Lionel Karim Ona est le Président d’Afrik’Horizons qui, chaque année, organise le Grand Gala de l’Excellence, pour célébrer les talents de la diversité auvergnate. Il est très engagé et actif pour valoriser les talents et créer des passerelles entre univers, et ce depuis 2009. La soirée du Club Ebène, nouveau réseau d’entrepreneurs, partageait la même ambition. Elle a désormais un rythme, ce sera tous les 2èmes jeudis du mois et un lieu, le club qui porte désormais le même nom (ex Usine club Afro). Ce lieu, dont les murs appartiennent à Hugo Kasperski, ancien boxeur, est désormais géré par Lionel Ona et ses associés. Une nouvelle vie d’entrepreneur pour lui aussi. A travers deux pitchs d’entrepreneuses et une large circulation de micro, l’objectif de la soirée était de créer des liens, de faire réseau, de valoriser l’initiative. Et c’est plutôt très réussi.

Hugo Kasperski interviewé par Lionel Ona en a profité pour partager son expérience et délivrer quelques conseils d’entrepreneurs, avec beaucoup d’humilité.

Hugo Kasperski : ce que la boxe apprend à l’entrepreneur

Ancien boxeur professionnel, Hugo Kasperski a construit sa seconde vie loin des rings. Après une carrière sportive qu’il savait courte, il a investi ses gains dans plusieurs affaires, dont la chaîne « Degriff’moto », aujourd’hui en croissance rapide. Sans diplôme ni parcours scolaire confortable, il dit souvent que le sport a été pour lui un réel « ascenseur social ». La suite, il l’a fabriquée à force de travail, d’audace et de choix assumés.

De la boxe à l’entreprise : une transition préparée

Hugo Kasperski n’a jamais compté sur la durée d’une carrière sportive. Très tôt, il met de côté ses revenus et entre dans le monde des affaires : une boîte de nuit, puis un premier magasin « Degriff’moto ».
L’enseigne se déploie aujourd’hui dans plusieurs villes : huit magasins déjà ouverts, un projet à Lyon en préparation et près de 30 salariés. Il ne cache pas que sa progression repose aussi sur une lecture fine du marché : dans certaines galeries commerciales désertées, il négocie des loyers très bas en proposant un concept solide plutôt que de laisser les locaux vides. Face aux grands acteurs du secteur, il revendique sa place : petite entreprise, mais volonté intacte.

Une anecdote de financement qui dit beaucoup

Son parcours entrepreneurial est aussi ponctué de contournements créatifs. Un jour, pour financer un bâtiment d’un million d’euros destiné à devenir une boîte de nuit, il présente… un projet de restaurant aux banques. Le prêt accepté, les travaux lancés, il dépose ensuite les statuts de la vraie activité et change le code NAF. Quand la banque s’en étonne, il répond simplement qu’il remboursera comme prévu. Pour lui, le message est clair : un « non » n’est pas une fin de partie. Il faut parfois trouver une autre porte d’entrée.

Ce qu’il retient de son parcours : six conseils pour entreprendre

Au fil de l’échange, Hugo Kasperski concentre son discours sur ce qui, selon lui, fait vraiment la différence quand on se lance. Ses conseils sont directs, presque bruts, mais ils traduisent son expérience.

  • Croire en son projet avant que les autres y croient

La boxe lui a appris une règle : rien ne se fait sans conviction. Pour entreprendre, il faut être le premier à miser sur son idée. Le reste — le métier, les réseaux, les origines, les croyances — compte moins que l’implication.

  • Ne pas écouter ceux qui n’ont jamais essayé

Il observe que beaucoup donnent des avis négatifs… sans avoir créé quoi que ce soit. Pour lui, mieux vaut écouter quelqu’un qui a déjà avancé un peu, même modestement, qu’un proche convaincu que « c’est impossible ».

  • S’entourer de gens qui vous font grandir

 Son directeur était plombier de métier, mais son état d’esprit, sa capacité de travail, sa manière d’appréhender les challenges en ont fait un appui précieux et complémentaire pour Hugo. Ils ont ouvert six magasins ensemble en un an, portés par une logique simple : « on fait, et on avance ».« On est plus fort avec quelqu’un qui s’additionne qu’avec quelqu’un qui se soustrait. » Il invite à chercher des partenaires meilleurs que soi, à écouter les compétences autour de soi, et à jouer la carte de la diversité — sociale, professionnelle, culturelle. Il considère la France comme une vraie chance de ce point de vue.

  • Accepter d’avoir “un petit grain”

Pour lui, entreprendre suppose une part de folie : se lancer, parfois sans avoir toutes les réponses, et gérer les problèmes quand ils arrivent. « On y va, et on fera au mieux ». Pas d’inconscience, mais du courage.

  • Travailler plus que les autres

Hugo Kasperski revient souvent sur ce point : pas de secret. Le travail est, selon lui, la variable qui écrase toutes les autres. La réussite n’a rien de magique.

  • Choisir les bons conseillers

Il encourage les jeunes entrepreneurs à poser leurs questions à des professionnels — comptables, entrepreneurs, experts — plutôt qu’à des proches qui peuvent, par peur ou par affection, dissuader.

Une vision simple : faire grandir les autres

Hugo Kasperski termine avec une phrase qui résume bien sa trajectoire : il n’est « pas un extraterrestre », juste quelqu’un qui a saisi les opportunités, travaillé sans relâche et toujours pensé qu’on ne progresse pas en essayant de « garder les autres petits », on ne progresse qu’en les aidant à grandir.