Pierre Delmas est l’ancien dirigeant et cofondateur de la société 4D Virtualiz, créée en juillet 2014. Elle est issue de travaux de recherche en laboratoire, notamment le Labex IMobS3. En juin dernier, 4D Virtualiz est devenue une filiale d’un grand groupe canadien. Les cofondateurs sont restés au sein de la société mais ne sont plus en charge de la direction. Pour Pierre Delmas, cela a apporté une nouvelle dynamique, notamment sur le plan international. C’est une expérience intéressante, même si cela change de la gestion quotidienne d’une start-up et n’empêche pas de maintenir l’ancrage et les collaborations locales. Il participait donc à l‘inauguration de la plateforme PAVIN météo Extrême.
Une origine académique
Nous sommes deux fondateurs, Florent et moi-même, et nous avons créé l’entreprise après y avoir réalisé nos thèses. La société est directement issue de nos travaux de thèse.
Ensuite, la collaboration avec les acteurs locaux, comme la plateforme PAVIN, s’est faite naturellement. En tant que start-up, nous faisons partie de cet écosystème, mais nous travaillons également avec d’autres partenaires. Le CEREMA fait partie des partenaires avec lesquels nous avons eu l’occasion d’échanger et avec qui nous entretenons des relations, que ce soit à travers des projets ou des événements comme celui-ci. C’est important pour nous, car l’innovation ne se fait pas seul. Il faut savoir s’entourer de personnes compétentes. Collaborer avec ces acteurs nous permet d’évoluer, et en retour, nous promouvons leurs actions auprès de nos clients.
Des outils de simulation
Pierre Delmas : Nous sommes éditeurs de logiciels. Nous développons des outils de simulation pour la robotique mobile. En quelque sorte, nous créons des « jeux vidéo » dans lesquels nous simulons l’environnement en 3D, les plateformes robotiques, les véhicules, ainsi que les capteurs. Ces simulations sont destinées aux intégrateurs en robotique, qui peuvent ainsi tester et valider leurs algorithmes dans un environnement virtuel, très proche de leurs cas d’usage réel.
Nous travaillons dans divers secteurs, notamment l’automobile, la défense, l’agriculture et l’industrie. Par exemple, nous avons eu l’occasion de collaborer avec Michelin. Nous travaillons surtout dans le secteur de la défense, où nous sommes reconnus, notamment par des groupes comme Safran Electronics & Defense, KNDS (anciennement Nexter), et dans toute l’Europe, avec des entreprises comme Thales Defense, entre autres.
Des interactions et un ancrage local
Pierre Delmas : Nous restons très attachés à cet écosystème local. C’est d’ailleurs pour cela que je suis ici aujourd’hui, pour voir comment les choses évoluent et participer aux actions menées. Il y a une réelle dynamique ici, avec de belles initiatives, et c’est important pour nous d’en faire partie et d’aller encore plus loin.
Je constate qu’il y a effectivement une dynamique européenne et internationale autour de ces sujets à Clermont-Ferrand. Que ce soit dans le domaine de l’automobile ou de l’agriculture, il y a des acteurs locaux reconnus. Les laboratoires jouent un rôle crucial en mettant en avant les technologies, même s’ils ne sont pas toujours directement impliqués dans la production. Nous collaborons aussi avec des grands groupes et des acteurs locaux dans ce domaine.
Êtes-vous un utilisateur potentiel de la plateforme PAVIN Météo Extrême ?
Pierre Delmas : Aujourd’hui, nous collaborons, mais nous ne développons pas directement des algorithmes pour la robotique mobile. Notre métier, c’est de fournir des outils qui facilitent la mise au point de ces algorithmes. Ce que nous recherchons, c’est l’échange d’expérience : comment les utilisateurs se servent de nos outils, et quelles sont les nouvelles thématiques à explorer pour guider nos développements et apporter une vraie valeur ajoutée. Nous essayons toujours d’innover et de rester en avance sur le marché.
Quels sont vos futurs sujets de développement ?
Pierre Delmas : C’est un peu confidentiel… mais ce que je peux dire, c’est qu’il y a beaucoup de défis à relever dans le domaine de la robotique. La robotique, ce n’est pas facile. Auparavant, les robots évoluaient dans des environnements fermés et maîtrisés, comme les usines. Aujourd’hui, les robots se retrouvent dans des environnements ouverts, comme les villes ou les champs, où ils doivent interagir avec tout ce qui les entoure, et c’est là que les difficultés se multiplient. Comment un robot doit-il réagir dans un environnement imprévisible ? C’est un énorme défi.
En agriculture, par exemple, les robots évoluent souvent dans des champs, donc l’environnement est partiellement contrôlé. En revanche, pour les véhicules autonomes, on parle beaucoup de leurs capacités, mais on ne les voit pas encore sur les routes parce qu’il y a encore trop d’incertitudes à gérer. C’est un enjeu majeur aujourd’hui : comment faire face à ces incertitudes et garantir une certaine fiabilité ?
Les plateformes type PAVIN peuvent-elles contribuer à répondre à ces enjeux ?
Pierre Delmas : Absolument. Ces plateformes sont très importantes pour offrir des métriques fiables et des résultats mesurables. Elles apportent des éléments concrets qui nous permettent de progresser vers une plus grande certification des technologies robotiques et autonomes. Cela manque aujourd’hui, mais c’est essentiel pour avancer dans ces domaines.