L’étincelle! Voici le nom du nouvel espace de coworking de l’Atrium de Vichy. A l’occasion du lancement de ce nouveau tiers-lieu le 18 décembre dernier, Faustin Falcon, président de Pêcheur.com est venu apporter son expérience, et échanger autour de la transformation sociale dans l’entreprise devant un auditoire nombreux…
-
- Intervenant de ce jour:
Faustin Falcon, président de Pêcheur.com
- Intervenant de ce jour:
Synthèse de la présentation
Aux origines de Pêcheur.com
Avant de devenir une boite, Pêcheur.com est avant tout un site, lancé en 2000. C’est l’histoire de deux beaux frères qui se réunissent autour de la passion de la pêche… Le projet est mené sur la base d’heures de travail extra-professionnelles et ne possède pas d’ambition d’entreprise au départ. Mais voilà, le projet “en roues libres” rencontre petit à petit un certain trafic sur la toile et attire l’attention de ses créateurs: N’y aurait-il pas un business à monter?
Pêcheur.com s’est ainsi retrouvé au pied du mur. Il est devenu nécessaire de se poser les bonnes questions et de s’entourer des bonnes personnes pour évoluer. Les créateurs de la plateforme décident alors de se rapprocher de professionnels au profil commercial. Sans business model, sans capacité réelle de financement, la recherche d’associés se révèle comme la meilleure option. L’aventure start-up est en route…
L’aventure start-up: entre crises, pivots et pacte social
En 2004, l’entreprise se lance, et génère ses premiers chiffres d’affaires. Le pari est audacieux mais acté: Pêcheur.com relève le défit de vendre des cannes à pêche sur le net. A cette époque, le groupe n’est pas encore rentable et ne possède pas les fonds nécessaires. Vient alors la question de l’accélération, du marketing, et du développement. Pêcheur.com décide de se risquer à la levée de fonds auprès des Business Angels. Ce sont à ce jour les seuls fonds levés par la société. Ils ont ainsi permis à Pêcheur.com d’acheter les compétences nécessaires dans le but de maximiser l’efficacité de leurs actions sur le marché.
C’est en 2007 qu’intervient Faustin Falcon auprès du groupe afin de prendre en charge le Web Marketing. Salarié, Faustin se rend compte dès son arrivée que le “pacte social” de sa nouvelle équipe n’est pas clair. Comment partager la valeur créée au sein du groupe? Quelle doit être l’épaisseur de l’enveloppe réservée à l’achat de compétence? Bien que Faustin fasse partie intégrante du plan d’achat de compétences sous ses qualités de “web marketeur”, la question des objectifs reste encore à définir.
En 2009, Pêcheur.com rencontre sa première crise. Les associés du départ ne se retrouvent pas dans les ambitions des nouveaux arrivants. Quand certains souhaitent quitter l’aventure, d’autres “s’éclatent” et ont le désir de développer l’entreprise. C’est dans ce contexte que Faustin se voit revêtir la casquette de Directeur Général auprès de Olivier Bernasson, pilier fondateur du groupe. Faustin voit son salaire augmenté, et l’entreprise est en route vers une considération certaine en termes de plus-value.
C’est ainsi qu’entre en jeu Décathlon en 2011. Pêcheur.com gravit les échelons aux côtés du grand groupe industriel. La petite start-up aux ambitions modestes devient une “grande boîte”. Cependant, ce nouveau statut met le groupe face à de nouvelles problématiques opérationnelles et managériales. Dans le même temps, la boîte connaît des problèmes économiques certains; dans le sens où elle ne remplit pas les objectifs induits par sa nouvelle place sur le marché. L’entreprise marque un coup d’arrêt, et commence à perdre de l’argent…
Pour Pêcheur.com à ce moment, se développer rime avec recherche de compétences, et une réelle sortie de sa zone de confort. Seulement, en 2015 Décathlon prend ses distances et se détache de la start-up. La peur s’installe dans l’entreprise et la tension humaine est omniprésente. Des fondateurs quittent le navire et Faustin réfléchie à une stratégie nouvelle. Le but est permettre à l’entreprise d’attirer des acheteurs, tout en considérant le nouveau pacte social.
