Laure Prévault Osmani est DG de Sabi Agri qui ‘conçoit et fabrique des tracteurs et des robots électriques qui préservent les sols et replace l’agriculteur au centre de son travail’. Elle interviendra lors de la conférence prévue le 27 avril 2023, organisée par le réseau Femmes Leaders Mondiales, autour du sujet « Femmes & Numérique, la complémentarité des sexes ? ». L’occasion d’un petit questionnaire à la Prévert sur son parcours, ce qui l’agace, ce qui la motive … Tout comme l’ont fait les 3 autres intervenantes de la table ronde, Nathalie de Peufeilhoux, Alexandra Pinaud et Loïc-Marie Dalmas Reina.
Quel est ton job aujourd’hui ?
Je suis la cofondatrice de Sabi Agri. Avec Alexandre, nous avons constitué une équipe de 35 personnes, dont de nombreux métiers techniques. J’en assure aujourd’hui la direction générale et la question de l’égalité est au cœur de mes engagements et de mon management.
Qu’est ce qui te rend fière dans ton parcours ?
Avoir créé une entreprise dont les valeurs et le fonctionnement correspondent à mes convictions. Et aujourd’hui parmi mes engagements, la co-présidence femme-homme pour la nouvelle gouvernance de la French Tech, qui peut être un vrai levier d’action sur ces questions d’égalité.
Un moment où tu t’es dit « l’égalité, c’est pas gagné » ?
Quand je vois qu’on me laisse parler mais qu’on a du mal à imaginer qu’à la fin, c’est bien moi qui vais décider !
Au contraire, un moment où tu t’es dit « ahhhhhh l’égalité ça progresse » ?
Ce sont les femmes que je croise qui me font penser qu’on va dans le bon sens. Que ce soit dans le domaine professionnel ou personnel, voir que ces femmes prennent leur place, acquièrent leur autonomie, protègent leur liberté … c’est très inspirant. Le modèle traditionnel est fini. Le masculin neutre est dépassé. Il faut prendre conscience des biais du système et rechercher volontairement l’équilibre. Il n’y a pas d’égalité des chances s’il n’y a pas de soutien de ceux, celles en l’occurrence, qui doivent trouver leur place dans une société androcentrée. On nous a longtemps fait comprendre où était notre place (et où elle n’était pas).
Tu interviens lors de la conférence, quel(s) message(s) souhaites-tu faire passer ?
Mon combat, c’est la visibilisation des femmes.. Avant toute chose, il faut être conscient.
Conscient de la situation.
Par exemple, au niveau européen, seulement 2% des fonds disponibles vont à des projets portés par des femmes. 98% donc pour les hommes.
C’est pourquoi je pense qu’il faut compter partout, tout le temps. Et une fois qu’on a pu partager le constat, on peut trouver où agir.
Conscient de nos biais.
On peut constater que les femmes se vendent différemment que les hommes, elles peuvent faire preuve d’une sorte d’humilité et de volonté de ne pas “en rajouter”, ce qui peut dénoter ! C’est comme ça, il y a un héritage autour de la légitimité, du sentiment d’imposture… Mais une fois qu’on le sait, cela permet d’avoir une autre grille de lecture, quand on compare deux candidats par exemple.
Quelle est la chose qui t’agace le plus sur ce sujet ?
Le fait de penser qu’il n’y a rien à faire, que les choses sont comme elles sont. Je n’aime pas le sentiment que crée chez nous la question des quotas. Évidemment qu’on n’aime pas penser qu’on n’est pas là pour notre compétence. Mais pour autant, je pense qu’il n’y a pas d’alternatives. On a les compétences, à nous de créer l’espace pour les accueillir. Si on laisse les choses évoluer tranquillement à leur rythme, dans une norme masculine, alors on atteindra l’égalité dans 200 ans. Je voudrais accélérer les choses !
Un projet / initiatives autour de l’égalité homme/ femme que tu trouves vraiment bien sur le territoire ou ailleurs
Je pense que les femmes ont besoin de Role models. Je me suis engagée dans le programme European Female Founders qui veut agir à cette échelle pour renforcer l’entrepreneuriat féminin. On s’aperçoit que les problématiques rencontrées par les femmes en France sont tout à fait identiques en Europe.
On en discute le 27 avril, n’oubliez pas de vous inscrire ! C’est par ici.