Orbimob, première édition d’un événement de cinq jours du 2 au 6 novembre, autour de la mobilité durable, vient confirmer la volonté du territoire d’innover sur ce sujet. Depuis plusieurs années, l’Auvergne a déjà mis en place de nombreux projets tests voire concrets. Le territoire tire dores et déjà des leçons de ses expérimentations, qu’elles s’avèrent positives ou négatives. Voici une vue d’ensemble des projets réalisés, non-exhaustive, pour comprendre l’avenir qu’ils dessinent en terme de mobilité durable en Auvergne.
C’est une ambition d’envergure. Mais pas impossible. Si l’Auvergne devenait la terre d’expérimentation de la mobilité durable ? C’est ce que laisse penser les différentes expérimentations misent en place depuis plusieurs années sur le territoire et qui animent toujours l’actualité.
La mobilité durable englobe trois notions. D’abord sociétale, permettant d’améliorer le confort des déplacements. Économique, en rendant plus performant le marché des déplacements. Puis environnemental, afin de limiter les nuisances. Autant de critères qui se veulent valables aujourd’hui, comme au long terme pour les futures générations, dans le but de favoriser la cohésion du territoire.
Cette transition vers une mobilité durable prend du temps. Tout un changement, qui émane d’abord du niveau national. En France, une loi d’orientation des mobilités a été publiée au Journal officiel en décembre 2019. La loi “transforme en profondeur la politique des mobilités, avec un objectif simple : des transports du quotidien à la fois plus faciles, moins coûteux et plus propres.”
A titre d’exemple, Grenoble, ville relativement comparable à Clermont-Ferrand en terme d’habitants (environ 140 000 pour Clermont-Ferrand et 160 000 pour Grenoble) a récemment fait l’actualité pour expérimenter la mobilité durable sur son autoroute. Depuis le 30 septembre dernier, une partie de l’A 48 près de Grenoble est aussi réservé aux véhicules ayant recours au covoiturage en cas d’embouteillages. Plus précisément, ce tronçon laisse maintenant l’avantage aux bus, taxis, véhicules embarquant deux passagers minimums ou à très faible émission grâce à la vignette Cirt’air 0. Un projet inédit en France puisque seuls les bus et taxis pouvait bénéficier d’un accès prioritaire sur les autoroutes avant cette loi d’orientation des mobilités en décembre 2019. Avec cette initiative mêlant environnement et solidarité, la ville de Grenoble décide donc de voir plus loin et d’encourager un changement de mobilité.
Comprendre le territoire
Dans un registre parfois très similaire ou totalement différent, l’Auvergne, plus discrètement, apparaît depuis plusieurs années et encore aujourd’hui, comme le terrain d’essai de nouvelles mobilités et de réflexion autour de la durabilité.
Avant d’évoquer certaines initiatives emblématiques de l’Auvergne dont les leçons sont à tirer aussi bien par les échecs que les réussites, il faut analyser le territoire pour comprendre ce qui est possible. David Dubois, chargé d’études transports et services de mobilités au Cerema Centre-Est, met en avant la dimension “aussi complexe qu’intéressante” de l’Auvergne. Il définit la région comme “un territoire plus rural que la moyenne”. Mais alerte sur son manque de visibilité. “On peut avoir l’impression qu’il ne s’y passe pas grand chose, mais c’est faux. C’est qu’il y a très peu de visibilité dans ce territoire. D’ailleurs en Auvergne, il est très compliqué de lister tous les projets réalisés en terme de mobilité.”
Un problème, “général en France, constate-t-il. Mais ce déficit d’informations touche surtout les personnes les plus précaires. On peut se dire que ceux qui n’ont pas accès à Internet n’ont pas accès aux informations et donc potentiellement ; ils ont encore plus besoin que quelqu’un qui a accès aux informations et qui pourrait avoir à disposition des alternatives facilement. Cet enjeu n’échappe pas à l’Auvergne.”
Au sein même du territoire, l’enjeu de la mobilité est “partout, insiste-t-il. Qu’une voiture roule en campagne ou dans le centre-ville de Clermont-Ferrand par exemple le problème de pollution sera le même.” Et relève la complexité du territoire qui comprend “une partie beaucoup plus rurale où il y a des difficultés géographiques comme des reliefs.”
Les projets de mobilités innovants sont, par nature, plus simples à concrétiser dans les grandes agglomérations de la région, comme l’explique David Dubois. “Dès qu’on a une grosse agglomération, on a plus de personnels, plus de bénéficiaires ou encore plus d’ingénierie. Dans ces zones il y aussi des chargés de mission, alors que ce n’est pas le cas partout.”
Autant de difficultés et d’enjeux qui ont donc laissé place à de nombreuses expérimentations en Auvergne, voire projets durables désormais ancrés dans le temps. Tous adaptés donc, à leur territoire et au besoin de leurs habitants.
Orbimob’, pour réfléchir l’avenir du territoire
C’est donc dans ce contexte sanitaire que démarre Orbimob. Avec pour ambition “de devenir en six ans un pôle de référence dans les domaines de l’éducation, de la recherche, de l’expérimentation et de la mobilisation citoyenne sur la mise en place de mobilités territoriales performantes et durables”.
Le dispositif lance la première phase de mobilisation territoriale et d’actions du 2 au 6 novembre, avec des rendez-vous au niveau des quatre départements de l’Auvergne. Six sites sont concernés : Aurillac, Clermont-Ferrand, le Puy-en-Velay, Montluçon, Moulins et Vichy. De la cybersécurité à la culture, en passant par l’énergie et le handicap, une série d’événements va se tenir, en présentiel ou en visio pendant cinq jours. Des échanges qui vont s’appuyer sur les divers retours d’expériences aussi bien à l’échelle mondiale que locale sur le sujet de la mobilité, pour lancer de nouvelles initiatives. Le programme de l’événement est à retrouver dans l’agenda du Connecteur.
Lire aussi : Fail & Success, l’innovation « mobilité durable » en 4 exemples.