Être salarié, c’est souvent la promesse d’une certaine stabilité : un salaire mensuel, des droits sociaux, une sécurité financière. Mais cette sécurité peut aussi devenir un frein. La routine s’installe, les marges de manœuvre pour innover semblent limitées, et entreprendre à l’intérieur même de l’entreprise paraît hors de portée. L’intrapreneuriat tente de répondre à ce blocage. C’est ce qu’a présenté Michelin le 10 avril 2025, lors de la Clermont Innovation Week, avec son programme « Michelin Innovation Lab ».
Un dispositif gagnant-gagnant
L’intrapreneuriat est un cercle vertueux pour l’entreprise mais aussi pour les employés. En quoi cela consiste-t-il ? Favoriser une démarche entrepreneuriale dans une entreprise existante. En effet, les employés peuvent créer, entreprendre sans les risques inhérents. C’est-à-dire qu’ils utilisent les ressources de la structure pour développer leurs propres entreprises. Ainsi, ils apprennent de nouvelles compétences et peuvent innover.
Pour l’entreprise, elle est aussi gagnante. En faisant cela, elle permet à ses salariés de stimuler l’innovation en faveur de ses propres activités. En effet, Michelin (comme toute autre entreprise qui développe ce genre de dispositif) possède en échange les innovations créées et peut les utiliser ou les commercialiser. Le cercle vertueux se crée. Cela permet une dernière chose, essentielle…la fidélisation. La très grande majorité des salariés ne se sentent pas fidèles à leurs employeurs. En effet une étude Gallup de 2017, démontre que seulement 10% des salariés se sentent investis dans leurs entreprise. Ainsi, en s’engageant autant dans ces activités, en faisant ce qu’ils aiment, on est sûr que les salariés ne voudront pas voir ailleurs.
Plusieurs projets sont déjà nés de cette initiative. On retrouve par exemple Sombrero un projet porté par Olivier Vuichard, intrapreneur chez Michelin, pour lutter contre les effets du réchauffement climatique en ville. Cette ombrière gonflable de 260 m² peut être déployée en plein centre ville et fait baisser la température en dessous de 2 à 4 degrés.
Un dispositif à nuancer
Mais tout n’est pas si simple. Car si l’intrapreneuriat est présenté comme un levier d’innovation, il reste une démarche très encadrée par l’employeur. Le salarié conserve en réalité peu de marge de manœuvre. Il doit composer avec une lourdeur administrative et une direction souvent focalisée sur la rentabilité à court terme. Chez Michelin par exemple, le budget alloué pour démarrer la maturation d’un projet n’est que de 1 000 euros, une somme assez limitée pour tester réellement les idées sur le terrain.
Certes, l’intrapreneuriat limite les risques par rapport à une création d’entreprise classique. Mais ils ne disparaissent pas pour autant. Le salarié qui s’engage dans un projet y consacre tout son temps, tout en continuant à toucher son salaire. Pourtant, si le projet échoue, rien ne garantit qu’il pourra retrouver son poste d’origine, qui aura peut-être été confié à quelqu’un d’autre entre-temps. Enfin, même si certains projets parviennent à émerger et à se faire une place, ils restent une minorité. Comme dans toute dynamique d’innovation, les échecs sont nombreux, et le taux de réussite reste très faible (environ 1 %).
Un cadre à ajuster pour libérer tout son potentiel
L’intrapreneuriat reste une belle opportunité pour stimuler l’innovation et réinventer la relation entre salariés et employeurs. Mais il ne doit pas être présenté comme une solution magique. C’est une dynamique qui demande un réel engagement des deux côtés, avec une reconnaissance des limites et une prise de conscience des conditions nécessaires pour qu’elle porte réellement ses fruits.