Jean-Kévin Al-Wahlid Elison de Nemours IV, la start-up en toute simplicité

Jean-Kévin Al-Wahlid Elison de Nemours IV, la start-up en toute simplicité

Par Damien Caillard

Il nous reçoit dans sa magnifique villa avec vue imprenable sur l’échangeur de Gerzat : Jean-Kévin Al-Wahlid Elison de Nemours IV, alias JKAWEN4, alias JK, alias « ouin-ouin » dans la cour de récré en 5ème, est un des start-uppeurs les plus remarquables de l’écosystème d’innovation clermontois. Et pourtant, il est relativement peu connu du grand public. Si l’on excepte sa grand-mère, propriétaire d’un commerce de charcuterie-coiffure place Delille, et qui ne tarit pas d’éloges sur son petit-fils « qui est dans l’informatique ». Entretien avec un homme simple, accessible, dont le leitmotif – il se le répète chaque jour devant le miroir de sa salle de bain – est « t’es un killer, man« .

Tu as monté une start-up que peu de gens connaissent mais qui a rencontré un énorme succès dans le domaine des smart cities.

Oui, en fait j’avais toujours été attiré par ce qu’on appelle la Mobilitech. D’abord, c’était la marque de mes jouets en plastique quand j’étais enfant, vous savez, ceux avec les roues noires et les personnages coiffés de casques de chantier. L’idée de la start-up actuelle m’est venue quand ma grand-mère* faisait sa truffade hebdomadaire : ce plat gras, luisant de fromage fondu et de patates chaudes, me semblait être une source d’énergie potentielle plus simple à mobiliser et beaucoup moins chère que la fusion thermonucléaire.

Je suis donc parti sur l’utilisation de la truffade comme source d’énergie pour les déplacements de véhicules lourds. Rapidement, il a fallu prouver le concept sur le terrain. J’ai pitché à Auvermoov, j’ai été sélectionné, et aujourd’hui trois lignes de la SMTC roulent à la truffade grâce à mon dispositif. J’avoue que c’est plus supportable en hiver qu’en été, et puis j’ai reçu des petits cercueils par courrier de la part de compagnie pétrolières. Mais, à part ça, je suis très content de ce projet.

Tu as un nom de famille pas piqué des hannetons. Quelles sont tes origines, exactement ?

Comme mon nom l’indique, je suis originaire de la banlieue de la Godivelle. Plus exactement, je suis né là-bas, à cause d’une erreur de GPS de mon père qui cherchait la maternité du CHU Gabriel Montpied. En fait, j’ai la chance d’avoir une famille qui me soutient vraiment, et qui m’a guidé dans la voie de l’entrepreneuriat. Mon père, Jean-Michel Brochard, était à la fois commerçant et informaticien. Il a programmé des sites sur Minitel, il m’a même légué sa collection de disquettes souples 5 pouces ¼. Il a épousé ma mère d’abord parce qu’elle avait de beaux cheveux, ensuite parce qu’elle était l’unique descendante de la famille Al-Wahlid Elison de Nemours.


Vidéo promotionnelle réalisée par le père de Jean-Kévin.

Je me souviens particulièrement de mon oncle Nabil Al-Wahlid, qui était le beau-frère de ma mère. Il était émir qatari. Ça aide, dans la vie. Aujourd’hui, il a un peu perdu la boule, et on l’appelle Tonton Walou. Mais, à la grande époque, sa fortune était estimée à 2,7 Kerviels**. Quand j’ai lancé mon premier projet entrepreneurial sur Kickstarter (des paniers bio de Limagne), il m’a crédité de 1 millions d’euros. Ça en faisait un paquet de courgettes, mais il m’a soutenu dès le début.

Tu avais donc tout pour bien te lancer dans l’univers des start-up …

Je terminais ma première année de DEUG Politico-économico-poterie à l’Université Blaise Pascal quand j’ai attrapé le virus. Bon, il y avait une grosse épidémie de gastro, et j’ai accompagné un copain qui faisait un pot “charcuterie self-service” à Pascalis. Malgré tout, c’était mon premier contact avec les membres de l’écosystème numérique clermontois.

Résultat de recherche pour « stagiaire » sur internet. On tombe sur un test infructueux d’écran tactile.

Ensuite, j’ai voulu acquérir de l’expérience. J’ai donc enchaîné les “petits boulots” pour être au contact des entrepreneurs locaux : stage “crayons de couleurs” chez Allegorithmic, classeur de médias chez Perfect Memory, trieur de résistances chez Exotic Systems, arrondisseur d’angles à Squarelab … c’était du travail souvent laborieux, mais j’ai appris beaucoup de choses. Enfin, j’ai lancé mon premier projet et j’ai pu être intégré chez Busi.

Ha, l’incubateur BUSI au Biopôle ?

Non, non, je parle des frères Busi de Busi Corp. J’ai travaillé avec eux dans le premier Bivouac, j’ai eu droit à toutes les blagues d’informaticiens*** et aux entraînement de parkour. Mais ça m’a permis de faire mes premières armes au sein d’un environnement dense en start-ups. J’ai appris à manipuler les minimum viable product, les business model canvas, les customer pain, les build-measure-learn cycle … dès que j’ai trouvé un dictionnaire d’anglais dans le bureau de Clément Posada, bien entendu.

