C’est un vrai passionné de cinéma. Il n’y a qu’à voir sur les réseaux sociaux le rythme effréné avec lequel il note des films en débattant avec d’autres aficionados.
A l’heure du numérique et du tout vidéo, il propose son regard poétique sur les enjeux du XXIème siècle.
Atypique, son parcours lui a permis d’être en contact avec des cultures et des mondes différents. Aujourd’hui, il exerce son talent sans filtre. Rencontre avec Hubert Samain et son physique d’acteur de thriller.
En tant que vidéaste et passionné de cinéma qu’est ce qui te touche avant tout, les belles images grâce à la technique ou plutôt les belles histoires ?
Ce que j’aime à travers les films ou les documentaires c’est avant tout de découvrir de nouveaux univers, de nouvelles atmosphères. Je regarde un peu de tout, je ne me mets pas de barrière.
C’est de cette manière que j’alimente ma culture de l’image. Je pense que l’on n’invente rien aujourd’hui en tant que cinéaste et vidéaste mais on se réapproprie certains concepts et certaines approches. On imprime et ensuite on exprime à sa manière.
Depuis la naissance de l’Art tous les artistes ont d’abord appris de leurs contemporains ou prédécesseurs.
Donc tu ne penses pas que pour innover il faut nécessairement casser les codes. On peut être original en se réappropriant les méthodes et techniques des autres ?
Au final on n’invente pas on réinvente sans cesse. Tarantino n’a rien inventé mais il s’est réapproprié le cinéma des années 60/70 que ce soient les western spaghettis / les films de blaxpoitation. Il s’en est servi pour inventer son propre style et raconter de nouvelles histoires.
Au final on n’invente pas on réinvente sans cesse.
Qu’est ce qui t’émerveille…. ?
Le cinéma de Sergio Leone m’émerveille beaucoup ou encore le cinéma de science-fiction avec Blade Runner par exemple.
Et puis il y a Kubrick, il est incontournable. Je pense qu’en treize films, il a balayé un bon nombre de sujets sur l’Homme et l’Humanité. Toute sa filmographie est un excellent cours de cinéma.
Tu te définis comme vidéaste. Qui y a t il derrière ce mot ?
Vidéaste ? Bonne question. Mon objectif premier c’est de mettre en valeur les hommes et les femmes qui portent des projets. Les présenter en mettant l’accent sur le côté humain.
Peut-être que j’essaie humblement d’apporter un regard poétique sur les choses.
Par exemple, là, juste maintenant, il y a cette jeune fille qui promène son chien. J’imagine toutes les histoires que je pourrais raconter avec la même image. En ajoutant une musique par exemple, on change le sens de la scène.
Tu n’as pas toujours été vidéaste, peux-tu parler de ton parcours atypique ?
J’ai toujours été attiré par le cinéma. Je suis rentré au lycée en prenant l’option cinéma. J’ai appris à connaître l’Histoire du Cinéma à travers a comédie américaine des années 50/60, le cinéma japonais, la nouvelle vague, les mangas, le muet, Hitchcock. C’est là qu’a débuté mon éducation cinématographique.
Déchiffrer les codes et ne plus rester un simple spectateur. Comprendre, analyser les intentions. Pourquoi des gens choisissent de filmer de telle ou telle manière et quels messages ils veulent faire passer. C’est important de savoir ce que l’on va dire avant de le dire.
Après le bac j’ai voulu intégrer un BTS audio-visuel, ce que je n’ai pas pu faire faute de bac généraliste. On m’a orienté vers un BTS communication des entreprises.
J’ai tenu un an. On m’a ensuite conseillé d’intégrer une fac de cinéma. Ce n’est pas ce que je souhaitais faire, je ne m’en sentais pas capable.
Le défi à relever était trop grand ? Qu’as tu fais ensuite ?
Derrière, il a fallu faire face aux réalités financières et je suis rentré très vite dans la vie active. J’ai fait de l’interim en Bretagne parce que je suis breton d’origine il ne faut pas l’oublier.
Je suis ensuite parti un an et demi à Londres, et j’ai appris le métier de cuisinier là-bas. Je n’avais aucune expérience là-dedans, mais je l’ai fait.
Parallèlement j’ai été aussi photographe, guide touristique, j’ai aussi fait des sushis.
