Par Damien Caillard
et Cindy Pappalardo-Roy
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Depuis 2016, Manon travaille auprès de Fabrice Cailloux à l’incubateur SquareLab. A 25 ans, elle commence une immersion express dans l’écosystème d’innovation entrepreneuriale de Clermont, rencontre ses acteurs, coordonne les porteurs de projets, propose de l’accompagnement et effectue un travail de « veille » très large, notamment sur les grands ouvrages relatifs à l’innovation. Elle a été un des artisans principaux du parcours Culture Startup de l’ESC Clermont. Aujourd’hui, elle reprend les rênes du Startup Weekend.
Le Connecteur est partenaire éditorial du Startup Weekend 2018, qui a lieu ce week-end (16 au 18 novembre) à l’ESC Clermont.
Tu as 27 ans et une expérience déjà conséquente. Comment es-tu arrivée dans l’écosystème de l’innovation clermontois ?
Il y a quatre ans, j’ai repris mes études à l’ESC [Clermont] pour faire un master en entrepreneuriat. Je me posais beaucoup de questions sur mon orientation, je travaillais en tâtonnant. Mais le seul truc que j’aimais profondément faire, c’était créer des associations, travailler en mode projet sur des temps courts ou longs ; et lors d’un stage à l’ESC, j’ai rencontré Sébastien Saint-Martin qui m’a proposée d’être bénévole à Living Orgs 2016. [Là,] pour la première fois de ma vie professionnelle, je me suis dit : je veux travailler avec des gens comme ça ! C’était l’ambiance, les [acteurs] inspirants, des collectifs qui changent les choses, des nouvelles méthodologies que je ne connaissais pas comme du collaboratif, du brainstorming… Avant, j’étais responsable d’une boutique de prêt-à-porter, rien à voir avec l’innovation.
Tu as ensuite intégré le SquareLab, incubateur de l’ESC …
Oui. Le lendemain de Living Orgs – en juillet 2016 – Fabrice Cailloux m’a appelée pour me dire qu’il cherchait quelqu’un au SquareLab. Waouh ! C’était un moment incroyable, les planètes s’alignaient. Fabrice me connaissait [à travers les] cours en entrepreneuriat, à l’ESC. J’étais déjà allée le voir pour [lui soumettre] pas mal d’idées, mais sans avoir de relation spéciale. J’étais très surprise qu’il m’appelle. Je l’ai rencontrée le lendemain, et j’ai commencé trois semaines plus tard en alternance (…). Comme je voulais me préparer au mieux pour cette missions, j’ai lu beaucoup de chose sur le sujet de l’entrepreneuriat
Quelles sont tes missions et objectifs au SquareLab?
Je suis chargée d’affaires incubateur, mais ça ne traduit pas vraiment mon activité. Disons que j’ai trois dimensions. [Tout d’abord,] accompagner des entrepreneurs avec le suivi des projets, la réponse aux problématiques, des contacts pour solutionner des blocages, etc. Ensuite, j’ai des missions de fond, comme la structuration de l’incubateur : formaliser les processus, amener de la rigueur, [aider à] changer d’échelle – on est passé de 7 porteurs [de projets] à 25 – développer de nouvelles offres, [travailler sur] le positionnement des prix … Enfin, j’ai un axe qui consiste à trouver de nouveaux outils, enrichir l’accompagnement par de la veille, la création et l’animation d’ateliers. Je pense que c’est une super bonne école : voir passer dix projets par mois qui ne sont pas les tiens, (…) devoir donner ton avis , ça m’a fait beaucoup progresser.
Tu as co-créé le parcours “Culture Startup”, présenté début 2018. De quoi s’agit-il ?
À l’ESC, l’enseignement en entrepreneuriat est assuré par des membres de l’incubateur. C’est une vraie force : tous les programmes de formation de l’école émanent des besoins des entrepreneurs, détectés sur le terrain. Et ça évolue tous les ans. Ce parcours Culture Startup est maintenant la base de toutes ces formations, de tous nos accompagnements, de nos projets… c’est d’autant plus simple que ce parcours consiste à décrire ce qu’il se déroule en vrai dans un projet innovant.. C’est un énorme travail d’observation et de documentation sur les entrepreneurs, les intrapreneurs, les outils et méthodologies existants.
[Concrètement,] c’est une sorte de carte, de chemin sur lequel progresser. Un outil, mais avec [lequel] il faut être libre : si une entrepreneur veut en sortir, pas de souci. Néanmoins, ça aide à se repérer. [Pour moi], j’ai un outil qui a fait ses preuves, et qui me permet visuellement d’expliquer pourquoi on fait telle ou telle étape. Par exemple, que le business plan est à la fin [du process, pas au début] ! C’est aussi utile pour expliquer ce qu’on fait : on a une méthode d’accompagnement, on combine des outils, des approches [variées] … Je pense que la manière de travailler mise en avant est la bonne car c’est un vrai parcours [avec toutes] les grandes étapes d’accompagnement d’un projet innovant. Culture Startup s’adresse [d’ailleurs] à tous les types de projets, [entreprises classiques ou jeunes pousses].
« À l’ESC, l’enseignement en entrepreneuriat est assuré par des membres de l’incubateur, c’est une vraie force. »
Cette année, tu reprends les rênes du Startup Weekend, mais ta première participation date de 2016. Comment l’avais-tu vécu ?
