Par Alexis Echegut
Il n’est plus d’actualité d’avancer le fait que les technologies et le monde digital vont envahir nos vies. Pour le meilleur et pour le pire, le mariage, c’est pour demain. Préparons-nous, surtout pour le meilleur, et écoutons notre intervenant expliquer comment la Deep Tech va révolutionner notre existence. Olivier Ezratty est invité par Le Bivouac à l’occasion d’un DemoCamp pour casser les préjugés. Dépassons nos peurs pour entrevoir le potentiel de la Deep Tech à travers les yeux de notre auteur prolifique…
- Intervenant de ce jour :
Olivier Ezratty – Consultant et Auteur
- Accès rapides aux sections
1/Synthèse vidéo et écrite de la présentation
2/Questions du public
3/BONUS: Interview de Olivier Ezratty
Synthèse de la présentation
Définir la Deep Tech
Le terme de « Deep Tech » est assez méconnu en France. Pourtant, Olivier en fait son cheval de bataille et s’intéresse depuis quelques années au phénomène ayant vu le jour dans les contrées américaines il y a environ 4 ans.
La Deep Tech regroupe les différentes technologies « de pointes » utilisées par les startups, et les grandes entreprises. Les idées délirantes d’aujourd’hui vont devenir courantes dans un futur proche. Dans ce sens, il n’est pas exagéré de dire que les Deep Tech s’inspirent directement de la science-fiction pour imaginer le monde de demain. « La Deep Tech correspond à une mythologie orientée « Silicon Valley » qui consiste à s’inspirer de la science fiction pour imaginer le monde de demain »
Tous les secteurs d’activité sont impactés par ces innovations (transport, robotique, santé, l’intelligence artificielle…), et il n’existe à ce jour plus d’espaces que l’on pourrait qualifier de « no Deep Tech land »; hormis peut être si vous décidez de vivre en fusion avec la nature dans une maison en bois dans la toundra. Quoi que, la 4G n’est jamais bien loin…
La Deep Tech est à ne pas confondre avec ses cousins de la Low Tech, la Regular Tech, et la Hard Tech :
– Low Tech : mélange d’activités traditionnelles (artisanat, produits et services traditionnels)
– Regular Tech : Technologie traditionnelle (intermédiation, logiciels d’entreprise, transports traditionnels, santé 1.0)
– Depp Tech : IA et robotique, informatique quantique, véhicules autonomes terre et air, batterie de demain, biotechs et medtechs, semi-conducteur et télécom.
– La Hard Tech : Ce sont les Deep Tech poussées « à l’extrême » de la recherche scientifique. On a un mur technologique à franchir, les hard tech s’intéressent à des problématiques qui s’éloignent encore de notre champs des possibles.
Que peuvent nous offrir les Deep Tech ?
- Elle peut radicalement améliorer la vie des gens
Non, les Deep Tech ne sont pas détachées d’une certaine idée d’humanité. Pour preuve, les Bio Tech et Med Tech témoignent d’une amélioration certaine de la vie de beaucoup de personnes. Exit le côté obscure, penchons nous du côté positif de la force avec deux exemples :
– Dans le domaine de la santé, la durée de la vie est prolongée par la recherche médicale. Les Deep Tech amèneront leurs pierres à l’édifice avec des nouveaux procédés. Imaginez la mise en place de systèmes permettant à des patients souffrants de maladies chroniques de vivre et d’être soigné de manière totalement autonome de chez eux !
– Dans le domaine des transports, les voitures autonomes ont pour objectif de libérer du temps aux citoyens et de limiter les effets indésirables provoqués par l’automobile et la circulation. Terminés les embouteillages, les conducteurs pourront se libérer du temps dans leur propre véhicule pour travailler, se reposer, et vaquer à leurs propres occupations.
- Elle valorise les sciences, la recherche, et l’ingénierie
Géographiquement parlant les talents d’ingénierie sont partout. Mais pour qu’un pays puisse mettre à profit les capacités intellectuelles et innovatrices, et à terme être innovants, il faut qu’il est la capacité de croiser le monde de l’ingénierie et de la recherche avec celui de l’entrepreneuriat. Il faut mélanger ces deux mondes. Les Deep Tech interviennent par des procédés qui permettent des interrelations maximisées entre les acteurs. On parle de libéralisation de l’information et des flux de communication.