Je suis rentré en France et après quelques mois j’ai trouvé un CDI dans le bâtiment, dans la rénovation de châteaux et manoirs. J’ai fait ça pendant 5 ans.
Et donc tu as oublié le cinéma pendant toutes ces années ?
Jamais. Pendant cette période j’ai pris le temps de faire une escapade de trois mois à Los Angeles. C’était un rêve de gosse, je voulais absolument intégrer une équipe de tournage. J’ai trouvé une équipe de professionnels qui tournait un court-métrage et j’ai réalisé leur making-off. Un petit bout de rêve hollywoodien mais un peu à « l’arrache ».
Ça m’a mis des paillettes dans les yeux. J’ai pu croiser plein de stars dans leur quotidien, Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone, Sharon Stone, Cristina Ricci, Coolio, Jay-Z et bien d’autres.
J’ai écumé le monde du cinéma. Pendant un bref moment, j’ai pensé qu’en restant là-bas je pouvais arriver à quelque chose. Au final j’ai choisi d’être raisonnable. Je suis retourné France et j’ai repris mon travail dans la rénovation.
Et quand survient le déclic ?
La liquidation de mon entreprise a été prononcée et ça a été l’occasion de me poser vraiment la question de ce que j’allais faire.
J’ai décidé de faire une formation dans l’audiovisuel pour me remettre en peu le pied à l’étrier. Les techniques ont évolué tellement vite. A la fin des années 90 j’avais débuté les montages avec les VHS, Lumatic, le montage en cassette, et là tout était désormais numérique. Il était grand temps de se remettre à la page.
Nous avons débarqué à Issoudun et j’ai débuté une formation de huit mois, cinq jours après la naissance de ma fille. Ensuite, nous sommes repartis en Bretagne et j’ai commencé quelques petites prestations vidéos en empruntant du matériel à gauche et à droite. Ça a commencé à porter ses fruits.
Marianne, ma compagne a eu une proposition de poste qui nous a fait déposer nos valises à Clermont-Ferrand. Et je suis arrivé à Epicentre.
C’est donc là que débute réellement l’aventure clermontoise ?
Exactement. J’ai rencontré de super personnes, et de fil en aiguille j’ai évolué, développé mon réseau, mon activité a pris de l’ampleur.
Je me suis associé dans une boite de production, ce qui m’a permis de confirmer la valeur mon travail.
Depuis je réalise des documentaires, retours sur évènements, des courts-métrages.
Où et comment travaille Hubert Samain le vidéaste ?
J’ai la chance grâce au réseau de travailler sur recommandation. Le site est prêt, reste des ajustements. Au fait, maintenant c’est Oxygene Productions Audiovisuelles.
Je constate que les sujets sociétaux prennent une place de plus en plus importante dans mes productions. Montrer les actions menées par des associations. Mettre en lumière les dynamiques sociales qui apportent des solutions à des publics fragiles.
Je veux susciter l’intérêt et l’émotion. Je veux créer des vocations, donner envie à d’autres de se réveiller et d’agir.
Par exemple, avec le projet Atout Age qui proposait des ateliers créatifs aux seniors, je voulais que les élus, les citoyens puissent voir ce qui se passait sur leur territoire. C’est mon côté un peu idéaliste, faire ma part pour changer le monde.
Apporter un peu de poésie dans le quotidien. Mon credo c’est un regard, votre image.
Apporter un peu de poésie dans le quotidien. Mon credo c’est un regard, votre image.
Atout Age initié par un CCAS est un projet important pour toi. On sent de la fierté et de l’émotion lorsque tu l’évoques. Pourquoi est-il si spécial ?
En passant des moments avec les seniors ça m’a rappelé ces instants de complicité que j’avais avec mes grands-mères. C’était une façon de leur rendre hommage. Les ateliers ne sont qu’un prétexte. C’est avant tout pour permettre des moments de partages.
Le grand âge est un enjeu sociétal majeur. On vit de plus en plus longtemps, c’est bien et après ?
Beaucoup sont encore autonomes, d’autres plus dépendants mais pourtant ils partagent tous la même envie de faire partie intégrante de notre société.
Ils n’ont pas tous une âme d’artiste mais pourtant ils se révèlent à créer des choses. Ils étaient les premiers étonnés de découvrir qu’ils étaient capables de produire une œuvre, de faire du hip-hop.
