Ainsi

Début décembre, A Cube proposait une soirée autour des « Liberatings Structures ».  Le Connecteur en a testé plusieurs avec les participants, certaines qu’il connaissait déjà et d’autres moins. Et comme d’habitude, il vous partage son expérience.

Cadrer pour libérer la  créativité

De quoi parle-t-on ?

Les Liberating Structures constituent un ensemble de micro-formats créés au début des années 2000 par Keith McCandless et Henri Lipmanowicz. Leur ambition était de proposer des alternatives simples aux formes de réunion les plus courantes souvent trop rigides ou, au contraire, trop désorganisées. Présentations descendantes, tours de table versus brainstormings ouverts qui favorisent quelques voix au détriment du groupe.

Le terme Liberating Structures renvoie à l’idée de structures qui libèrent. Libérer la participation, libérer la créativité, libérer les points de vue minoritaires. Tout en s’appuyant sur un cadre clair. L’objectif est de créer des conditions où chaque personne peut contribuer, même dans un groupe large, sans se sentir dominée par l’organisation, par l’expertise ou par la hiérarchie.

Les deux auteurs ont sélectionné et assemblé des pratiques issues de plusieurs disciplines : facilitation, management collaboratif, théâtre d’improvisation, sciences comportementales et méthodes d’innovation. Ils ont formalisé un corpus de 33 structures, chacune conçue pour un moment précis du travail collectif : clarifier une situation, générer des idées, hiérarchiser des pistes, explorer des tensions ou prototyper une solution.
>Ce chiffre de 33 correspond aux formats jugés suffisamment robustes, reproductibles et transférables à tout type de groupes, association, entreprise, service public ou équipe projet.

Leur force tient à trois éléments : des consignes très courtes, une mise en place possible en quelques minutes, et une progression pensée pour que l’intelligence collective se construise étape par étape, sans recourir à des outils complexes ni à une animation experte.

Trouver ses propres outils

Dans cette séance, quatre structures ont été expérimentées : Agree / Certainty Matrix, 1-2-4-Tous, 25/10 Crowdsourcing et Improv Prototyping. Elles couvrent quatre étapes essentielles du travail collectif : comprendre, explorer, sélectionner et mettre en action.

C’est un choix d’expérimentation fait par Anaëlle Guéguen qui animait cette séance, pour se prêter au type d’audience et au temps à consacrer à l’atelier, il en reste 29 autres à explorer pour se faire une idée et identifier leurs usages dans différents contextes : régulations d’équipe, démarches d’innovation, résolutions de problèmes ou accompagnements de transitions.
Elle confirme qu’un cadre simple et rigoureux peut transformer la dynamique d’un groupe et améliorer la qualité du travail collectif.

Une combinaison de liberatings structures

La séance imaginée par Anaëlle Guéguen pour Acube  débute par une phase individuelle.

1-2-4-Tous : faire émerger des idées de manière progressive

La structure suivante, 1-2-4-Tous, organise la réflexion en quatre séquences successives :

  • une réflexion individuelle pour identifier ses problématiques personnelles; Chaque participant, équipé de post it,  identifie une ou plusieurs situations problématiques/pesantes, issues de son quotidien professionnel.
  • puis, échange en binôme time boxé: le but est là de clarifier sa formulation, formuler les implicites, s’assurer d’être compris
  • enfin, (nous étions des groupes de 4, sinon, il y aurait eu un tour de plus avant d’arriver à ‘Tous’), discussion en groupe pour partager une problématique pour chaque participant, brièvement et clairement grâce à la séquence précédente de clarification.

Ce format favorise une participation équilibrée et une montée en précision progressive. Il évite la domination d’un petit nombre de voix et permet de faire apparaître des questionnements parfois inattendus qui peuvent déjà constituer une première de contribution du groupe : aider à regarder sa problématique avec un autre regard.

Agree / Certainty Matrix : clarifier les tensions et les interprétations


>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>La Agree / Certainty Matrix permet ensuite de classer ces situations selon deux axes : le niveau d’accord entre les personnes concernées et le degré de prévisibilité/ certitude sur la manière de répondre à la problématique. Est elle simple, compliquée, complexe ou carrément chaotique
Cette mise à plat distingue les difficultés liées à des éléments objectifs de celles qui relèvent de perceptions divergentes.
L’exercice conduit à une compréhension plus fine des irritants et prépare des discussions plus structurées.

25/10 Crowdsourcing : évaluer la désirabilité des propositions

25/10 Crowdsourcing est un dispositif de contribution rapide.
Chaque problématique est inscrite sur une fiche. Tous les participants sont en cercle, la fiche va circuler de mains en mains, chacun notant une idée/piste de solutions. Le cycle se répète plusieurs fois. Viens ensuite la phase de notation, la fiche circule 5 fois, et chaque participant donne une note aux propositions émises (de 1 à 5). La note maximale est donc de 25
La somme des notes produit un classement spontané des propositions jugées les plus pertinentes ou motivantes.
Ce mécanisme limite l’influence des statuts ou des personnalités et fait ressortir les pistes ayant un fort potentiel d’adhésion.

Improv Prototyping : donner une forme tangible aux idées

La dernière structure, Improv Prototyping, invite les groupes à transformer une idée en ébauche d’action.
>À partir d’une proposition issue du 25/10, les participants créent un prototype improvisé sous forme de courte scène, de geste ou de simulation.
Cette approche oblige à rendre l’idée concrète et à tester rapidement sa cohérence.
Elle mobilise l’intuition, la créativité et la capacité d’interprétation, trois dimensions souvent négligées dans les réunions classiques.

Ce que révèle l’enchaînement de ces quatre formats

L’expérimentation met en lumière plusieurs effets structurants :
– une participation réellement partagée.
– une circulation équilibrée des idées.
– un exercice de clarification efficace.
– une sélection rapide des propositions à fort potentiel.
– une transition fluide entre réflexion, choix et expérimentation.

Utiles pour améliorer la qualité des échanges, accélérer l’identification des solutions, réduire les malentendus, favoriser la coopération!

(*) A Cube est une association clermontoise  animée par une communauté de bénévoles. Ainsi, chacun propose ses sujets, la programmation se construit de manière collaborative autour d’un fil rouge : ile.</span> Son mode de fonctionnement est basé sur la pratique, l’expérimentation, … la prise en main de méthodes et outils intégrables à ses pratiques professionnelles. Une façon d’élargir ses horizons, de tester des outils dans un environnement sans enjeu avant de les « importer » dans son univers professionnel.

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L’Elément Humain

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