Le Massif du Sancy sous pression face au changement climatique

Le Massif du Sancy sous pression face au changement climatique

L’eau monte, le barrage tombe et la rivière reprend ses droits

Situé dans le Massif central, à environ 50 km au sud de Clermont-Ferrand, le Massif du Sancy est une région connue pour ses paysages volcaniques et ses sources, qui donnent naissance à la Dordogne. Ce territoire montagneux combine des reliefs escarpés, un sol imperméable, et un climat riche en précipitations. 
Ces caractéristiques, longtemps sources de richesse naturelle, deviennent aujourd’hui des défis majeurs à cause du changement climatique. De plus, les crues plus fréquentes, les glissements de terrain et inondations perturbent la vie quotidienne, en particulier dans les communes du Mont-Dore et de La Bourboule. 
Pour répondre à ces défis, le projet LIFE Dorsancy, financé par l’Union européenne, propose des solutions concrètes et naturelles pour rendre le territoire du Sancy plus résilient face au changement climatique.

Le Sancy, du volcan au torrent 

Le Massif du Sancy, au cœur du Massif central, combine des reliefs pentus, un sol imperméable et des précipitations importantes. Ce cocktail naturel favorise un ruissellement rapide, augmentant les risques de crues et de glissements de terrain.

Ces caractéristiques naturelles, longtemps maîtrisées, deviennent aujourd’hui plus problématiques face à l’intensification des phénomènes climatiques. « Les crues sont plus fréquentes et plus violentes, » souligne Guillaume Laloge-Neige, animateur du SAGE Dordogne Amont. Les habitants et les élus locaux sont confrontés à des défis croissants, entre gestion des infrastructures, protection des biens et anticipation des risques.

Le Mont-Dore, résister ou s’adapter ?

Le Mont-Dore, station de ski réputée chez les auvergnats, est un exemple frappant des défis auxquels le territoire est confronté. Par exemple, le parking situé à l’entrée de la ville, est régulièrement détruit par les crues de la Dordogne. Guillaume Laloge-Neige, animateur du SAGE Dordogne Amont, illustre le problème .« Ce parking, il a déjà été détruit trois fois en cinq ans. Et à chaque fois, la mairie le répare, pour un coût de 500 000 euros à chaque intervention, ce n’est pas tenable dans le temps, ».

Cette situation a poussé les responsables du projet LIFE Dorsancy à proposer une solution radicale : la suppression de ce parking et la reconfiguration du cours de la Dordogne en amont. En d’autres mots, aménager les berges de la Dordogne pour qu’elle dispose d’un espace plus large. Ce changement permettra à l’eau de s’écouler plus lentement et limitera les crues qui touchent les infrastructures comme le parking.

Ainsi, cette approche illustre le changement de paradigme imposé par le changement climatique : s’adapter plutôt que résister.

À La Bourboule, quand la rivière sort de son lit, la ville frémit

Les conséquences des événements climatiques au Mont-Dore se répercutent directement en aval, dans la commune de La Bourboule.  Les sédiments déplacés par les glissements de terrain s’accumulent et provoquent une élévation progressive du lit de la Dordogne, à La Bourboule. En effet, le barrage actuel empêche ces sédiments de s’écouler naturellement, aggravant le risque de débordements lors de fortes pluies. 

Pour répondre à cette problématique, le projet LIFE Dorsancy prévoit la démolition du barrage actuel, qui retient les sédiments, pour le remplacer par un ouvrage plus adapté. En effet, le nouveau barrage est conçu pour s’effacer en cas de forte charge sédimentaire. Il doit ainsi permettre de mieux gérer ces flux.

Écologie pratique : la réponse du Sancy aux défis climatiques

Le projet LIFE Dorsancy ne se limite pas aux infrastructures. En effet, il repose sur des solutions fondées sur la nature, une approche qui consiste à utiliser les processus écologiques pour répondre aux défis climatiques. Parmi les actions prévues :

  • Restaurer les tourbières pour réduire les risque d’inondations qui touchent les habitations en aval. 
  • Stabiliser les pentes du Val d’Enfer et limiter les coulées de boue qui peuvent perturber les routes et les sentiers
  • Réouvrir les ruisseaux sous les pistes de ski pour réduir les débordements 

Ces solutions s’appuient sur une concertation étroite entre élus, techniciens, associations et habitants. « Il faut travailler avec la nature, et non contre elle, » rappelle Guillaume Laloge-Neige. Cette philosophie est au cœur de LIFE Dorsancy, qui ambitionne de transformer les contraintes en opportunités.

Comment financer la transition écologique du Sancy ?

Les transformations prévues par le projet ont des implications profondes pour les habitants et les acteurs économiques locaux. En effet, le modèle économique traditionnel, basé sur le tourisme hivernal, se heurte à la réalité du réchauffement climatique. La neige, autrefois abondante, devient plus rare, et les stations doivent se diversifier. D’ailleurs, LIFE Dorsancy mise avant sur la  préservation de la biodiversité.

De plus, pour les collectivités, ces changements représentent un investissement financier et politique important. Le projet LIFE  s’élève à 13,7 millions d’euros d’investissements. Il est financé à 35 % par l’Union européenne, 3 % par l’Ademe et le département du Puy de Dôme, et 26 % par des collectivités et entreprises locales. Ce montage financier montre l’importance d’une collaboration entre acteurs publics et privés

Apprendre du Sancy : un territoire en mutation climatique

Ainsi, le Massif du Sancy et la Haute Vallée de la Dordogne illustrent les défis auxquels sont confrontées de nombreuses régions face au changement climatique. En proposant une approche globale, mêlant infrastructures innovantes, restauration écologique et transition économique, LIFE Dorsancy souhaite démontrer qu’il est possible de répondre à ces enjeux de manière durable.

Ce qu’il faut retenir du projet Life Dorsancy

Stratégies prioritaires :

  • Protéger les zones naturelles vulnérables.
  • Réduire les risques d’inondation.
  • Préserver la trame noire , c’est-à-dire, des espaces préservés de toute pollution lumineuse. Ces zones sont essentielles pour la faune nocturne.

Travaux concrets :

  • Réhabiliter les cours d’eau du domaine skiable.
  • Réaménager la rivière à La Bourboule.

Adaptation des infrastructures :

  • Démolir et renaturer le barrage hydroélectrique de La Bourboule.

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.