Tristan Colombet, Turing22 sera entreprise à mission

Tristan Colombet, Turing22 sera entreprise à mission

Le Connecteur avait interviewé  Tristan Colombet il y a 2 ans. En relisant son portrait, on a l’impression que ce sont deux décennies qui se sont écoulées. Avant de rentrer dans le vif du sujet, notamment sur son engagement pour le projet de Pôle d’innovation Cataroux, nous lui avons demandé une petite mise à jour de ses activités.

Depuis cet entretien en 2019, Turing 22 a ouvert, bien trouvé sa place et pas mal évolué.  

Quoi de neuf Tristan ?

L’Agence 22, créée peu après Turing, est aujourd’hui en pleine accélération. Elle se positionne sur l’accompagnement de marques dans l’univers du Metavers et des NFT. Ces derniers mois, on a vraiment senti l’accélération de la demande, notamment par de grosses entreprises. Depuis 2017, avec Auctionity, nous avions expérimenté la vente aux enchères de NFT. Certains de ceux qui explosent aujourd’hui, nous les avions cotoyés à leurs tout débuts. Nos expérimentations n’avaient pas vraiment payées mais finalement, elles nous auront permis d’acquérir une expertise qui est recherchée aujourd’hui. 

Sinon, Eefficiency, le fonds d’investissement dédié aux startups que j’ai créé après la cession de Prizee poursuit son chemin mais n’est pas ma principale priorité du moment. Je soutiens par exemple Gaming Campus, une école de nouvelle génération spécialisée dans le jeux video à Lyon, ou encore récemment Waltio une très belle start up qui facilite le calcul et la déclaration de ses plus-values sur les crypto-monnaies. La pépite du moment, c’est l’application  Psynergy, qui révolutionne les consultations psychologiques à distance.

Désormais, en plus de tout cela, tu t’investis aussi beaucoup sur le projet de ‘Pôle Innovation Cataroux’, tu peux nous expliquer ?

 

Suite au succès de Turing 22, j’étais en recherche d’opportunité de développement. Au départ, il s’agissait d’une extension de bâtiment qui ne s’est pas faite.  Et puis, j’ai rencontré Pascal Couasnon* de Michelin. Ça a été un vrai ‘match’ humain: tant l’homme que le projet.

A ce sujet, lire notre article « Michelin Parc Cataroux, fabrique d’un nouveau marqueur territorial ».  En résumé, Pascal Couasnon coordonne le projet de transformation du Parc Cataroux et ses 4 composantes, dont un lieu d’innovation autour de l’économie d’impact.

« Pascal était en réflexion sur la meilleure façon de conduire cette transformation et a été intéressé par ce que nous avions fait à Turing 22. Il porte une très forte ambition pour ce projet qui va devenir encore bien plus qu’un nouveau quartier de Clermont-Ferrand.

De mon côté, j’avais acquis une certaine expérience du métier de concepteur et gestionnaire de coworking. J’avais déjà en tête des dimensions à ajouter dans le futur mais cette rencontre a été l’impulsion d’une dynamique de valeurs que nous n’avions pas encore. »

Oui, justement, dans l’écosystème clermontois, tu as une image forte de business man…mais pas forcément très associée à l’impact, pourtant affiché comme un point clé du projet ?

En toute transparence, je reconnais que ce n’était pas ma sensibilité première. Je n’avais qu’une vague idée de ce que cela pouvait être et représenter. 

En revanche, je m’y suis intéressé. J’ai cherché à comprendre, la philosophie, le fonctionnement, les valeurs. J’ai rencontré beaucoup beaucoup d’acteurs, plus sensibilisés et très souvent passionnants. 

Une partie de ces valeurs étaient déjà présentes dans mon mode de fonctionnement. Notamment tout ce qui concerne les valeurs sociales de l’entreprise: l’égalité femmes-hommes, le management responsabilisant, la qualité de vie au travail… 

En revanche, il est tout à fait vrai que sur les questions d’économie sociale et solidaire ou environnementales, je n’étais pas très sensibilisé. 

Le vrai tournant pour moi a été la mise en place du comité d’impulsion. Pour plusieurs raisons. J’ai toujours géré mes projets de manière très autonome. Même si j’étais entouré, j’étais décideur. La volonté de Pascal Couasnon de faire du PIC un projet collaboratif  m’a un peu effrayé au tout début. Je craignais la lourdeur, le fait de devoir tout justifier, … et en fait, j’ai été très agréablement surpris par l’apport de ce comité. C’est super de s’émanciper de la vision d’une seule personne, d’enrichir les débats de plusieurs regards, … je suis convaincu que c’est ce qui fera le succès du projet.

