Innovation : des solutions adaptées aux attentes des seniors

Innovation : des solutions adaptées aux attentes des seniors

Le vieillissement de la population est un fait établi en France : il y a aujourd’hui plus de 15 millions de retraités, contre 5 millions il y a quarante ans. À l’heure où l’espérance de vie augmente, un nouveau défi s’impose à notre société : comment prolonger non seulement la vie, mais la vie en bonne santé ?
Face à cette question essentielle, le concept de « bien vieillir » s’impose, mobilisant autant les pouvoirs publics que les acteurs économiques et associatifs. De plus en plus, on ne parle plus uniquement de soins aux aînés mais de favoriser leur autonomie et leur épanouissement tout au long de la vieillesse.
La première édition des « Prix Innovation Autonomie » organisée par la CARSAT Auvergne, illustre cette mobilisation et vise à encourager des solutions concrètes et innovantes pour les seniors. En effet, les personnes de 60 ans et plus représentent 26,2 % de la population de notre région et la CARSAT Auvergne assure la gestion des retraites de 91.6 % des retraités du territoire.

Dossier spécial en partenariat avec la Carsat Auvergne.

Le bien vieillir, un concept multidimensionnel

En 2023, l’âge moyen des retraités est de 74,9 ans, légèrement plus élevé pour les femmes (75,5 ans) que pour les hommes. Le bien vieillir devient alors un enjeu majeur.
Vieillir en bonne santé, c’est d’abord rester actif le plus longtemps possible. Mais cela ne se limite pas au physique. Le bien vieillir intègre aussi une dimension psychologique et sociale.

Vivre bien, c’est préserver son autonomie, ses interactions sociales, et ses capacités mentales. En France, l’espérance de vie sans incapacité – c’est-à-dire les années durant lesquelles on peut vivre sans limitations sévères d’activité – est aujourd’hui de 64,1 ans pour les femmes et 62,7 ans pour les hommes.

Par comparaison, l’espérance de vie globale dépasse les 80 ans. Ce décalage souligne l’enjeu de retarder les fragilités de l’âge. En effet, il s’agit d’éviter que les dernières années de vie ne soient dominées par la dépendance.

Les trois dimensions pour l’innovation chez les seniors

Les trois dimensions principales du bien vieillir sont : l’activité physique, la nutrition, et la socialisation.

  • L’activité physique est essentielle pour prévenir la perte d’autonomie et réduire le risque de maladies chroniques. Pourtant, la sédentarité reste importante parmi les personnes de plus de 55 ans. Environ 50 % des femmes et 30 % des hommes dans cette tranche d’âge n’atteignent pas le niveau d’activité recommandé. La marche, le jardinage, ou encore le yoga sont autant d’exercices simples et bénéfiques pour le maintien de la mobilité. Face à cette réalité, les caisses de retraites mettent en place des initiatives pour promouvoir une activité régulière, adaptée et bénéfique.
  •  La nutrition joue également un rôle crucial. On estime que 30 % des personnes de plus de 70 ans vivant à domicile sont exposées au risque de dénutrition. C’est une situation aux conséquences graves pour la santé et la qualité de vie des seniors. La dénutrition affaiblit le système immunitaire et réduit la masse musculaire. Ceci accroît le risque de chute et de dépendance. Pour pallier ce problème, des programmes de sensibilisation encouragent les seniors à adapter leur alimentation. Un accent particulier est mis sur l’importance de protéines et de vitamines dans leur régime.
  • La socialisation est le troisième pilier du bien vieillir. Elle aide à maintenir l’équilibre mental et émotionnel des seniors. Elle participe également à la prévention des pathologies comme la dépression ou le déclin cognitif. Néanmoins, 27 % des personnes de plus de 60 ans se disent isolées. Ceci représente un facteur de risque majeur pour leur santé. Les ateliers intergénérationnels, les associations et le bénévolat sont des moyens de briser cette solitude et de renforcer les liens sociaux.

Des défis sociaux et régionaux qui se multiplient

Le vieillissement de la population impose d’importants défis économiques et sociaux, tant au niveau national que régional. Depuis la récente réforme de 2023, l’âge de départ à la retraite est passé progressivement de 62 à 64 ans, influençant les attentes et les besoins des futurs retraités. Ceux qui approchent de l’âge de la retraite envisagent désormais de travailler plus longtemps, mais aussi de se préparer davantage pour leur santé et leur bien-être après leur carrière.
Les disparités entre hommes et femmes demeurent criantes. Ces dernières, qui ont souvent des carrières plus courtes ou moins bien rémunérées, touchent des pensions de retraite plus basses, ce qui les rend plus vulnérables à la précarité. Ce constat plaide pour des politiques de soutien social mieux adaptées aux réalités économiques des femmes retraitées.
Au niveau régional, certaines zones se retrouvent particulièrement en tension en raison de la concentration de la population retraitée. En Île-de-France, en Rhône-Alpes et dans le Sud-Est, les besoins en infrastructures, services de santé et logements adaptés augmentent fortement. Les Caisses de retraite, notamment les Carsat, adaptent leurs actions dans ces zones pour répondre aux besoins spécifiques des populations locales. Elles proposent des programmes de prévention, des ateliers Bien Vieillir ou encore des aides pour le maintien à domicile.

Encourager l’innovation pour des seniors épanouis

Pour relever ces défis, encourager l’innovation dans le secteur de la Silver économie est essentiel. De nombreuses initiatives sont développées sur le territoire.
Le média spécialisé “Silver Eco” a récemment organisé le Festival Silver Eco au Palais des Festivals de Cannes. L’objectif étant de mettre en lumière des projets innovants en France sur le bien vieillir.

L’Assurance Retraite (CNAV et son réseau de CARSAT/CGSS), partenaire de l’évènement, quant à elle, a déployé au national un accélérateur spécialisé “VIVA Lab” en partenariat avecFrance Active, la Banque des Territoires, l’Agirc-Arrco et la Msa pour permettre à des projets innovants de passer à l’échelle. À ce jour, plus de 46 solutions ont été accélérées. Elles ont généré plus de 100 emplois et apportent des réponses concrètes aux besoins des seniors. Des projets tels que C-DIET, un programme nutritionnel, ont été accélérés. Ils montrent comment la technologie et l’innovation peuvent contribuer au bien vieillir en France.

Au niveau plus local, l’incubateur ESS Cocoshaker a développé des sprints thématiques “Vieillir en santé” avec ses partenaires. Ces journées sont destinées aux porteurs de projets qui souhaitent s’engager sur cette thématique. Elles ont pour objectif de leur apporter des pistes de solutions.

Quant à la Carsat Auvergne, elle lance cette année pour la première fois les Prix « Innovation Autonomie ». Ils visent à accompagner humainement et financièrement des entrepreneurs auvergnats ayant déjà validé une preuve de concept. Ils encouragent les startups à s’engager dans des projets à fort impact social, en plaçant les seniors au cœur de la réflexion.

Une mobilisation collective pour l’innovation au service des seniors

Face à l’ampleur des enjeux liés au vieillissement, il est clair que la question du bien vieillir ne peut pas être abordée seulement à travers des politiques publiques. La société, dans son ensemble, doit se mobiliser pour construire une vieillesse de qualité.

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.