« L’ESS tout le monde s’en fout » c’est l’url du nouveau site déployé par Le French Impact pour communiquer sur l’économie Sociale et Solidaire (ESS). Un brin d’humour ne nuit point, n’est ce pas ?
Novembre, c’est le mois de l’économie sociale et solidaire. On en profite donc. C’est d’ailleurs fait pour ça, les mois de ceci, les journées internationales de cela … pour intéresser les médias.
Et comme il faut aussi alimenter la réflexion, le French Impact a commandé une étude au cabinet Harris Interactive*. Le sujet ? « Les Français et leurs perceptions de l’Economie Sociale et Solidaire » (Téléchargez ici le rapport complet)
*Enquête réalisée en ligne du 26 au 28 octobre 2021. Échantillon de 1 085 personnes représentatif des Français âgés de 15 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et taille d’agglomération de l’interviewé(e).
En fait, sur le ton de l’humour, le French Impact entend détrôner quelques idées reçues à la peau dure.
Notamment l’idée que, globalement, l’ESS c’est le monde des bisounours. Et à côté, il y a l’économie. La vraie.
Mais d’après Harris Interactive, « les Français dressent un constat mitigé voir négatif du modèle économique actuel qui est jugé comme plus ou moins compétent pour répondre aux attentes sociales et économiques actuelles ».
Vous conviendrez que nous ne sommes pas sur LE scoop totalement déstabilisant. Ceci dit, l’étude a le mérite de mettre des chiffres sur des perceptions. Donc le modèle actuel n’est pas totalement satisfaisant, notamment en termes de justice sociale. Et le modèle entrepreneurial de l’ESS semble porteur d’espoir.
On connait le mot. De là à dire ce qu’il traduit …
Quand Harris Interactive interroge les Français sur les concepts d’ESS, d’innovation sociale etc « ils sont plus nombreux à connaitre le concept de « Transition sociale et écologique » (81% en ont déjà entendu parler) mais moins celui d’ «Innovation sociale » (61% déclarent en avoir déjà entendu parler). Concernant les Objectifs de développement durable (ODD) et l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), 73% des Français déclarent en avoir déjà entendu parler.
« Si la notoriété de l’ESS est plutôt bonne, seulement un tiers des Français indiquent voir précisément ce dont il s’agit. » D’ailleurs, le fait de connaître le concept est plutôt un marqueur d’appartenance à une catégorie sociale supérieure. Et le mot – mais là non plus, on n’est pas dans une grande découverte- charrie avec lui une image positive, dans le champs lexical de la solidarité et du social. Sans surprise non plus.
Et en vrai, alors, c’est quoi ?
En 2014, la loi Hamon a fixé le cadre réglementaire de l’ESS, basé sur 3 principes fondateurs:
- la gouvernance démocratique
- le partage de la valeur
- l’utilité sociale, c’est à dire la capacité à répondre aux grands enjeux sociétaux
5 objectifs sont affichés par le gouvernement de l’époque (La loi Economie sociale et solidaire)
- Reconnaître l’ESS comme un mode d’entreprendre spécifique
- Consolider le réseau des acteurs de l’ESS
- Redonner du pouvoir d’agir aux salariés
- Provoquer un choc coopératif
- Renforcer les politiques de développement local durable
Confiance : les médias et les pouvoirs publics ont du plomb dans l’aile
Pour soutenir et promouvoir les projets d’innovation, les Français identifient deux niveaux différents d’acteurs : les acteurs qui peuvent jouer un rôle et ceux dont le rôle reste à clarifier. Pour porter les projets d’innovation, plus des deux tiers des Français font confiance avant tout aux associations (74%), aux start-ups et jeunes entreprises (71%), aux citoyens (67%), et dans une proportion un peu plus faible, aux entreprises en générale (63%). Les pouvoirs publics (49%) et les médias (43%) n’apparaissent qu’en fin de liste, loin derrière les autres acteurs.
Un besoin de role model
En Auvergne, on connaît CocoShaker, l’incubateur d’entrepreneuriat social qui a notamment accompagné La Forêt des Arboris, dont on peut lire le témoignage sur la plateforme « ESS tout le monde s’en fout« .
On connaît aussi CISCA, relais local du French Impact.
Mais en fait, il y en a plein. Plus ou moins visibles, aux statuts variés : associations, coopératives, mutuelles, fondations et entreprises sociales dotées d’un agrément ESUS…
En fait, on peut se demander si ce que le Français a besoin de voir pour y croire vraiment vraiment et sortir de cette perception du petit pas, ce sont des vrais role models, c’est à dire pérennes, employeurs, avec une envergure qui change vraiment le monde.
Mais peut-être est-ce aussi un biais que de vouloir retrouver dans un modèle autre les mêmes marqueurs de réussite que l’économie ‘traditionnelle’ aux résultats « peu satisfaisants » selon les Français.
En attendant, de belles réussites, il y a en. Comme celle du Café Joyeux ou d’Enercoop.
Même Konbini en parle !
Alors finalement, l’ESS on s’en fout ?