Eva Plesel, l’éveil des consciences version millenial

Eva Plesel, l’éveil des consciences version millenial

Eva est une « millenial » engagée. Passionnée par l’écologie politique elle est en charge de développer l’antenne 63 de Conscience et impact écologique. 
Chaque mois le Connecteur donne la parole à des jeunes qui nous livrent leur éclairage sur les enjeux de sociétés du XXIème siècle.

En partenariat avec :

Conscience et impact écologique est en train de monter son antenne sur Clermont-Ferrand. C’est d’ailleurs ta mission première. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette association ?

L’association a été créée en 2012 par Floyd Novak qui était à l’époque lycéen. Il a constaté que le besoin d’éducation sur les problématiques environnementales était réel et suite à ça, l’association s’est développée. Il est aujourd’hui enseignant d’écologie politique et président de l’association.
La raison d’être de Conscience et impact écologique est l’éducation à l’environnement vers la transition écologique. On parle ici d’écologie politique. Attention, nous ne sommes affiliés à aucun parti politique mais nous mettons l’écologie au cœur de tous les sujets de société.

Afin de sensibiliser tous types de publics, en particulier les publics les plus éloignés des enjeux environnementaux, l’association repose sur trois piliers :

  • Motiver l’envie d’agir en parlant des enjeux environnementaux et leur caractère d’urgence.
  • Donner la capacité d’agir à travers des ateliers pratiques pour apprendre les gestes à mettre en place au niveau individuel et collectif.
  • Et enfin, accompagner à la transition écologique en sensibilisant les écoles avec des clubs environnement par exemple.

A ce jour, l’association est présente dans 12 départements mais elle peut intervenir partout en France.

Et sur le Puy de Dôme où en es-tu ?

Je viens de débuter ma mission en service civique. La priorité est de créer le groupe local puydomois, en mobilisant des bénévoles et en leur proposant des actions, et aussi de faire connaître l’association. Il y a plusieurs actions essentielles, comme proposer des animations à des structures, participer à des évènements grand public, coordonner des évènements comme les Gratiferias, etc. L’association, ouverte à tous, se compose de personnes de tous âges, bien qu’il y ait une majorité de jeunes et d’étudiants.

Qu’est-ce que ça signifie Gratiferia ?

C’est un concept créé en 2010 qui vient de Buenos Aires en Argentine. C’est une zone de gratuité où chacun peut emmener les objets, vêtements dont il ne se sert plus et prendre ce qui pourrait lui être utile. C’est un concept de brocante…mais gratuite. 
Il y en a assez régulièrement à Lyon et la première Gratiferia organisée par CIE à Paris a eu lieu il n’y a pas si longtemps.

source : conscience-et-impact-ecologique

Tu as 21 ans et tu es originaire de Tours. Quel est ton parcours qui t’emmène aujourd’hui en Auvergne ?

Après une licence langues étrangères Anglais et Espagnol, je me suis posée la question « et après », je ne savais pas vraiment vers quoi m’orienter. J’ai décidé de faire une pause dans mes études et faire un service civique. C’est en parcourant les offres que je suis tombée sur l’association Conscience et Impact Écologique et j’ai eu un coup de cœur. 
Ayant grandi à la campagne et m’étant toujours sentie proche de la nature et du vivant ; en découvrant l’approche, les valeurs et les méthodes pédagogiques de l’association, je me suis que c’était l’opportunité de passer d’une pratique personnelle de l’écologie à une approche opérationnelle. 
Aujourd’hui, mon rôle est de porter l’activité de l’association. J’organise des animations. La dernière en date a eu lieu sur le thème de l’impact du numérique par exemple. Enfin, nous avons une mission de sensibilisation à l’écologie dans les lycées et autres structures.

Tu as mentionné les méthodes pédagogiques de l’association. Comment se déroule une intervention ?

Lorsque nous intervenons, on débute en faisant participer le public via un débat-mouvant par exemple : Chacun se place d’un côté ou l’autre de la salle en fonction de ses conviction sur une question donnée.
Ensuite, chacun prend la parole pour étayer son point de vue avec des arguments. Si un raisonnement fait bouger les lignes, la personne convaincue se déplace dans la pièce. Grâce à cette approche on rend le public acteur du débat, en montrant la complexité des questions environnementales : l’écologie, ce n’est pas tout blanc ou tout noir ; il y a des nuances.

source : conscience-et-impact-ecologique


On poursuit avec une présentation sur les enjeux écologiques à travers une des treize thématiques que l’on aborde. Nos interventions se caractérisent essentiellement par un climat de confiance et une certaine proximité avec notre public, et se terminent souvent par le « temps de l’utopie » : un moment de discussion où l’on imagine ensemble ce que les choses pourraient être dans le futur. Un temps nécessaire pour terminer sur une note positive !