Un nouveau souffle
Le pacte social est refondu suivant plusieurs points stratégiques:
1. L’entreprise est “dessilotée”. La hiérarchie est cassée et les titres n’existent plus au sein du groupe. Les liens de subordination sont dissous et les relations entre collaborateurs, salariés et clients évoluent. Seule subsiste une gouvernance suivant trois pôles: logistique, informatique, commerce. Chacun de ces pôles comportent plusieurs métiers. Des leaders de pôles sont présents pour définir la stratégie à adopter. Trois autres leaders transverses (client, humain, innovation) agissent en parallèle de manière trimestriel afin d’analyser les stratégies en places et envisager ou non d’éventuels pivots.
2. La politique salariale est modifiée. La responsabilisation de tous est réévaluée, et ce, aussi bien sur des sujets professionnels qu’humains. Le salarié n’est plus dans le confort de l’attente de recevoir un ordre quelconque. Des primes de performances sont instaurées afin que le leadership de chacun soit récompensé.
Exit la hiérarchie, et place aux potentiels leaderships des différents membres. L’ensemble des collaborateurs travaillent suivant un même objectif, mais chacun choisi la place qu’il souhaite prendre, ainsi que le degré de leadership qu’il souhaite partager. De ce fait, les récompenses financières fluctuent suivant le rôle de chacun, sous l’évaluation du reste des collaborateurs. Cette même évaluation est remise en jeu chaque année. De cette manière, les membres peuvent envisager évoluer dans l’entreprise suivant leurs capacités, leurs désirs et leurs propres ambitions
3. Le dialogue social de l’entreprise est au service du remaniement du pacte social chaque année; cinq thématiques sont choisies pour les neuf mois à suivre. En retour du travail sur ces thématiques, l’ensemble des collaborateurs choisissent le plan d’action par un référendum d’entreprise. Un mode opératoire “démocratique” est ainsi instauré au sein du groupe et chacun peut se responsabiliser face à l’évolution même du pacte social.
Une refonte qui porte ses fruits!
Suite à la modification du pacte social de l’entreprise, le groupe n’a jamais connu de progression financière aussi importante. La société fait plus, avec autant, voir moins, et le salaire moyen dans l’entreprise a fortement augmenté: à hauteur d’environ 200€ brut par personnes en moyenne. De plus, les profils leader ont une variable de salaire importante.
Cela induit une certaine protection entre les membres de l’équipe. En d’autres termes, quand l’entreprise est en bonne santé, les leaders voient leurs salaires évoluer à la hausse proportionnellement à leur potentiel leadership. Au contraire, quand l’entreprise connaît des moments difficiles, ces même leaders se rapprochent des non leaders en minimisant leurs propres primes, sans impacter l’enveloppe de ces derniers.
Conclusion
Aujourd’hui, Pêcheur.com est un groupe de 50 personnes qui connaît des résultats satisfaisants. Apprendre à collaborer en masse peut se révéler comme étant une grande force dans l’entreprise. La logique pyramidale, dé-responsabilisante suivant les strates, n’est pas le modèle adéquat selon Faustin Falcon. Il serait préférable de penser le pacte social sur le long terme et mettre l’action sur les relations humaines, et ce, en faisant place aux potentiels et ambitions de chacun. Cette réflexion, accompagnée de l’acceptation des changements structurels se révèlent comme le ciment d’un développement solide de l’entreprise.
Il est aussi question de savoir-faire… L’expérience de Pêcheur.com ne peut se vanter d’avoir abouti à un modèle social transposable aux autres entreprises. Le pacte social est propre à chaque organisation. Ce qui est bon pour un groupe, ne l’est pas forcément pour un autre. Pêcheur.com illustre cependant la concrétisation entrepreneuriale d’une idée. La passion de la pêche fait aujourd’hui partie de la start-up nation.
Pour en savoir plus
Atrium de Vichy
L’étincelle
Faustin Falcon
Pêcheur.com
Captation, montage vidéo et article réalisés par Alexis Echegut.