Nouvel épisode d’une série de 5 émissions consacrées aux grands enjeux de résilience du territoire et du rôle que peuvent jouer les entreprises réalisée par Le Connecteur, en collaboration avec Sens 9 et avec le soutien de Clermont Auvergne Métropole. Objectif de cette série : contribuer à rapprocher les mondes et donner à entendre des initiatives collaboratives bénéfiques, reproductibles et intensifiables. Le thème du jour, le rôle de la gouvernance pour mobiliser ses équipes dans les enjeux de transition écologique.
Les invités : Faustin Falcon, FUGAM, Vincent André, Picture Organic Clothing, Anne Laure Stanislas, Clermont Auvergne Métropole, Brigitte Nivet, ESC Clermont Business School, Mathieu Adenot, Lieutopie, Tristan Colombet, Turing 22, Marion Audissergues, Cocoshaker. [Ecouter l’intégralité du podcast]
Les petites et moyennes entreprises (PME) du Puy-de-Dôme sont au cœur de la transition écologique et sociale. Cette transformation ne se limite pas seulement à l’adoption de nouvelles technologies ou à la modification des processus de production. Elle implique également une profonde évolution de la gouvernance d’entreprise. En repensant leurs modèles de gouvernance, ces PME peuvent non seulement améliorer leur impact environnemental et social, mais aussi mobiliser l’engagement de leurs équipes. Cet article explore comment la gouvernance innovante et la mobilisation des équipes peuvent devenir les moteurs de cette transition, en s’appuyant sur des témoignages d’acteurs locaux.
Redéfinir la gouvernance pour une transition réussie
La transition écologique et sociale nécessite une redéfinition de la gouvernance d’entreprise. Pour Vincent André, cofondateur de Picture Organic Clothing, il est crucial d’intégrer les préoccupations environnementales et sociales dès la création de l’entreprise :
« Nous avons choisi B Corp comme outil majeur pour fédérer 100 % des équipes. Aujourd’hui, tout le monde a un petit listing de choses à mettre en place pour atteindre les points B Corp. Cela embarque vraiment les équipes. »
Cette approche permet de créer un cadre structurant où chaque collaborateur sait ce qu’il doit faire pour contribuer aux objectifs globaux de l’entreprise. La gouvernance devient ainsi un outil de mobilisation et d’engagement collectif.
Faustin Falcon, directeur général de pêcheur.com, met en avant l’importance des commissions internes pour traiter les sujets d’importance et impliquer les collaborateurs dans les décisions stratégiques :
« La pratique chez nous, c’est de solliciter les collaborateurs pour traiter des sujets d’importance chaque année à travers des commissions. C’est un peu un outil de dialogue social. »
Ces commissions permettent aux employés de s’exprimer et de participer activement à la prise de décision, ce qui renforce leur sentiment d’appartenance et leur engagement envers l’entreprise.
Espaces de dialogue et formation
La création d’espaces de dialogue est essentielle pour réussir la transition. Mathieu Adenot est co-président de l’association étudiante Lieutopie. Il souligne l’importance de ces espaces pour structurer les projets et renforcer l’engagement des membres :
« Les coprésidents travaillent main dans la main avec les bénévoles et les salariés pour structurer des projets cohérents et inclusifs. Cela permet d’engager les personnes dans les projets et la responsabilisation. »
En fournissant des outils et des formations, les entreprises peuvent aider les collaborateurs à participer activement aux discussions et à proposer des solutions pertinentes. Cela crée un environnement de confiance où les idées peuvent émerger librement.
Les défis de la transition écologique
Les entreprises et associations de l’Auvergne montrent la voie en matière de gouvernance innovante et de transition écologique. Anne-Laure Stanislas est adjointe à la ville et conseillère métropolitaine à Clermont-Ferrand. Elle explique comment la collaboration avec les partenaires locaux peut renforcer l’impact des initiatives. « Nous avons choisi dans le cadre de l’Alliance pour la Transition Écologique et Solidaire d’avoir une approche par objectif plutôt que par secteur. Cela permet de créer une interconnaissance et de mutualiser nos forces. »
Ces initiatives montrent que la collaboration et l’interconnexion entre les différents acteurs du territoire sont essentielles pour réussir la transition.
Cependant, la transition écologique et sociale présente des défis considérables. Tristan Colombet, fondateur de Turing 22, souligne la difficulté de concilier les objectifs environnementaux avec le confort des utilisateurs :
« Le plus compliqué, c’est de réussir à emmener chacun. Il y a une partie des gens qui ont une conscience autour de ces sujets, et d’autres pour qui le confort prime. Tout l’enjeu est de réussir à combiner les deux. »
Pour surmonter ces défis, il est crucial d’adopter une approche inclusive. Elle doit tenir compte des besoins et des attentes de tous les collaborateurs.
