1ère édition  « Prix Innovation Autonomie » de la Carsat Auvergne

1ère édition  « Prix Innovation Autonomie » de la Carsat Auvergne

Dans cet entretien, Arnaud Villaume, responsable du Pôle Stratégie/Partenariats/Innovation de l’action sociale à la Carsat Auvergne, nous présente les « Prix Innovation Autonomie ». Lancée pour soutenir des projets émergents en Auvergne, cette initiative vise à encourager le développement de solutions innovantes pour accompagner les retraités dans une vie active et autonome. Conçus pour répondre aux spécificités démographiques de la région, les Prix permettent aux lauréats de grandir localement pour, potentiellement, intégrer l’accélérateur national. En favorisant des projets reproductibles, la Carsat espère voir certaines initiatives s’étendre au niveau national, offrant ainsi aux retraités des solutions adaptées à leurs besoins croissants.

Dossier spécial en partenariat avec la Carsat Auvergne

Bonjour Arnaud Villaume. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter brièvement?

Arnaud Villaume : Avec plaisir. Alors, pour me présenter en quelques mots, je suis né en Auvergne, et j’y ai fait toutes mes études en intégrant l’université de Clermont-Ferrand, où j’ai obtenu une maîtrise en sciences économiques, spécialité finances bancaires. Mon parcours professionnel m’a d’abord conduit à la CRAM (qui est devenue la Carsat) au moment où elle se chargeait de fixer les tarifs des cliniques privées. En évoluant au sein de cette structure, j’ai rejoint le secteur de l’action sociale retraite, pour y développer les partenariats. Ces missions m’ont amené à travailler sur des projets innovants en faveur des retraités, et c’est dans cette continuité que nous avons créé les « Prix Innovation Autonomie ».

Justement, comment est née cette idée des Prix ? Quel est l’objectif de ce projet ?

Arnaud Villaume : Depuis 2019, notre caisse nationale, en partenariat avec quatre autres acteurs importants, a mis en place un accélérateur national dédié à l’innovation pour le bien vieillir. Cet accélérateur est une réponse au constat de l’évolution démographique rapide. En effet, les retraités sont de plus en plus nombreux, et cela va se poursuivre. 

Cet accélérateur permet donc d’accompagner les structures qui ont déjà développé leur concept et commencé à proposer leurs services. Les « Prix Innovation Autonomie » de la Carsat Auvergne fonctionnent comme une rampe de lancement pour des projets plus jeunes. Des projets encore au stade de développement, mais qui ont un potentiel important sur notre territoire. C’est un moyen pour nous de soutenir des idées émergentes qui, avec le bon accompagnement, pourraient se développer pour toucher une audience plus large au niveau national.

Qu’englobe précisément le terme de « bien vieillir » pour la Carsat ? Est-ce un terme générique ou cela recouvre-t-il des thèmes spécifiques ?

Arnaud Villaume : C’est une excellente question, car, en effet, le bien vieillir peut désigner beaucoup de choses. À la Carsat, nous ciblons avant tout les retraités encore autonomes. Notre mission est de les accompagner pour prolonger cette autonomie. En d’autres termes, nous mettons tout en œuvre pour les aider à bien vivre cette phase de leur vie, de manière active et indépendante. Nous souhaitons retarder autant que possible l’entrée en situation de dépendance. Le bien vieillir inclut l’adaptation de l’habitat, l’accès aux technologies et à l’autonomie numérique. Cela inclut également, la préservation du lien social, qui est un élément clé, et la mobilité, particulièrement dans les zones rurales comme celles de l’Auvergne. Nous acceptons donc des projets d’innovation très divers dès lors qu’ils contribuent à la préservation de l’autonomie de nos retraités.

Qui peut postuler pour ces Prix Innovation Autonomie, et quels types de projets recherchez-vous ?

Arnaud Villaume : Ces Prix s’adressent aux structures basées en Auvergne. Toute personne morale ayant son siège social en Auvergne est éligible, qu’il s’agisse d’entreprises, d’associations ou même d’auto-entrepreneurs. Nous recherchons des dispositifs véritablement innovants, capables de combler des besoins encore peu explorés dans ce secteur. L’idéal serait des projets duplicables, que les porteurs pourraient développer à plus grande échelle si leur potentiel est confirmé. Par ailleurs, nous souhaitons éviter des initiatives trop localisées ou déjà bien connues, comme les solutions d’habitat partagé. Ces concepts existent déjà et sont souvent limités à un contexte spécifique. Ce que nous souhaitons, ce sont des solutions qui n’en sont plus seulement au stade de l’idée, mais qui ont déjà un début de concrétisation et moins de deux ans d’existence.

