Les volcans d’Auvergne, terrains d’expérimentation
Durant une semaine, l’Auvergne a accueilli des représentants de sites naturels habités venus d’Europe, d’Asie et d’autres continents pour partager leurs expériences.
Le workshop organisé l’Association internationale des sites naturels habités, a mis en lumière son ambition. Elle souhaite inventer des modèles de gouvernance et de gestion adaptés aux sites naturels habités. Cet événement s’est voulu un incubateur d’innovations pour concilier préservation de la nature et activités humaines.
Jean-Yves Gouttebel est président de l’association et ancien président du Conseil départemental du Puy-de-Dôme. Il décrit ce défi comme une opportunité : «L’objectif de l’association est de réfléchir ensemble à la manière de gérer ces espaces. Ces paysages exceptionnels sont aussi des terrains d’expérimentation pour des solutions locales, reproductibles ailleurs dans le monde. »
L’inscription UNESCO, un label pour avancer, pas pour s’arrêter
En Auvergne, la chaîne des Puys – faille de Limagne est un exemple emblématique. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle doit désormais répondre aux exigences de préservation et de valorisation liées à ce label. « L’inscription à l’UNESCO n’est pas un aboutissement, mais une étape qui doit nous conduire à valoriser ce territoire et à en assurer la gestion, » souligne Jean-Yves Gouttebel.
Cette reconnaissance a également été un levier pour mobiliser différents acteurs : élus locaux, agriculteurs, associations et décideurs publics. Cette phase de collaboration a permis de construire un projet de territoire. Ce projet est destiné à évoluer en fonction des besoins et des enjeux.
Faire dialoguer les acteurs pour protéger la nature
La gestion des sites naturels habités implique souvent des intérêts divergents entre les différents acteurs. « Gérer un espace naturel, c’est mettre autour de la table des personnes qui n’ont pas forcément des intérêts convergents, voir quels sont leurs objectifs, et chercher à les rendre compatibles, » explique Gouttebel. Lors de la candidature à l’UNESCO, cette approche a permis de rassembler les communautés locales autour d’un projet commun.
Aujourd’hui, cette méthode se poursuit dans une deuxième phase, orientée vers le développement et l’échange de bonnes pratiques avec d’autres sites à l’échelle mondiale. « Il s’agit de poser les questions qui fâchent pour trouver des solutions qui rassemblent. »
Inventer un tourisme durable
L’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO a également entraîné une augmentation de la fréquentation touristique. Bien que cette dynamique soit bénéfique à l’économie locale, elle nécessite une gestion rigoureuse pour éviter la surfréquentation et ses impacts négatifs. « Il faut organiser et répartir la fréquentation dans le temps, canaliser les flux et faire preuve de pédagogie, » explique Jean-Yves Gouttebel.
Un exemple concret est le train du puy de Dôme, conçu pour réguler les flux touristiques tout en préservant le site. Cette infrastructure permet de répondre aux attentes des visiteurs tout en limitant les pressions sur l’environnement.
Les bergers, premiers alliés des volcans d’Auvergne
Un autre enjeu soulevé est la préservation des paysages, en lien avec le changement climatique. Sans l’activité pastorale, la chaîne des Puys serait envahie par la forêt, modifiant son identité volcanique unique. « Le pastoralisme enrichit considérablement le site. S’il n’était pas là, il faudrait presque l’inventer, » affirme Gouttebel.
Cette activité traditionnelle reste essentielle pour maintenir l’équilibre écologique et paysager du territoire. Intégrer les habitants et valoriser leur rôle sont des étapes indispensables pour une gestion durable.
Au fil du dialogue
La préservation des sites naturels exceptionnels ne peut se faire sans intégrer ceux qui y vivent. La conciliation entre présence humaine et nature est un défi, mais aussi une opportunité. « Construire un projet de territoire, c’est d’abord construire un dialogue », conclut Jean-Yves Gouttebel. Une leçon d’Auvergne pour le monde entier.