A travers le film, j’ai voulu montrer cette fierté retrouvée. Nous rappeler à toutes et à tous que les personnes âgées ont encore une place et un rôle à jouer.
Le projet a pour objectif de prévenir la perte d’autonomie en proposant des ateliers artistiques autour des thématiques du corps, de la mémoire, des souvenirs, du partage et de la transmission. Le projet est à destination des personnes âgées de plus de 60 ans autonomes (vivant à leur domicile). Six artistes interviendront en danse, dessin, graffiti, reliure, conte et carnet de voyage autour du thème « Empreintes et souvenirs ». (source : Appuy-Culture)
Notre dossier spécial traite des Industries Culturelles et Créatives. En réalisant notre micro-trottoir on se rend compte que la valeur « financière » est mal perçue. Que penses tu de ce clivage que l’on trouve parfois entre le monde du cinéma et celui des vidéastes qui réalisent des prestations pour des clients ?
Je pense que la clé c’est de donner un sens à ce que l’on fait. A partir du moment où ce que tu fais parle aux gens, peu importe la manière dont il a été financé. Aujourd’hui en vidéo tout le monde peut faire des belles images, mais des images qui ont du sens et qui touchent, ça demande beaucoup de travail. C’est mon métier et c’est ce que j’aime faire.
Aujourd’hui lorsque l’on me sollicite, on me dit « on a vu votre travail, ça nous plait c’est avec vous que l’on veut travailler ». La question financière est traitée immédiatement, une fois traitée, elle devient annexe, on peut commencer à travailler.
Au-delà de l’argent c’est une complicité qui s’instaure entre le client et moi car nous avons un objectif commun : parvenir à faire passer un message.
Des succès en 2019 ?
J’ai travaillé en tant que directeur de la photographie sur un film musical intitulé Love Kills qui a été sélectionné sur la plateforme pro au Festival du Court-Métrage de Clermont de cette année, pas mal hein ? (rires)
Des nouveaux projets pour le deuxième semestre 2019 ?
Plein de choses dans le pipeline, peut-être des projets de courts métrages, de festivals, des pistes à l’étranger…
Si tu devais réaliser un film quelle histoire voudrais tu raconter ?
J’ai en tête depuis longtemps l’envie de réaliser un long métrage. Je ne veux pas trop en dire mais ça tournerait autour de l’impact des évènements historiques sur la trajectoire d’un individu. Voir cette évolution sur plusieurs générations. Voilà je ne dévoilerai rien de plus sur le sujet, c’est beaucoup trop tôt et ce n’est pas pour demain.
Dernière question. Si ta vie était un titre de film ce serait quoi ?
Yes man !
Résumé/sommaire de l’article (cliquez sur les #liens pour accéder aux sections)
- #Influences : J’ai appris à connaître l’Histoire du Cinéma à travers a comédie américaine des années 50/60, le cinéma japonais, la nouvelle vague, les mangas, le muet, Hitchcock.
- #Vidéaste : Mon objectif premier c’est de mettre en valeur les hommes et les femmes qui portent des projets. Les présenter en mettant l’accent sur le côté humain. J’essaie humblement d’apporter un regard poétique sur les choses.
- #Parcours : Après le bac j’ai voulu intégrer un BTS audio-visuel, ce que je n’ai pas pu faire faute de bac généraliste. On m’a orienté vers un BTS communication des entreprises. J’ai tenu un an. Je ne me sentais pas les épaules pour faire une facture de cinéma et je suis entré dans la vie active dans un secteur qui n’avait rien à voir : la rénovation de châteaux et de manoirs.
- #Passion : Je constate que les sujets sociétaux prennent une place de plus en plus importante dans mes productions. Montrer les actions menées par des associations. Je veux susciter l’intérêt et l’émotion. Je veux créer des vocations, donner envie à d’autres de se réveiller et d’agir.
- #Fierté : le projet collaboratif Atout-Age autour de l’artistique et des seniors. J’ai aussi travaillé en tant que directeur de la photographie sur un film musical intitulé Love Kills qui a été sélectionné sur la plateforme pro au Festival du Court-Métrage de Clermont de cette année
- #Projets : Plein de choses dans le pipeline, peut-être des projets de courts métrages, de festivals, des pistes à l’étranger…un long-métrage…plus tard