Quel est le rôle des « Prix Innovation Autonomie » en Auvergne dans le parcours de développement des projets ?

Arnaud Villaume : Ces « Prix Innovation Autonomie » en Auvergne sont conçus pour faire grandir des projets prometteurs et les amener à maturité. Une fois qu’ils sont suffisamment développés, ces projets pourront intégrer l’accélérateur national pour franchir une nouvelle étape dans leur déploiement. Nous sommes convaincus qu’en Auvergne, avec sa population vieillissante et ses spécificités géographiques et sociales, il existe un vivier d’innovations qui méritent de s’étendre bien au-delà de la région. En soutenant des initiatives locales adaptées aux besoins des retraités, nous espérons voir émerger des solutions solides et évolutives, capables de répondre aux enjeux du bien vieillir à l’échelle nationale.

Quels prix sont proposés aux lauréats ?

Arnaud Villaume : Nous avons prévu cinq prix au total. Les montants varient de 5 000 € pour une phase d’émergence à 20 000 € pour une phase d’accélération. Ces financements serviront à accompagner le développement du projet au cours de l’année 2025. Ils pourront couvrir tout type de dépenses nécessaires.
Un jury évaluera chaque projet en utilisant une grille de critères bien définie. Ce jury inclura des représentants de la Carsat ainsi que des experts de la Silver Économie pour apporter une expertise sectorielle complémentaire. Les lauréats bénéficieront également d’un suivi personnalisé par la Carsat. Nous proposerons des points d’étape en milieu d’année et en fin d’année pour évaluer les avancées.

Quelles catégories d’innovation sont couvertes par les Prix Innovation Autonomie ?

Arnaud Villaume : Nous avons voulu garder des catégories assez larges pour ne pas limiter la créativité des candidats. L’innovation peut être technologique, mais aussi servicielle ou organisationnelle. Ces trois thématiques s’alignent sur celles de notre accélérateur national. Nous encourageons les porteurs de projet à aborder des thématiques variées dès lors qu’elles contribuent à améliorer l’autonomie des retraités. Les sujets incluent, entre autres, l’habitat, l’accès et l’autonomie numérique, le bien-être, le lien social, et la mobilité. Pour être honnête, je suis parfois surpris par les idées proposées. C’est ce qui rend cette démarche intéressante : les projets peuvent couvrir des aspects auxquels nous n’aurions pas pensé, tout en étant pertinents pour le bien vieillir.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées dans l’innovation pour le bien vieillir ?

Arnaud Villaume :  La première difficulté réside dans la connaissance des besoins spécifiques des retraités. Beaucoup de produits existants restent très stigmatisants, souvent associés à un univers médicalisé, ce qui peut être rebutant pour des retraités encore actifs et autonomes. Il y a aussi le problème des projets qui se lancent directement, sans se poser rééllement la question de l’acceptabilité par les retraités eux-mêmes. Ce serait pertinent de constituer une communauté d’utilisateurs testeurs parmi nos retraités, pour tester et valider ces innovations. D’ailleurs, cette idée est encore au stade informel, mais nous avons un vivier de retraités qui pourrait être mobilisé pour servir de groupe test sur ce genre de solutions.

En effet, cela pourrait vraiment enrichir le processus d’innovation. Combien de temps faut-il prévoir pour remplir le dossier de candidature ?

Arnaud Villaume : Nous avons travaillé pour simplifier au maximum le dossier. Il ne faut pas plus de trois heures pour le compléter, et une demi-journée suffit largement. Ce qui représente un investissement modeste comparé aux montants des prix, qui vont de 5 000 à 20 000 €. Nous avons également limité le nombre de caractères dans les réponses, afin d’encourager des présentations concises et directes. Cela permet de rendre la procédure accessible même pour de petites structures ou des auto-entrepreneurs qui n’ont pas de temps à consacrer à des démarches administratives lourdes.

Pour conclure, quel message final souhaiteriez-vous adresser aux candidats potentiels ?

Arnaud Villaume : J’aimerais leur dire que la Carsat est bien plus qu’un financeur. Nous sommes là pour soutenir des projets innovants et pertinents, qui ont un véritable impact sur la vie des retraités. Si leur projet correspond aux valeurs et aux objectifs de la Carsat, ils peuvent compter sur notre accompagnement. Nous sommes très investis dans cette démarche et nous voulons vraiment encourager et aider les acteurs locaux, en Auvergne, à développer des solutions adaptées aux besoins des retraités autonomes, pour qu’ils puissent vivre pleinement et en toute autonomie. Les candidats ont jusqu’au 30 novembre pour postuler. Informations ici.

 

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.