La formation, un pilier fondamental
La formation et l’éducation sont des éléments clés pour réussir la transition. Brigitte Nivet est chercheuse et enseignante à l’ESC Clermont Business School. Elle insiste sur l’importance de comprendre le travail réel des employés et de valoriser leur expérience :
« Chaque jour, chacun s’engage dans son travail en faisant face à des aléas et des imprévus. C’est cette rencontre entre les ressources personnelles des employés et les ressources fournies par l’entreprise qui permet de trouver des solutions innovantes. »
En formant les collaborateurs sur les enjeux de la transition écologique, les entreprises peuvent leur donner les outils nécessaires pour participer activement aux discussions et proposer des solutions innovantes.
Vers une mobilisation collective
La création d’espaces de dialogue, la formation des collaborateurs et la redéfinition de la gouvernance sont autant de leviers pour réussir la transition écologique et sociale. Les témoignages des entrepreneurs et des responsables locaux montrent que, malgré les défis, il est possible de mettre en place des initiatives efficaces et de créer une culture d’entreprise résolument tournée vers l’avenir.
« Nous devons nous donner le temps de nous donner du temps, » conclut Anne-Laure Stanislas. Elle souligne aussi l’importance de la patience et de la persévérance dans ce processus. En travaillant ensemble et en valorisant l’engagement de chacun, les entreprises du Puy-de-Dôme peuvent devenir des acteurs majeurs de la transition écologique et sociale.
Pour réussir cette transformation, les PME du Puy-de-Dôme peuvent compter sur les partenariats locaux. Marion Audissergues, directrice de Cocoshaker, souligne l’importance de ces collaborations :
« Nous travaillons avec une vingtaine de partenaires financiers privés et publics, ainsi que 80 partenaires opérationnels. Cette dynamique de réseau nous permet de soutenir efficacement nos entrepreneurs sociaux et environnementaux. »
Ces partenariats sont essentiels pour partager des ressources, des compétences et des expériences. Ils créent aussi un écosystème favorable à l’innovation sociale et écologique.
L’innovation sociale comme moteur de transformation
Les entrepreneurs sociaux jouent un rôle clé dans cette transition. Ils apportent des solutions innovantes aux défis sociaux et environnementaux. Cocoshaker accompagne ces entrepreneurs en leur fournissant un soutien adapté à leurs besoins spécifiques :
« Nous accompagnons des entrepreneurs qui cherchent à répondre à un besoin social ou environnemental sur leur territoire. Leur modèle économique est un outil pour l’impact, et nous les aidons à le développer de manière durable. »
L’innovation sociale est donc un moteur de transformation qui peut inspirer d’autres entreprises à adopter des pratiques plus responsables.
Pour inciter à l’action, il est crucial que les entreprises montrent l’exemple. Cela passe par des actions concrètes et visibles au quotidien. Tristan Colombet partage une initiative simple mais efficace mise en place chez Turing 22 :
« Nous avons mis en place un système de vaisselle réutilisable pour les food trucks qui viennent chaque jour. Cela a permis de diviser par dix le nombre de déchets générés, sans nuire au confort des utilisateurs. »
Ces gestes concrets montrent que des changements significatifs peuvent être réalisés sans compromettre le confort ou la qualité de vie des collaborateurs.
La nécessité d’une vision stratégique
Pour aller plus loin, les entreprises doivent intégrer la transition écologique et sociale dans leur vision stratégique. Cela signifie repenser leur modèle économique et leur mode de fonctionnement. Vincent André insiste sur l’importance de cette approche intégrée :
« Nous devons penser à l’avenir de manière globale. Cela inclut la manière dont nous produisons, les matériaux que nous utilisons, et l’impact de nos activités sur l’environnement et la société. »
Cette vision stratégique permet de s’assurer que toutes les actions de l’entreprise sont alignées avec ses objectifs de durabilité.
Il est important de reconnaître les limites et les défis de la transition écologique et sociale. Brigitte Nivet met en garde contre les approches superficielles qui ne prennent pas en compte la complexité de la situation :
« Si nous ne repensons pas notre modèle de manière profonde et systémique, nous risquons de ne pas atteindre les objectifs nécessaires pour répondre aux enjeux actuels. »
Cependant, ces défis représentent également des opportunités pour innover et développer de nouvelles solutions. En mobilisant leurs équipes et en collaborant avec d’autres acteurs du territoire, les PME du Puy-de-Dôme peuvent jouer un rôle de pionnier dans cette transformation.
Transformer les défis en opportunités
Les PME du Puy-de-Dôme montrent qu’il est possible de transformer les défis de la transition écologique et sociale en opportunités. En redéfinissant leur gouvernance et en créant des espaces de dialogue, elles peuvent mobiliser leurs équipes et renforcer leur impact environnemental et social. Ces initiatives inspirantes montrent la voie à suivre pour d’autres entreprises, prouvant qu’une gouvernance innovante et inclusive est la clé pour réussir la transition.
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