Le 9 et 10 novembre 2022, Clermont-Ferrand accueille les Premières Rencontres Nationales du retour à la terre, Back To Earth. Un événement unique et innovant dans sa forme, qui rassemblera un écosystème riche et diversifié autour de la thématique de l’agriculture et de la ruralité. Deux jours de débats, de retours d’expériences, de speedmeeting et d’hackathon pour réfléchir ensemble à l’avenir de nos territoires. Un rendez-vous à ne pas manquer !
Emmanuelle, vous avez fondé l’association Back To Earth et d’ici quelques jours, vous lancerez les Premières Rencontres Nationales du retour à la terre. Avant d’aborder ce sujet plus spécifiquement, est-ce que vous pourriez nous parler de votre parcours personnel ?
Je suis originaire de Lyon. Après avoir intégré HEC à Paris, j’ai travaillé au sein d’un think tank de dirigeants d’entreprise dont l’objectif était de réfléchir à l’entreprise de demain. Pour ce faire, on faisait se croiser des personnes qui n’étaient pas du monde de l’entreprise, comme des chercheurs par exemple, pour enrichir les visions de chacun.
Je suis revenue sur Lyon, où j’ai rejoint GL Events, un groupe événementiel, fondé à Lyon et qui s’est ensuite développé sur toute la France. J’ai monté la mission développement durable qui est ensuite devenue le département Développement Durable et j’y suis restée 12 ans.
C’est par l’événementiel que j’ai touché du doigt les nécessaires transitions du monde économique et de la société. Ensuite, c’est en poursuivant mes réflexions sur l’anticipation des crises écologiques que je suis arrivée au sujet de la terre et des territoires. Au cours de ces douze années, j’ai pu prendre conscience qu’aujourd’hui, il n’existe pas de solutions « macros » pour répondre aux défis auxquels nous devons faire face. En revanche, partout dans les territoires des solutions “micros” sont expérimentées et déployées autour des enjeux de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire notamment.
C’est pour cette raison que vous avez décidé de fonder l’association Back to Earth ?
Oui. Je suis convaincue depuis longtemps déjà qu’il faut rééquilibrer le rural et l’urbain, qu’il faut relocaliser un certain nombre de choses pour être en mesure d’adresser les crises.
J’ai créé l’association il y a trois ans et dans la foulée, j’ai décidé de quitter mon poste de directrice et de me concentrer pleinement au développement du projet associatif.
Back To Earth, promeut et accompagne le retour à la terre à travers 3 axes :
- L’agriculture et plus spécifiquement la déprise agricole. C’est-à-dire l’abandon des terres ou la sous-utilisation de certaines parcelles. C’est un vrai risque pour la souveraineté alimentaire, 50 % des agriculteurs seront en âge de partir à la retraite dans les dix prochaines années. Il faut attirer des nouveaux candidats, et pour cela, travailler sur une meilleure reconnaissance de ce métier essentiel.
- Ensuite, le rééquilibrage entre les territoires métropolitains et les territoires ruraux. Il ne s’agit pas d’opposer les villes et les campagnes mais plutôt de repenser leurs interactions.
- Enfin, la reconnexion au vivant à travers la transition écologique des individus et des organisations.
Le 9 et 10 novembre auront lieu les Premières Rencontres Nationales Back To Earth et ça se passera à Clermont-Ferrand. Pourquoi Clermont-Ferrand et pourquoi ces Rencontres ?
Nous avons identifié à Clermont-Ferrand, et en Auvergne plus largement, un écosystème local très riche et diversifié : de nombreuses associations, des structures dédiées à l’accompagnement à l’entrepreneuriat en zones rurales, des expertises universitaires, des mouvements alternatifs etc …
Par ailleurs, GL Events est gestionnaire de Polydôme et partenaire de l’événement. C’est donc assez naturellement que nous avons fait ce choix-là. D’ailleurs, dans l’idée, nous souhaiterions que ces Rencontres puissent avoir lieu ici à chaque édition.
Pendant ces deux jours très riches et intenses, nous nous sommes donnés plusieurs missions. Tout d’abord mettre en avant des initiatives venues de toute la France et qui contribuent à une des trois dimensions. Ensuite, porter politiquement ce thème du retour à la terre à travers un plaidoyer. Par ailleurs, nous sommes en train de mettre en place un observatoire du retour à la terre qui sera animé en lien avec les chercheurs. Pour ce volet, l’IADT est notre partenaire de premier plan. Nous voulons faire du bruit et donner à voir !
Quels seront les différents temps forts de ces Rencontres ?
Ces Rencontres sont là pour rassembler une communauté assez large, le monde de la recherche, l’entrepreneuriat, le monde économique, dont l’ESS, les grandes entreprises à travers leur responsabilité territoriale, les porteurs de projets, les collectivités et les financeurs.
Cet événement s’articule autour de quatre temps forts :
- un colloque qui aborde de manière assez fine la thématique de la ruralité et du retour à la terre. On parlera de l’accueil de nouvelles populations, des nouveaux acteurs dans le monde agricole, des nouveaux savoir-faire.
- un speedmeeting, pour créer du lien et provoquer des rencontres, par exemple des porteurs de projets qui échange avec des chercheurs ou des financeurs.
- Nous allons aussi mettre en place un petit salon avec des exposants et des séances de pitchs pour l’accompagnement de porteurs de projets.
- Pour terminer, nous proposons un hackathon qui rassemblera des étudiants du lycée agricole de Marmilhat, des Maisons Familiales Rurales, de l’IADT et de Vetagrosup. C’est Big Bloom qui coordonnera cette journée. Ils sont spécialisés dans les hackathons à impact. À travers cette expérience unique pour les étudiants, nous souhaitons capter l’énergie de la jeunesse.
A qui s’adressent les rencontres Back To Earth ?
Alors, bien entendu, nous accueillerons avec plaisir tous les curieux qui s’intéressent à ces thématiques, mais c’est avant tout un événement professionnel. Il s’adresse à tous les membres de l’écosystème, même si nous ciblons plus spécifiquement les porteurs de projets agricoles, les élus et les agents des collectivités qui se questionnent sur leur attractivité.
Au vu des inscriptions, les jeunes se sont inscrits et ont répondu présent.. C’est un indicateur assez fort sur le fait qu’une partie de la jeunesse est en questionnement sur son avenir professionnel.
Après ces premières rencontres, quelles sont les prochaines étapes pour l’association Back To Earth ?
Nous voulons inscrire ces rencontres dans la durée et également organiser de plus petits événements tout au long de l’année. L’autre “gros morceau” sera le lancement de notre Observatoire. Il permettra de fournir de manière trimestrielle des études quantitatives et qualitatives pour les décideurs privés et publics. Nous allons travailler avec des chercheurs et un institut de sondage pour proposer des angles encore trop peu traités. Nous proposerons des restitutions sous forme de webinaires et de cahiers thématiques.
C’est l’instant carte blanche, un message à faire passer ?
Aujourd’hui, nous avons tout ce qu’il faut pour réussir la transition écologique. Les solutions existent. Néanmoins, il y a une nécessité d’organiser des lieux de rencontres et de dialogue. Il faut réussir à rassembler certains univers, ne pas fonctionner en vase clos. Il faut désiloter et accompagner les différents acteurs pour qu’ils acceptent de faire un pas de côté.