Un élément particulièrement marquant ?

Tristan Colombet Turing 22

Oui. L’entreprise à mission. 

Cette démarche, évoquée au cours d’une séance du comité, a été une autre vraie découverte. J’ai pris le temps de me renseigner vraiment, de rencontrer des personnes spécialistes du sujet ou ayant déjà sauté le pas, pour bien comprendre. Et nous allons entrer pleinement dans cette dynamique.

Turing 22 va devenir une entreprise à mission.

Nous avions déjà engagé une réflexion de fond sur notre raison d’être et identifié nos valeurs pour structurer nos actions.  Nous allons poursuivre avec ce cap qui nous amène à formaliser nos vrais enjeux , à les rendre visibles et mesurables. C’est une façon de toujours se souvenir du pourquoi on fait ce que l’on fait. Et cette transformation, nous voulons vraiment y consacrer le temps nécessaire et faire que ce soit une démarche collective et qui permette de porter la voix des deux sites, Turing 22 et le PIC. 

Et donc, concrètement, comment ça se matérialise ?

Les notions d’ouverture et de transparence par exemple, nous sommes déjà allés assez loin en interne. Les KPIs, les comptes, la stratégie, sont des informations partagées avec les salariés, il n’y a aucun tabou interne.… 

Nous avons également mis en place un comité consultatif des coworkers, avec notamment l’enjeu d’intensifier la démarche RSE, … Notre sujet était de voir comment dépasser le cadre de notre équipe salariée, comment embarquer les coworkers dans une démarche participative autour de la RSE. Dans un espace de Coworking, elle peut avoir des impacts sur les comportements individuels:  donc pour nous il s’agissait d’expérimenter le participatif, au-delà des dogmes et de voir concrètement ce qui fonctionne. Nous avons recueilli pas mal de propositions et avons proposé une mise en œuvre collective de certaines idées. Bon, clairement, il n’est pas facile de mobiliser concrètement les coworkers. C’est compréhensible, chacun a déjà son quotidien à gérer, mais on va s’accrocher !

Un lieu ouvert

Autre exemple, lorsque nous avons ouvert Turing, nous avons accueilli gracieusement pas mal d’événements pour faire connaître le lieu. Nous n’avons pas poursuivi une fois les objectifs atteints. Mais nous avons pris conscience du fait que permettre à des structures qui ont peu de moyens de disposer du lieu,  faciliter les rencontres, c’est un moyen  simple pour nous d’être utiles. Nous avons donc repensé nos règles de fonctionnement et proposé aux organisateurs d’événements gratuits et ouverts à tous d’utiliser gracieusement les espaces dans nos horaires d’ouverture. Ce sera le même état d’esprit dans le futur Pôle d’innovation : il faut que chacun puisse trouver sa place.

Tristan, on a pu constater, notamment au travers de ton approche “restauration”, que tu ne faisais pas dans la demi-mesure quand tu t’attaquais à un nouveau sujet !

Oui, c’est vrai que j’adore m’immerger complètement dans un nouveau sujet pour en appréhender rapidement les bases, pouvoir échanger avec les gens de métiers et comprendre leurs points de vue. La restauration, je n’en avais eu qu’une brève expérience peu concluante il y a une quinzaine d’année. Dans le projet Cataroux, il va avoir une importance capitale pour la vie du lieu. Et ça se joue dès maintenant, à la conception même des espaces. 

J’ai adoré pouvoir discuter avec des restaurateurs, des bureaux d’étude, des équipementiers, des archis…  Je me suis constitué un petit bagage de connaissances avec des ressources que l’on m’a partagé, des contacts. J’ai passé la formation HACCP et prochainement celle du permis d’exploitation. J’ai surtout eu la chance de visiter plus d’une dizaine d’autres food court dans toute la France, de visiter les coulisses de certains et de recueillir les témoignages de leurs exploitants. C’était extrêmement inspirant !

Ton instant carte blanche ?

Si vous connaissez un inventeur de génie qui bosse sur une solution pour ajouter des heures dans une journée, dites-lui que je suis prêt à investir 😉

Tes respirations ?

Du temps privilégié en famille, les enfants grandissent trop vite…

À propos de Véronique Jal

Ma ligne guide depuis 15 ans, c'est le management de projets collectifs à fort "sens ajouté" : les fromages AOP, les hébergements touristiques, la démarche d'attractivité d'une région... et aujourd'hui l'innovation territoriale via un média associatif Toulousaine d'origine, j'ai découvert et choisi l'Auvergne que mon parcours pro m'a amenée à connaître sous plein de facettes. J'adore cette activité qui nous permet d'être en situation permanente de découverte.