Par Damien Caillard
Avec Cindy Pappalardo-Roy
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Discret, mais efficace. Depuis 10 ans, Openium œuvre depuis La Pardieu sur le développement d’applications mobiles. 10 ans ? Juste avant la naissance de l’iPhone, en fait. Historiquement, cela fait d’Openium l’une des dix premières sociétés de développement mobile en France. Depuis 2007, la petite SSII est devenue une belle PME d’une quinzaine de collaborateurs, a tissé de nombreux partenariats sur le territoire en misant sur la simplicité et la confiance. Entretien avec Hugues Peytavin, co-fondateur d’Openium avec Olivier Goutet et Richard Bergoin.
On entend relativement peu parler d’Openium dans l’écosystème d’innovation …
Vis à vis de l’écosystème [local], nous sommes plus dans la discrétion. Openium était longtemps axé sur le national, avec beaucoup de clients dans l’Est, les Alpes, la Rochelle, mais nous souhaitons désormais être plus présents sur notre région. Maintenant que nous avons atteint une taille critique intéressante, on se lance dans des projets collaboratifs, par exemple avec le cluster Innovatherm. Cela dit, nous voulons être plus présent sans être omniprésent : il faut d’abord déterminer ce qui semble intéressant, puis s’y impliquer. La dynamique de l’écosystème est bien si elle permet de faire émerger de nouveaux porteurs de projets. La clé est de rester efficient.
Pourtant, Openium est une vraie réussite, en termes d’entreprise mais surtout de relationnel.
Notre ambition de départ était avant tout de se faire plaisir, à notre compte. Ne pas être dépendants. [Aujourd’hui,] les grands comptes privés viennent vers nous, car nous sommes un acteur local, de qualité et réactif, ça joue beaucoup. Nous sommes aussi reconnu pour notre relationnel facile !
Tu parles du côté humain d’Openium, c’est un marqueur de la boîte selon toi ?
Le côté humain peut être déterminant sur certains types de projets, par exemple quand on a des partenaires qui sont peu initiés au milieu du mobile, nous les accompagnons, les conseillons et cela les rassure. Cela fait partie de notre ADN. Nous pensons que la proximité avec nos clients permet de mieux comprendre leur problématique. Et ainsi d’être plus précis, efficace dans la réponse que nous leur apportons.
Ce côté humain existe aussi en interne, au sein des équipes, ça se ressent ! Nos 10 ans ont été l’occasion pour nous, de conforter l’idée de ce bon relationnel. On a eu la chance de compter sur la présence de nombreux clients, certains venant de loin. Cela permet de garder cette proximité avec eux et qu’ils rencontrent nos équipes dans un contexte plus festif.
10 ans, justement, c’est l’antiquité du mobile. Comment le projet est-il né ?
Nous avions déjà ce côté amical avec mes associés. En 2007, nous étions en seconde année d’école d’ingénieur, à l’ISIMA, et nous avons participé à la J.E.*. Ça s’était bien passé – on a même fait la meilleure année ! – et on s’est rendu compte qu’en bossant bien, le travail était reconnu.
« Nous pensons que la proximité avec nos clients permet de mieux comprendre leur problématique. »
En 2ème année de l’ISIMA, nous avons aussi eu des opportunités de contrats qui ne pouvaient pas être portées par la J.E. : par exemple, la gestion dématérialisée d’une déchetterie, avec une solution électronique permettant de gérer les accès, peser l’apport dans les containers avec une identification par badge RFID. Le but était d’éditer un rapport pour que les mairies puissent facturer aux professionnels les déchets déposés en fonction du poids et du type. Le projet n’a pas été publié, mais nous y avions passé beaucoup de temps tous les trois … et ça été l’étincelle. Du coup, en 3ème année, nous avons bossé sur Openium – la boîte venait d’être créée, en amont du projet sur la déchetterie. C’était notre premier client !
Vous vous êtes orientés très vite vers le marché du dev mobile …
Initialement, on faisait de l’électronique et du web, mais la concurrence était rude, et on n’avait pas assez de moyens. L’iPhone est sorti en 2007, les possibilités de développer avec le SDK** en 2008. Le mobile était un marché en création, on s’est lancé dessus. On fait partie des 10 premières agences mobiles nationales, et on en est fiers !
Le périmètre d’activité depuis, s’est étoffé : on fait du back office, on amène de l’expertise et du conseil en amont pour faire les bons choix stratégiques, on sait faire émerger les idées pour trouver de nouvelles solutions et avec plusieurs métiers. Par exemple, pour Michelin, nous avons organisé conjointement avec Symphonic, une journée durant laquelle une vingtaine de personnes (automobilistes, personnel Michelin, etc.) étaient réunies pour phosphorer autour des services liés à la sécurité de l’automobiliste.
Tu parles de Symphonic, c’est un exemple de partenariat avec Openium ?
Différents projets communs sur ces dernières années ont amené des partenaires autour de la table, comme Radar Technologies, Symphonic, les Pirates ou Exotic Systems. Nous nous sommes dit : avec une même philosophie entre les dirigeants, et une chaîne de fonctionnement efficace, pourquoi ne pas proposer un suivi global fait d’expertises dans chacun des domaines ? Nous sommes alors capable de suivre, de formaliser, de développer une idée ou un concept jusqu’à une pré-industrialisation. C’est là qu’est né le projet OVO avec Exotic Systems, les Pirates, Symphonic … et Openium. La chaîne de valeur est en place, il faut maintenant la marketer.