Je m’étais inscrite une demi-heure avant le début de l’événement, en me disant : “Allez, tu accompagnes des gens, maintenant essayes de participer, de faire”. Ça a été une expérience super intense, mais aussi très difficile. Pourtant, je suis à l’aise dans les environnements exigeants ; mais, durant le Startup Weekend, tu rejoins une équipe projet avec des développeurs, des designers… et ce n’est pas évident de commencer un projet à six ! J’ai appris beaucoup sur le travail en équipe, sur la façon de “ne pas réussir un projet”. J’ai [aussi] rencontré des gens précieux, tel que Jonathan Mazuel et Sébastien Caux qui étaient dans mon équipe.
[Au SquareLab,] une de mes missions, c’est de prendre part à la vie de l’écosystème. Mais le Startup Weekend, je ne le fais pas pour ça. Je le fais pour me marrer, et parce que ça me permet de rencontrer des gens sans ma casquette institutionnelle, de rencontrer les humains. Parce que j’aime les humains.
« Durant le Startup Weekend, j’ai appris beaucoup sur le travail en équipe et la façon de ‘ne pas réussir un projet’. «
Et maintenant, c’est toi qui organise l’édition 2018 qui a lieu ce week-end
J’admirais vraiment l’équipe d’organisation du Startup Weekend menée par Justine Lhoste, je trouvais qu’ils faisaient du travail de fou ! En 2017, ils cherchaient une personne pour aider dans l’équipe, ce que j’ai fait en donnant un coup de main. Et en 2018, Justine souhaitait passer la main. Ça me faisait vraiment envie. Du coup, je reprend l’aventure avec des personnes géniales que j’ai rencontré lors de l’édition 2017, Pierre Personne et Adeline Vitrolles. Ce n’est pas un choix stratégique réfléchi, je le fais pour moi, hors de ma casquette SquareLab (…) Et j’espère que ça va être bien, que toute l’équipe va prendre du plaisir, c’est important.
J’ai besoin de faire des choses qui m’animent, qui me “tiennent”. Le sens, pour moi, c’est capital. Je l’ai vécu dans tout ce que j’ai fait. Finalement, le Startup Weekend, c’est donner l’occasion à des gens qui ne se sentent pas légitimes de se tester, avec rien à perdre à part [54 heures]. Et, rapidement, on peut voir si on est heureux [dans cet environnement], si on se sent bien dans la dynamique start-up, si on peut avoir des idées qui donnent envie de changer de vie…
« J’ai besoin de faire des choses qui m’animent (…) Le sens, pour moi, c’est capital. »
Le mot de la fin ?
Je trouve l’écosystème clermontois super riche, il y a une vraie spécificité à travailler ensemble ; ça m’a beaucoup apporté. Cet écosystème, on le construit aussi pour les porteurs de projets et c’est très cool que ça parte dans ce sens-là.
Pour en savoir plus :
le site officiel de l’incubateur SquareLab.
Entretien réalisé le 7 novembre 2018. Propos synthétisés et réorganisés pour plus de lisibilité, puis relus et corrigés par Manon.
Visuels fournis par Manon hormis la photo de Une par Damien Caillard pour le Connecteur.
Résumé/sommaire de l’article (cliquez sur les #liens pour accéder aux sections)
- #Écosystème – Il y a quatre ans, Manon a repris ses études à l’ESC pour faire un master en entrepreneuriat. Ce qu’elle aimait le plus faire, c’était créer des associations. Lors d’un stage à l’ESC, elle a rencontré Sébastien Saint-Martin. Pour la première fois de sa vie professionnelle, elle s’est dit qu’aille voulait travailler comme cela : l’ambiance, les [acteurs] inspirants, des collectifs qui changent les choses, etc. Avant, elle était responsable d’une boutique American Vintage, rien à voir avec l’innovation. Dans l’écosystème d’innovation clermontois, Manon s’est vite sentie à l’aise et aujourd’hui, elle se sent légitime : « Je trouve que je pose des questions intéressantes, car l’approche marché est toujours sous-estimée ».
- #SquareLab – Le lendemain de Living Orgs 2016, Fabrice Cailloux a appelée Manon car il cherchait quelqu’un au SquareLab. Elle a commencé trois semaines plus tard en alternance. Manon est maintenant chargée d’affaires incubateur, en trois dimensions : accompagner des entrepreneurs avec le suivi des projets, des missions de fond comme la structuration de l’incubateur et un axe qui consiste à trouver de nouveaux outils et enrichir l’accompagnement.
- #CultureStartup – À l’ESC, l’enseignement en entrepreneuriat est assuré par des membres de l’incubateur. Le parcours Culture Startup est la base de toutes les formations, les accompagnements et les projets. Il consiste à décrire ce qu’il se déroule en vrai Concrètement, c’est une sorte de carte, de chemin sur lequel progresser. Un outil, mais avec lequel il faut être libre. Culture Startup s’adresse à tous les types d’acteurs économiques, entreprises classiques ou jeunes pousses.
- #StartupWeekend – Ça a été une expérience très intense pour Manon, mais aussi très difficile. Pourtant, elle est à l’aise dans les environnements exigeants, mais ce n’est pas évident de commencer un projet à six. Elle a beaucoup appris sur le travail en équipe et la façon de “ne pas réussir un projet”, et rencontré des gens précieux tel que Jonathan Mazuel, Sébastien Caux, et surtout Justine Lhoste qui portait le projet. C’est Manon qui a repris les rênes pour l’édition 2018 ! Elle dit: « Je le fais pour me marrer, et parce que ça me permet de rencontrer des gens sans ma casquette institutionnelle, de rencontrer les humains. Parce que j’aime les humains. » Aussi, le Startup Weekend c’est donner l’occasion à des gens qui ne se sentent pas légitimes de se tester, avec rien à perdre à part 54 heures. Et, rapidement, ils peuvent voir si ils sont heureux dans cet environnement, se sentent bien dans la dynamique startup…