Pendant ce temps, je travaillais donc mon propre projet, qui consistait à créer un lecteur digital d’empreintes digitales. Mon logo, c’était une fleur digitale. Je voulais mettre toutes les chances de mon côté pour intégrer à la fois le Bivouac, orienté numérique, et Digital League.

Et comment a évolué ce projet ?

Pas si bien que ça, hélas. J’ai commis une erreur de débutant pour ma première levée de fonds, en misant sur des emprunts russes en dollars zimbabwéiens garantis par Bernard Tapie et la “fondation pour l’Ethique et la Morale Donald Trump”. J’aurais dû me méfier. Du coup, je suis reparti de presque zéro, mais j’ai su rebondir en prenant un job d’animateur chez Gravity à Cournon.

Les locaux d’Epicentre, rue Saint-Dominique. A moins que … attendez …

Quand j’avais du temps libre, je passais à Epicentre pour coworker. L’ambiance était super, on s’entraidait tous, on participait aux Uphéros, on passait des coups de fil dans la rue … Cela m’a incité à trouver du sens dans mon futur projet. Je me souviens ainsi d’une soirée Cocoshaker, l’incubateur d’entrepreneurs sociaux, où les projets présentés étaient tellement empathiques, beaux, tournés vers l’avenir, porteurs d’espoir … jusqu’à ce que mon père, mon banquier et mon psychothérapeuthe me disent d’arrêter mes foutaises de hippie mal peigné et de créer une entreprise de sertissage industriel. J’ai essayé de transiger, je me suis dit que le projet sur la truffade devrait les satisfaire … Même si le principe de la catapulte comme moyen de transport m’intéressait aussi (une idée que Franck Raynaud m’a piquée), finalement me voilà.

Tu as fait un beau tour de l’écosystème clermontois, quelle en est ton opinion ?

Par rapport à la Godivelle, il est très développé et structuré. J’aime beaucoup la proximité entre les acteurs, surtout le jour où je me suis retrouvé coincé dans l’ascenseur de l’hôtel de Région avec Henri Talamy, Pascal Angelini, Olivier Bianchi et 5 piliers de l’ASM. Après 30 minutes d’attente du réparateur, on était contents d’aller au Good Morning Bivouac !

Quant aux projets transversaux, j’espère surtout qu’il y aura des babyfoots dans le bâtiment totem de la French Tech. J’espère aussi que le Connecteur va renouveler son site, parce que là, ça picote un peu en termes de facilité de lecture …

Justement, on prévoit de dévoiler tout cela le 26 avril prochain

Ha, tant mieux.

Pour conclure, as-tu une citation inspirante ?

Oui, mon credo est que le travail en équipe est toujours important, d’où ma citation : “ensemble, on est plus nombreux”.

Merci Jean-Kévin. As-tu une dernière question ?

Je pourrais relire l’interview ?

*encore elle
**soit 13,23 milliards d’euros au cours actuel.
***par exemple : Monsieur et Madame Tranète ont deux enfants … Alain et Alex.


Pour en savoir plus :
le site du Bivouac, accélérateur de start-ups
le site d’Epicentre Factory, espace de coworking
le site de Cocoshaker, incubateur d’entrepreneurs sociaux
le site de BUSI, l’incubateur technologique auvergnat
le site de SquareLab, l’incubateur de l’ESC Clermont
le site de Pascalis, pépinière de start-ups et hôtel d’entreprises à la Pardieu
le site d’Auvermoov, concours de mobilité innovante
le site de Busi Corp, start-up dans la cyber-sécurité
le site de Allegorithmic, leader mondial dans les textures 3D
le site de Perfect Memory, start-up de l’ingénierie numérique de la connaissance
le site de Exotic Systems, spécialisé dans les objets connectés
le site de Metaverse Concept, générateur d’univers 3D immersifs
le site de la Godivelle, plus petite commune du département
le site de la Clermont Auvergne French Tech
le site de Digital League, cluster régional du numérique
le site de BPI France, Banque Publique d’Investissements
le site de Auvergne Active, financeur de projets engagés sur le territoire


Et pour vous inscrire à la soirée des 2 ans du Connecteur
où sera présenté (notamment) notre nouveau site, c’est par ici !


Propos recueillis à aucun moment vu qu’il s’agit d’un poisson d’avril (désolé)
Crédits visuels : Fotolia (alphaspirit) pour la Une ; Message à Caractère Informatif (1ère saison) pour la vidéo.

À propos de Véronique Jal

Ma ligne guide depuis 15 ans, c'est le management de projets collectifs à fort "sens ajouté" : les fromages AOP, les hébergements touristiques, la démarche d'attractivité d'une région... et aujourd'hui l'innovation territoriale via un média associatif Toulousaine d'origine, j'ai découvert et choisi l'Auvergne que mon parcours pro m'a amenée à connaître sous plein de facettes. J'adore cette activité qui nous permet d'être en situation permanente de découverte.