- Elle permet de mieux « scaler » à l’international
Il s’agit ici de la capacité à générer des économies de volume. De grosses économies d’échelle sont générées grâce aux Deep Tech. L’impact peut vite devenir viral et mondial.
- Les barrières à l’entrée seront meilleures
Quand on fait de la Deep Tech, on est plus difficile à copier si on a un savoir-faire spécifique technique ou industriel, des brevets…On peut en manière générale mieux se protéger dans ce cas que si l’on est simplement dans l’économie de services, même si l’on est jamais réellement à l’abris de se faire subtiliser ses idées.
« Il est important quand on créer une solution avec beaucoup de technologie, de lui conserver un côté magique »
La magie, on ne sait pas comment ça marche, et il faut garder le secret de son numéro pour qu’il ne soit pas volé, décrédibilisé, et qu’il soit reproductible. Il en est de même avec la Deep Tech. On peut ouvrir un brevet tout en conservant un secret industriel.
- Les industries établies font preuve de d’implication
L’intérêt des grandes entreprises pour la Deep Tech est grand (ex : Michelin). Aujourd’hui, on aime relier les startups et les innovateurs avec les grandes entreprises établies. Celles-ci peuvent constituer un rôle de levier et de canal de distribution pour les startups et la Deep Tech.
La Deep Tech sur le marché
Aujourd’hui, seulement 15 à 20% des PME françaises peuvent revendiquer utiliser la Deep Tech, la plupart des entreprises n’en est pas encore là. Mais alors quelles sont les caractéristiques de ces startups qui osent franchir la pas ?
– Les cycles sont beaucoup plus longs. Lorsque que l’on mise sur des technologie qui n’existent pas encore sur le marché mondial, cela prend du temps.
– Les équipes doivent être pluridisciplinaires. Il faut assembler un spectre large de compétences, plus que pour une entreprise traditionnelle. On parle de scientifiques, de chercheurs, d’ingénieurs, de business, de marketing, de la communication, parfois de juristes… Plus la Deep Tech est orientée Hard Tech, plus la pluridisciplinarité se révèle être importante pour le bon fonctionnement de la structure créer.
– Les investissements peuvent se révéler être lourds par rapport aux entreprises traditionnelles.
Pour les startups Deep Tech, il existe un risque accru au niveau scientifique et technologique dans le du marché ; plus que pour une entreprise traditionnelle. Ce risque se manifeste aussi dans la capacité de financement des investisseurs.
En Europe, depuis 2015, on a une décru des investissements envers les startups dites traditionnelles, et un accroissement considérable de ceux si lorsque qu’il s’agit de Deep Tech. C’est le moment de s’orienter Deep Tech ! D’autant plus que la French Tech affirme que la France est un eldorado pour une bonne prolifération de la Deep Tech.
La Deep Tech, marchante de rêve
Il apparaît aujourd’hui, nous dit Olivier, qu’il existe une certaine corrélation entre le future et la science-fiction. La Deep Tech met un point d’honneur à transférer ce qu’il est du domaine du rêve dans notre quotidien. Pas si vite… la téléportation, ce n’est pas pour tout de suite. Pourtant, des technologies issues de Star Trek font bien aujourd’hui partie de notre vie. Le Star Trek Communicator de 1964 qui traduisait tout en anglais en temps réelle se rapproche aujourd’hui de ce que nous apporte Siri ou Cortana.
- La 5G !
Dans la lignée de Star Trek, une nouvelle révolution des télécom est en voie pour les prochaines années. Dans la 5G, on sera capable d’avoir 10 giga bit par seconde en mobilité (100 mega bit / seconde). Que va-t-on en faire ? A charge pour les entrepreneurs d’exploiter au mieux cette nouvelle avancée technologique.
