sur le besoin, pas sur l’étiquette.

Pour conclure et par curiosité…MyJugaad, un nom original. Quelle est sa signification ?

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À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.