La mixité et la diversité, moteurs de la réussite de Supreme Legacy

La mixité et la diversité, moteurs de la réussite de Supreme Legacy

La culture urbaine est un mouvement en constante évolution qui attire de plus en plus de passionnés. Fondé en 2013 par Mickaël Pecaud, Supreme Legacy est un collectif basé à Clermont-Ferrand, composé de danseurs, graffeurs, MCs et DJs. Ils interviennent dans différents domaines : spectacle, compétition, transmission et organisation d’événements. L’un des objectifs de Supreme Legacy est de promouvoir les arts et cultures urbaines, et de les rendre accessibles à divers publics. Leur approche innovante et inclusive permet de mélanger les profils, amateurs et professionnels, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, pour progresser et performer ensemble.

Le Supreme Legacy Studio, récemment ouvert au carrefour des pistes à Clermont-Ferrand, était la pièce manquante pour l’association, permettant d’accroître et de développer son activité dans la formation et la transmission.

Quel a été votre parcours jusqu’à la création de Supreme Legacy ?

Mickaël Pecaud : Je suis originaire de Mozac et j’ai effectué toute ma scolarité à Riom. J’ai découvert le breakdance à l’âge de 14 ans. Ce qui est fascinant avec le break, c’est la liberté de créer ses propres mouvements. C’est une danse qui peut se pratiquer aussi bien individuellement qu’en équipe, sur scène lors des spectacles ou en compétition lors des battles.

Après le bac, j’ai poursuivi avec un BTS Communication des entreprises à Vichy puis j’ai obtenu un BPJEPS en animation culturelle. Passionné par l’enseignement, cette formation m’a permis de me perfectionner pour donner des cours de breakdance et d’organiser mon premier battle.

En tant que danseur, j’ai commencé par la compétition, ce qui m’a permis de voyager et de me faire un nom dans le milieu en remportant différents battles nationaux et internationaux.
Je me suis ensuite dirigé vers la création artistique en travaillant avec plusieurs compagnies et dans des comédies musicales. En 2013, avec deux autres danseurs, nous avons décidé de créer Supreme Legacy. À la base, une bande d’amis qui participaient à des battles. Puis, l’association s’est structurée et a pris de l’ampleur au fil des années.

Quand vous avez créé Supreme Legacy, quel était votre objectif principal ?

Mickaël Pecaud : Dès la création de Supreme Legacy, j’ai voulu développer l’accompagnement et la formation de jeunes danseurs. Je voulais qu’ils puissent vivre de leur art à travers les cours et les spectacles. En plus des spectacles, nous avons continué d’accroître notre notoriété dans les compétitions. Nous avons remporté notamment le titre de vice-champion de France en 2017 et Champion de France 2018 du BBoy France en équipe.

Nous avons maintenant six spectacles qui sont en diffusion. En parallèle, nous organisons des événements, comme le festival itinérant Urban City. Nous intervenons également dans tous les types de milieux, y compris les EHPAD, les centres de détention et les établissements scolaires. Cela nous permet de toucher tous les publics.

Pourquoi la nécessité d’ouvrir le Supreme Legacy Studio ?

Mickaël Pecaud : Avant d’avoir notre propre studio, nous n’avions pas de local fixe. Nous utilisions mon garage aménagé en salle de danse. À mesure que la compagnie grandissait, la nécessité de stocker la scénographie chez divers membres devenait problématique, sans parler de la difficulté à prendre des stagiaires ou des alternants. Avoir un local est devenu une nécessité pour pouvoir continuer de se développer et proposer de nouveaux cours.

Finalement, avec l’aide de Clermont Auvergne Métropole, nous avons réussi à trouver un espace. C’était un lieu brut et délabré, abandonné depuis trois ou quatre ans. Cela représentait un véritable défi de le transformer à notre image. Les travaux ont commencé en octobre, et nous avons fait l’inauguration au début du mois de mai.

Quels types de cours proposez-vous actuellement ?

Mickaël Pecaud : Depuis notre création, nous proposons principalement du breakdance, et depuis deux ans, des cours de rap. Nous organisons également des stages couvrant toutes les disciplines de la culture hip-hop, comme le graffiti, le DJing et d’autres aspects de la culture urbaine.

Avec l’ouverture du studio, nous avons ouvert la porte à d’autres disciplines, suite à la demande des parents qui voulaient également s’impliquer. Nous proposons désormais des cours de Breakdance pour adultes, Power body, Dancehall, Afro, Cardio boxe, Stretching et de self-défense. Ces nouveaux cours seront lancés à partir de septembre.