Cette proximité est quelque chose que tu cultives également à La Pardieu
Nous sommes arrivés en 2010 (après avoir été hébergés par l’ISIMA) à La Pardieu : on cherchait à sortir de l’écosystème universitaire car on était trop assimilés à des étudiants. On a eu l’opportunité d’acheter le bâtiment à plusieurs dont Bertrand Tabellion [président de l’Institut de la PME], via une SCI, plutôt que de le louer [directement].
« Le choix de nos locataires, c’est en termes de personnes, de feeling. »
Nous avons d’abord acheté 150 mètres carrés puis 150 supplémentaires il y a deux ans. Openium est locataire et nous louons les autres bureaux à des sociétés qui ont envie d’être dans la zone. Le choix des locataires, c’est en termes de personnes, de feeling. On souhaite que nos locataires nous ressemblent. Ça fait partie de l’état d’esprit des fondateurs d’Openium.
En septembre dernier, c’était les 10 ans d’Openium, une super fête au Casino de Royat. Comment se passeront les 10 années à venir ?
10 ans, c’est un pivot, dans le sens où nous ne faisions quasiment que du service. Maintenant nous souhaitons nous lancer dans des projets d’édition. C’est lié à une réflexion stratégique pour les 10 ans à venir, on ne veut pas être que dépendant du service, c’est toujours risqué. Et puis nous avons envie de mettre notre expérience au profit de projets innovants qui nous ressemblent. Du coup, la diversification nous semble importante.
Openium aura donc deux B.U.*** : une « service » et une « édition ». Et valoriser une expérience de 10 ans sur le développement tout en accompagnant les projets. Enfin, la R&D nous intéresse, notamment un projet mené après l’ISIMA sur la sécurité des applications et la confidentialité, en partenariat avec le LIMOS. Au final, nous avons toujours fonctionné par bouche à oreille, sur recommandation de nos clients, et nous mettons un point d’honneur à les satisfaire.
*Junior Entreprise
**Bibliothèque de développement mobile ouvert aux développeurs tiers
***Business Units
Pour en savoir plus :
le site d’Openium
Propos recueillis à la Pardieu, le 18 janvier 2018, mis en forme pour plus de clarté, relus et corrigés par Hugues et l’équipe d’Openium.
Crédits photos: Openium
Merci à Audrey Chabozy et à Julien Romanet
Résumé/sommaire de l’article (cliquez sur les #liens pour accéder aux sections)
- #Écosystème / Après avoir été axé sur le national, Openium se lance dans des projets collaboratifs sur le territoire. Mais cette présence montante dans l’écosystème se fait avec prudence. Avec un credo : la dynamique de l’écosystème est intéressante si elle permet de faire émerger de nouveaux projets.
- #CôtéHumain / Être un acteur local, de qualité et réactif, implique de mettre en avant le côté humain. Celui-ci peut être déterminant, quand par exemple Openium a des partenaires qui ne connaissent pas le milieu du mobile, afin de les rassurer. C’est donc une relation de confiance qui s’instaure ; et qui existe aussi en interne avec les équipes.
- #NaissanceDuProjet / En 2007, Hugues, Olivier et Richard terminaient l’ISIMA en ayant participé à la Junior Entreprise. Dans ce cadre, ils avaient eu des opportunités de contrats, comme la dématérialisation de la gestion d’une déchetterie pour les mairies. Ce fut l’étincelle qui donna naissance à Openium !
- #DevMobile / L’iPhone est sorti en 2007. Initialement, Openium se positionnait sur l’électronique et le web, mais la concurrence était rude ; le mobile était un marché en création, ils se sont lancé dessus. Le périmètre d’activité s’est depuis étoffé : la SSII propose désormais du back office, amène de l’expertise et du conseil en amont, et participe à l’émergence de nouvelles idées au sein des entreprises, afin de trouver de nouvelles solutions inter-métiers.
- #Partenariats / De nombreux partenariats se sont tissés sur l’écosystème, notamment avec d’autres entreprises partageant la même philosophie. Ce fut le cas avec l’agence les Pirates, Exotic Systems et Symphonic : c’est l’offre OVO, conçue pour proposer un suivi global fait d’expertises dans chacun des domaines (communication, objets connectés, collaboratif …) Les équipes sont alors capable de suivre, de formaliser, de développer l’ensemble d’un projet innovant, jusqu’au stade de la pré-industrialisation.
- #LaPardieu / 2010: Openium cherche à sortir de l’écosystème universitaire car la société était trop assimilé au monde étudiant. Elle a eu l’opportunité d’acheter un bâtiment à la Pardieu. Aujourd’hui, Openium y est locataire, mais sous-loue à de nombreux structures avec lesquelles elle ressent une vraie proximité.
- #10Ans / Les 10 ans de l’entreprise ont été fêtés en septembre dernier. C’est l’époque du pivot : Openium souhaite se lancer dans un projet d’édition. L’objectif est de se diversifier, de moins dépendre du service. Autre axe de développement, la recherche plus en amont, à travers un projet mené après l’ISIMA sur la sécurité des applications et la confidentialité.