Jean-François Caron a été maire de Loos-en-Gohelle dans le Pas-de-Calais de 2001à 2023. Il est reconnu pour son engagement -concret- en faveur de la transition écologique et sociale. Il s’est traduit dans la transformation de l’ancienne commune minière en un modèle de résilience écologique. Pour l’ADEME, Loos-en-Gohelle est « le premier démonstrateur national de conduite de changement territorial ». Son mantra: des projets d’aménagement durable, du dialogue et beaucoup de participation citoyenne.
Assez logiquement, JF Caron est également président de La Fabrique des Transitions. Il intervenait en clôture du Parcours Avenir Montagnes Ingénierie, en octobre 2024. Pour lui, la force de ce programme repose sur une compréhension fine et globale des réalités des territoires de montagne. Il s’appuie sur une « analyse sensible » des dynamiques locales. Plutôt qu’une suite de petites interventions, il s’agit de concevoir un projet de territoire systémique et durable. Dans cette optique, la gouvernance doit être plus ouverte, intégrant les acteurs dans une vision partagée. « Sans une coopération renforcée, on ne transforme pas un territoire de façon durable. » Les résistances au changement sont aussi ancrées sur des images, des traditions familiales. Des propos tels que « Mon grand-père était moniteur de ski, mon père aussi », soulignent en fait l’attachement à cet héritage culturel. Il est donc important que la démarche dépasse les approches sectorielles pour aborder une mutation collective profonde.
Coopération et ingénierie du changement
C’est pourquoi, le programme priorise la coopération. Une coopération entre élus, agents de collectivités, socio-professionnels et représentants de l’État qui constituent ce que le programme désigne sous l’appellation les « 4 Fantastiques ». Pour transformer ces groupes de pairs en leviers d’action efficaces, le parcours mise sur une ingénierie de la coopération. Une compétence vraiment cruciale et parfois plus difficile à mobiliser – et financer- que l’ingénierie technique. Pourtant, renforcer ses outils de conduite du changement et apprendre à gérer les controverses et les conflits sont des conditions de réussite vraiment fondamentales. « Coopérer, ça s’apprend et ça se construit. » La facilitation, au cœur de ce processus, aide chaque acteur à s’exprimer et à comprendre le point de vue des autres. Ces interactions favorisent l’émergence d’une gouvernance inclusive, essentielle pour que chacun puisse s’approprier le projet.
Transmettre, même aux absents
Pour la Fabrique des transitions, l’un des défis, relevé par JF Caron, est celui de la transmission de la dynamique de transition entre les élus engagés dans le parcours et ceux qui n’y participent pas. « Ceux qui vivent cette expérience reviennent remplis d’envie de transformer, mais leurs collègues les regardent parfois avec distance. » Il souligne l’importance d’étendre cette acculturation au plus grand nombre pour assurer la cohérence du changement au sein des institutions. Ce processus d’apprentissage collectif est essentiel pour que les actions de transition ne soient pas seulement portées par quelques pionniers, mais deviennent une culture partagée au sein des territoires.
Engagement et montée en compétences
Pour ancrer les transformations, le Parcours Avenir Montagne incite les « 4 Fantastiques » à prendre des initiatives concrètes et à monter en compétences. Grâce aux projets pilotes, chaque territoire peut tester des actions et améliorer ses pratiques. « Ce sont ces projets tangibles qui créent de l’adhésion et renforcent la coopération. » JF Caron note que l’engagement dans l’action, que ce soit à travers des chartes forestières ou d’autres initiatives locales, permet aux participants de développer de nouvelles compétences et d’évoluer collectivement vers une autonomie accrue. C’est cette montée en compétences qui, selon lui, transforme les visions en actions.
Une vision concrète et des échanges fertiles
JF Caron conclut en insistant sur la dimension concrète et opérationnelle de cette transformation. Ainsi, il évoque l’importance de créer des résultats visibles pour que les habitants et les élus y trouvent un intérêt tangible. « Les échanges et les croisements entre territoires seront les plus fertiles. Ce sont eux qui permettent de s’inspirer mutuellement. » En encourageant une approche concrète et des collaborations entre territoires, Avenir Montagne vise à développer des pratiques reproductibles. Pratiques qui inspirent d’autres régions, faisant de chaque territoire un acteur clé de la transition. Et conduisent aussi à former une communauté d’ambassadeurs pour amplifier le mouvement.