Quelle vision de la culture urbaine portez-vous avec le Supreme Legacy Studio ?

Mickaël Pecaud : Ce studio était la pièce manquante pour continuer de développer notre structure. Nous voulons accompagner les jeunes dans leur parcours artistique. Par exemple, dans le domaine du rap, il manque souvent un accompagnement structuré. Notre objectif est de prendre des enfants ordinaires et de les rendre extraordinaires. Nous voulons montrer que, avec de la détermination, on peut partir de rien et atteindre ses objectifs.

Notre message est universel. Il ne s’agit pas seulement de parler de ce que nous faisons, mais de montrer qu’il est important de croire en ses rêves et de ne jamais abandonner.

Nous développons également des liens avec des structures sur le territoire. Par ailleurs, nous collaborons avec le Clermont Foot, la Caisse d’épargne, la Coopérative de Mai et la Comédie. Nous intervenons depuis 5 ans dans les Quartiers Prioritaires de la Ville de Clermont-Ferrand (QPV). Notre local est situé à l’entrée de la ville, à côté d’établissements scolaires, ce qui offre une belle opportunité et beaucoup de visibilité.

Comment gérez-vous la mixité dans les disciplines urbaines au sein de votre studio ?

Mickaël Pecaud : Effectivement, la culture urbaine peut être vue comme un domaine principalement masculin, mais à notre niveau, les cours accueillent autant de filles que de garçons, même en breakdance. Cependant, la différence se marque surtout au niveau de l’adolescence, particulièrement dans les compétitions et les battles. Il y a plus de garçons dans ces contextes, tandis que les filles tendent à préférer les performances sous forme de chorégraphie. Dans le rap et le graffiti, la présence féminine est également moins marquée comparée à celle des garçons.

Quelle est l’approche adoptée par votre studio pour la transmission des compétences et des valeurs de la culture urbaine ?

Mickaël Pecaud : Notre approche de la transmission va bien au-delà des cours traditionnels. En plus des spectacles et des battles, notre objectif est de pousser chaque élève à aller plus loin, en nous adaptant aux désirs et objectifs de chacun. Nous rencontrons des gens qui veulent danser simplement pour le plaisir et apprendre des mouvements comme un loisir, tandis que d’autres aspirent à participer à des compétitions ou encore à devenir enseignants ou danseurs interprètes.

Pour répondre à ces divers besoins, notre transmission est personnalisée selon le public et ses attentes. Nous avons par exemple le « Supreme Legacy Kids » pour les enfants de 7 à 12 ans qui sont passionnés et veulent aller au-delà des cours réguliers. Au Supreme Legacy Studio, nous organisons des sessions d’open training, qui sont des entraînements ouverts et accessibles à tous. Cela permet de partager et de mélanger amateurs et professionnels de tous âges, ce qui est la véritable force de la culture hip-hop.

Dans les battles, une fille peut se mesurer à un garçon, et les personnes handicapées ont aussi la possibilité de performer. En plus de leur catégorie, les enfants peuvent également participer aux compétitions adultes. Nous croyons fermement que le progrès vient de la capacité à s’entraîner et à évoluer avec des personnes qui sont peut-être à un meilleur niveau ou qui apportent des perspectives différentes. C’est dans cette mixité et cette ouverture que tous peuvent réellement progresser.

Quelles sont les récentes évolutions dans la perception de la culture urbaine ?

Mickaël Pecaud : Le breakdance, par exemple, est désormais au programme des Jeux Olympiques. Cela crée une véritable effervescence autour de cette discipline. D’ailleurs, en ce moment, nous avons beaucoup de demandes pour les showcases. En ce qui concerne le street art, il a pris une place très importante avec de nombreuses fresques réalisées. Pour le rap, il demeure la musique la plus écoutée actuellement, bien que nous ne soyons pas nécessairement toujours en accord avec toutes les directions que ce genre prend. Je trouve que certaines tendances s’éloignent des valeurs originelles de la culture hip-hop. Ce sont ces valeurs qui nous tiennent à cœur et que nous cherchons à préserver dans notre enseignement et nos activités.

C’est l’instant carte blanche. Un dernier mot pour conclure cet entretien ?

Mickaël Pecaud : Oui, j’aimerais souligner l’importance de rester déterminé et de croire en ses rêves, peu importe les obstacles rencontrés. Il ne faut jamais abandonner, même quand les défis semblent insurmontables. C’est essentiel de persévérer. C’est ce message de résilience et d’espoir que je tiens à transmettre à travers tout ce que nous faisons.

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.