- L’IA (symbolique + connexionniste)
Non l’IA ne va pas venir sous la forme de robots tueurs voler nos métiers. Ce sont d’abord des logiciels 2.0 qui ont pour but : d’étendre les capacités humaines et des logiciels déjà présents. Quasi tous les domaines d’activité sont touchés par l’IA. C’est un vivier de technologies que l’on pourrait qualifier de grosse boîte à outils. Nous sommes bien évidement dépassés par les capacités des machines sur plusieurs plans (mémoire, stockage…), dans d’autres, nous restons les maîtres (émotions, langage, raisonnement, agilité physique…). Il n’en reste pas moins que l’IA est partout :
Une quantité phénoménale d’entreprises actent tous les jours dans le domaine de l’IA, que ce soit en France où à l’internationale. Voici quelques exemples de groupes français :
En terme d’innovation, tout ne pourrait pas fonctionner comme prévu. La dimension d’incertitude est grande. Les innovateurs sont des gens qui sont capables de faire des paris technologiques et scientifiques qui relèvent bien souvent de l’impossible. La vie est un risque perpétuel et les entrepreneurs innovants font partie de ceux qui opèrent de manière significative sur nos sociétés, en apportant un savoir faire spécifique qui relève de l’imaginaire. C’est au moment où nous sommes capable d’affirmer une vérité scientifique que les entrepreneurs sont en mesure de mettre en pratique les avancées technologiques au cœur de nos sociétés. Sans risque, sans nos recherches scientifiques et sans nos capacités d’innovation, qu’en serait-il de l’humanité ? Aurions-nous été capable de dépasser l’âge de pierre ?
Prenons le risque de l’innovation !
Dans le domaine des voiture autonomes, un concours de recherche a été lancé en 2005 par la DARPA. A l’époque, le projet était délirant. La première voiture qui est sortie de ce concours roulait seulement 10 à 30 secondes. Aujourd’hui, nous savons faire un trajet de plusieurs dizaines de minutes de manière autonome et semi-autonome. Le problème n’est plus réellement de savoir si l’on va réussir à adopter ces nouvelles technologie, mais plutôt sous combien de temps vont-elles être éligible sur nos territoires. Doit-on céder à l’innovation de manière lente, ou plus radicalement ?
Olivier a proposé une solution à l’état sur la question des voitures autonomes. Il s’agit d’un appelle d’offre piloté par l’état, qui proposerait à des villes de tailles intermédiaires pour être candidat à l’essai sur le terrain de l’utilisation de véhicules totalement autonomes. Affaire à suivre… Toujours est-il que nous sommes dans une phase de « méta Deep Tech » dans le domaine. On est dans une modification profonde de la structure de nos société via ce type d’avancée technologique. Un nombre considérable d’entreprises ou de secteurs d’activités en seront impactés. Imaginez ne plus avoir de véhicules personnels et que ce soit des structures de services qui gèrent vos déplacements. De même, la manière de construire structurellement nos ensembles urbains va changer. Le tsunami des voitures autonomes pourrait bien faire basculer nos villes dans une idéologie futuriste visible de tous. Beaucoup de choses vont changer :
Questions du public : (50ème minute)
Qu’est-ce qu’un ordinateur quantique ?
C’est un ordinateur qui est capable de tester énormément de procédés combinatoires en même temps dans des proportions délirantes, à la différence d’un ordinateur classique qui travaille chronologiquement, opération par opération.
Je sais qu’il existe une IA forte et une IA faible. La recherche va s’orienter du côté de la forte, ou bien la faible peut- elle suffire ?
L’IA forte est un mythe. Ce serait une intelligence universelle capable de tout faire. En réalité, ce qu’on appelle l’IA est un mélange de beaucoup de chose. L’IA est anthropomorphique et biaisée par notre propre interprétation aujourd’hui. Celle du future le sera à mon sens moins. Notre défit à nous c’est de bien connaître cet outils et de savoir être créatif pour l’exploiter. Il vaut mieux avoir cet état d’esprit, plutôt que d’avoir peur de l’outils en lui même.
Ayez confiance et n’ayez pas peur du futur !
BONUS
Pour aller plus loin:
Opinions Libre – Le blog d’Olivier Ezratty
Captation vidéo par Damien Caillard, synthèse écrite et montage vidéo par Alexis Echegut