Résilience – ce terme encore peu utilisé avant la crise est désormais au premier plan. Dans sa définition, résilience, c’est la capacité à pouvoir nous adapter à différents chocs et mutations pouvant affecter notre territoire.
Dans cette série numéro 2 de notre édition spéciale, nous avons rencontré cinq entreprise innovantes auvergnates qui partagent avec nous leur quotidien et leurs visions sur les nécessaires évolutions à intégrer dans l’avenir. Whisperies – 2CA – Lojelis – Ici Aussi – Piganiol
Organisation du travail, outils, méthodologie, impacts, anticipation, agilité…
Adeline Fradet – Présidente et fondatrice de Whisperies
Nous avons rapidement réorganisé notre activité. Nous avons mis tout le monde en télétravail ce qui n’était pas compliqué car nous faisons déjà du travail nomade. Les dernières grèves nous avaient permis d’expérimenter cela pendant un temps.
Par ailleurs, chez Whisperies nous avons régulièrement des collaborateurs qui ne sont pas sur site. Nous travaillons à distance avec des développeurs de Nantes ou de Normandie, c’est donc chez nous assez naturel.
Finalement, la principale difficulté était l’organisation personnelle, à savoir les enfants qui se greffent sur les heures de télétravail. D’autant plus que je suis la seule concernée dans l’équipe avec mes trois enfants.
« chez Whisperies nous avons régulièrement des collaborateurs qui ne sont pas sur site »
Gilles Duissard – Directeur Général 2CA
On peut dire que ça a été assez brutal. Suite à l’allocution du Président de la République le 10 mars, Rexiaa Group a décidé un arrêt de ses sept entreprises le temps de réorganiser les sites de production comme celui de 2CA.
Nous avons réussi à mettre en place notre plan de continuité d’activité en trois jours. Sur 100 salariés, 85 ont pu reprendre le travail dont 15 cadres en télétravail.
La première semaine, nous avons dû faire face à de nombreuses absences car nos salariés n’avaient pas eu le temps d’organiser la garde des enfants. Malgré tout, nous avons pu maintenir environ 80% de l’activité.
Face à une concurrence féroce, notamment des entreprises low-cost, nous avons appris à être agiles, à changer les ateliers, les plans de fabrication ou les qualifications. Ce qui a été un avantage pour faire face. Cependant, nous sommes conscients qu’au mois de mai certaines entreprises n’auront pas repris leurs activités ce qui se fera ressentir sur nos carnets de commandes.
Sylvain Jourdy – Président et Fondateur Lojelis
Très tôt, on s’est mis en ordre de marche pour mettre à disposition du salarié le matériel et les outils pour télétravailler. Dès la fermeture des écoles nous avons basculé en télétravail si bien qu’à l’annonce du confinement nous étions déjà prêts.
Nous sommes une entreprise d’informatique avec des agences en France et à l’étranger, ce qui a une incidence forte sur notre organisation du travail. Nous sommes suffisamment agiles pour nous organiser à distance tout en fédérant les équipes.
Pour notre activité, nous dépendons des activités de nos clients. Nous avons des grands comptes qui sont par définition moins souples et nous avons vu certains de nos projets se mettre en pause.
Toutefois, nous avons une diversité de clients qui nous permet aujourd’hui d’optimiser notre effectif et de maintenir une activité relativement stable.
Mattieu Piganiol – Président Piganiol
Suite à l’annonce du Président de la République, nous avons dû fermer. Nous existons depuis 1884, nous avons vécu deux guerres mondiales et en 136 ans nous n’avions jamais fermé.
J’ai envoyé un message aux salariés pour les informer de ne pas se présenter le lendemain. Cela a été un vrai crève coeur, vraiment c’est terrible, mais j’ai rapidement eu l’envie d’être utile, de faire quelque chose à notre niveau.
J’ai contacté la Préfecture pour savoir ce dont elle avait besoin. A ce moment là tout le monde était à la recherche de masques FFP1 et FFP2. En tant qu’entreprise de textiles, nous ne pouvions pas en fabriquer. En revanche, on nous a dit que les hôpitaux allaient manquer de blouses.
Nous avons décidé de les fabriquer. Nous avons débuté avec deux personnes dès le lendemain pour prototyper, faire les patrons. Le jour suivant, nous étions dix puis quinze dans l’atelier. En 72 heures, nous avons monté une ligne de production de blouses lavables pour les hôpitaux du Cantal.
Johan Falkousa – Directeur général La Coupole Event
Nous on a été doublement impacté parce que l’on filme des événements culturels en direct et que l’on diffuse dans des lieux où les gens sont regroupés comme les salles de fêtes, les cinémas ou les EHPAD. Les évènements et les rassemblements ont cessé bien avant le début du confinement et seront sûrement les derniers à réouvrir. Pour résumer, notre activité a été totalement arrêtée.
Par ailleurs, on devait aussi inaugurer notre propre studio à Clermont-Ferrand pour produire des spectacles en création originale.
Cet espace « La Coupole » qui rassemble un studio vidéo ainsi qu’un théâtre privé équipé de caméras devait ouvrir le 26 mars.
Tous les voyants étaient au vert ont sont passés au rouge du jour au lendemain. A ce jour, nous n’avons aucune idée de la date de reprise.
Retrouvez ci-dessous les autres articles de cette édition spéciale.
Série n°2 : 2/4 Comment le collectif se retrouve moteur en temps de crise ?
Série n°2 : 3/4 La crise est-elle une opportunité pour innover et se réinventer ?
Série n°2 : 4/4 Le monde d’après…qu’est ce que vous souhaiteriez voir évoluer ?