Quelles sont les structures avec lesquelles vous collaborez ?

Nous sommes en lien avec le moteur de recherche Ecosia, avec Terra Preta, qui a pour mission d’installer du compostage collectif. Il y a aussi les ressourceries, l’association Zéro-déchet, Alternatiba etc etc..

Tu nous as parlé de ton parcours et de ta motivation sur les enjeux écologiques. L’écologie c’est large. Quel est le sujet qui t’interpelle particulièrement ?

C’est celui de l’effondrement de la société. Il y a de plus en plus de discussions autour de ce risque réel. On ne peut rêver de croissance infinie pour toutes et tous dans un monde qui a des ressources finies, à un moment ça risque de basculer. Nos actions et comportements aujourd’hui ont un impact majeur. Les scenarios les plus pessimistes parlent d’extinction massive. Aujourd’hui encore ça reste compliqué d’aborder ces sujets. On est sur une thématique assez anxiogène. 
Malgré tout, on peut aussi avoir une vision optimiste, parce qu’un effondrement c’est aussi la possibilité de créer une société nouvelle basée sur l’entraide et la transition écologique. C’est un moteur d’espérance.

Dernièrement on voit fleurir sur les réseaux sociaux un conflit générationnel entre les millenials et la génération de baby-boomer qui s’est matérialisée avec le hashtag « Ok Boomer ». Qu’est-ce que ça t’inspire ?

Personnellement je vois dans ce conflit « ok boomer » une manière pour certaines jeunes de se dédouaner de nos propres responsabilités. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque de nos parents, on faisait l’éloge du plastique. On répétait que le bonheur était dans la consommation frénétique. C’était le conditionnement d’une société à un instant T. 
Je n’irai pas leur jeter la pierre, nous les jeunes, nous avons aussi de mauvais réflexes. Il faut donc avancer main dans la main. Nous sommes tous responsables et nous sommes tous victimes.

Lorsque nous interrogeons les moins de 25 ans on voit clairement deux jeunesses. Une très impliquée dans ces enjeux et une autre qui s’en désintéresse totalement. Tu confirmes ?

C’est vrai. Parfois dans les discussions ça peut virer au « clash ». Les enjeux sont tellement énormes et déprimants que deux types de réactions émergent. D’un côté, il y a les jeunes qui décident d’agir, et de l’autre, celles et ceux qui se détournent du sujet. Souvent c’est une sorte de ras le bol, on appelle ça l’éco-fatigue. 
En apparence ces deux positions semblent opposées. Mais en réalité elles émanent du même constat. Nous savons qu’il faudra à un moment changer nos comportements. C’est le degré d’urgence qui varie.

Revenons à l’association. Comment peut-on s’impliquer dans l’association ?

Il existe plusieurs manières de s’engager :

source : conscience-et-impact-ecologique

A chaque entretien nous posons cette question. Quelle est ton utopie ? À quoi ressemble ton monde idéal ?

Mon monde idéal… D’abord, ce serait une transition qui permette de maintenir le confort de base ; une société basée sur l’entraide, portée par des valeurs écologiques. 
Ensuite, on reviendrait à un rythme plus calme, prendre le temps. Tout va très, trop vite aujourd’hui. Le stress engendré par nos modes de vie nous empêche de penser de manière rationnelle.

Et la dystopie ?

Tout simplement que l’on ne prenne pas la mesure de l’état d’urgence dans lequel nous nous trouvons, et que la vie sur Terre devienne difficile voire impossible. 

Que comptes-tu faire après ce service civique ?

Pour l’instant je m’investis à 100% dans ma mission. Après on verra. Depuis longtemps je pense à prendre une année sabbatique pour parcourir l’Europe. Je repousse depuis quatre ans, ce serait peut-être le moment. De toute manière, je veux continuer à œuvrer pour sensibiliser les individus à l’écologie et je pense que je continuerai à m’investir auprès de l’association.

C’est l’instant carte blanche. Quelque chose à ajouter ?

J’entends souvent dire que « les enfants, c’est l’avenir ». À chaque fois, j’ai un pincement au cœur. Ils n’ont rien demandé, ils n’ont pas encore la capacité de décider de leur consommation. Les enfants ne seront que le reflet de ce que les adultes leur auront inculqué : c’est à nous d’évoluer avant tout. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a plein de solutions et d’initiatives qui émergent !

Les prochains rendez-vous :

le 13 décembre à Lieutopie … un évènement sur le thème des textiles et des cosmétiques dans l’environnement.

Retrouvez notre dossier spécial environnement ici.

 

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.