Par Joséphine CAPITANT
Devana est le projet porté par Laurine Messager, Fanta Goita, Valentin Gueranger, Aymeric Laissus. Issus de formations différentes et munis de compétences complémentaires, ils ont unis leur force pour (à l’image de la déesse slave Devana) sauver la faune !
Leur prix « innovation » du prix Entrepreneuriat Etudiant édition 2020 confirme la solidité de leur projet et les conforte dans leur désir de le porter le plus loin possible.
Aymeric s’est fait le porte-parole de l’équipe et a répondu à mes questions.
Quel est le parcours de chacun ?
On est tous étudiant en école d’ingénieur dans des domaine différents.
Laurine est en 2e année à VetAgroSup qui est l’école d’ingénieur en agronomie. Fanta et Valentin sont à SIGMA en mécanique et moi (Aymeric) je suis à ISIMA en informatique.
On a commencé à travailler sur notre projet dans le cadre du module entrepreunariat organisé par nos trois écoles. On était accompagné par des professionnels, l’objectif était de faire la conception d’un produit et d’avoir une ébauche du business modèle, du plan commercial, de la communication, etc. Finalement on a réussi à avoir la première place du Rallye entreprenariat qui avait lieu à la fin de ce module. Clermont Auvergne Pépite nous a alors proposé de nous accompagner, puis on a demandé le statut d’étudiant entrepreneur qu’on a obtenu.
Comment vous-êtes vous rencontrés ?
On ne se connaissait pas du tout avant ce module, le but était de rapprocher les écoles et leurs étudiants pour avoir une diversité culturelle et de compétence donc les groupes étaient faits de manière aléatoire. Au fur et à mesure du temps passé ensemble pour developper le projet on est devenu assez proche.
D’où vient le nom « Devana » ?
On voulait un nom qui ait du sens, alors on a souhaité avoir un nom avec une résonance étymologique. On a donc fait des recherches, au début on est parti sur des dieux grecques communs mais ils sont un peu classiques et ça ne correspondait pas vraiment à ce qu’on recherchait. Puis on a découvert la déesse slave Devana qui est la déesse de la protection de la faune sauvage, ça correspondait parfaitement à notre produit.
Quel est le concept de votre produit ?
L’objectif du projet c’est de créer un dispositif qui utilise les ultrasons pour faire fuir les animaux souvent victimes des machines agricoles lors des travaux des champs. Il sera donc fixé sur les machines pour éviter que les animaux ne se fassent prendre dans les machines.
Ça concerne tous les petits mammifères qu’on peut trouver dans les champs mais aussi les animaux un peu plus gros comme les sangliers. Le but c’est d’avoir un produit suffisamment diversifié pour protéger le maximum d’animaux.
Et pour les insectes ?
Oui, il faut savoir qu’il y a une gamme très large d’ultra-sons, l’oreille humaine peut entendre entre 20 et 20 000 hertz. Les ultra-sons c’est tout ce qu’il y a au-dessus de 20 000 hertz. Les animaux ont chacun une gamme de fréquences différente et, comme pour l’homme, il y a des sons qui vont déclencher la fuite. Ça fonctionne de la même manière avec les insectes, seulement ces ultras-sons qui les concernent vont être plus hauts.
Pour le moment les machines qu’on vise c’est surtout les faucheuses. Pour les prairies, etc. ce ne sont pas de moissonneuse-batteuses qui sont utilisées, mais une petite machine qui est fixée sur le côté du tracteur et c’est elle qui fait beaucoup de dégâts.
Donc l’idée c’est de fixer les boitiers directement sur les machines pour couvrir la zone devant le tracteur et faire fuir les animaux.
Qui s’occupe de quoi ?
Avec Laurine on gère surtout la communication. En parallèle je m’occupe du côté électronique du boitier et de la trésorerie. C’est Laurine qui va avoir toutes les connaissances en agronomie, donc en comportement animal et qui a les contacts au niveau agriculture.
Valentin et Fanta s’occupent de la conception du prototype, du modèle, tout ce qui est de la fixation, le matériel, etc.
Et enfin on fait tous des recherche sur l’aspect technique des ultrasons.
Quelle est votre marché cible ?
Notre cible c’est les agriculteurs et notamment les éleveurs parce que ce sont eux qui fauchent. Mais notre produit peut être adapté à d’autres utilisations, je pense par exemple aux communes qui fauchent aussi elles-mêmes leurs parcelles publiques, etc.
Pour l’étude de marché on est allé à la rencontre des éleveurs et ceux qu’on a rencontrés trouvent notre projet très interessant.
C’est très bénéfique d’aller au contact de notre cible: si elle est réceptive et qu’elle trouve notre projet pertinent, elle va nous aider en nous apportant les connaissances qui nous manque et en nous conseillant. Ils ont vraiment envie que ça marche !
Les agriculteurs ont eu cette réputation pendant un moment selon laquelle leur seul objectif serait la production. Mais en fait ils sont sensibles à la protection de la faune: j’ai rencontré un agriculteur en Haute-Marne qui me disait qu’ils avaient mis en place des moyens de réinsertion d’animaux qui avaient été négligés ces derniers années et qui sont en voie de disparition.
Ça représente aussi un avantage économique certain: quand tu percutes un animal, qu’il soit petit ou gros, ça a un impact. Si il est petit tu perds une partie de la récolte, parce que si il est pris dans la fâcheuse tout ce qui a été récolté avant est perdu parce que souillé . Et si c’est un gros animal la machine peut être abîmée voire inutilisable.
Pourquoi êtes-vous personnellement sensibles à cette cause ?
On a tous nos raisons, la principale c’est qu’on est une des générations qui vont devoir faire bouger les choses et faire attention à la planète dont on est de plus en plus conscient. On a été élevé là-dedans, d’autant que la majorité d’entre nous a été élevée au contact du milieu agricole. La cause animale est importante, si on peut apporter notre pierre à l’édifice pour protéger ce qu’il y a de bon sur cette planète c’est génial.
Comment avez-vous eu connaissance de cette problématique agricole ?
Quand on devait trouver notre projet, on ne savait pas forcément vers quoi se diriger, et Laurine a eu un cours sur les dégâts des travaux agricoles sur la faune. En faisant des recherches on a constaté qu’il n’y avait pas vraiment d’alternatives abordables pour protéger les animaux, ou alors elles ne sont pas respectueuses de l’environnement (les répulsifs chimiques par exemple).
Les ultras-sons sont déjà utilisé dans certains cas, l y a des voitures qui sont équipées d’émetteurs ultras-sons pour éviter de percuter un animal sur la route. C’est comme ça que nous est venu l’idée.
Qu’est-ce que ça représente pour vous d’avoir remporté le « prix innovation » du concours PEPITE Enterprise Etudiant 2020 ?
Une vraie opportunité « monstre » pour nous. On sent que notre projet est reconnu, que des professionnels reconnaissent la pertinence et la qualité de notre travail ça nous encourage à continuer. Et le prix qu’on a gagné nous donne une aide financière pour développer un prototype.
Clermont Auvergne Pépite nous a aidé depuis le début et c’est une sacré étape de remporter ce prix.
Qu’attendez-vous de ce projet sur le long terme ?
Avant toutes choses on veut aller jusqu’au bout et que ça aboutisse, pouvoir proposer cette solution aux agriculteurs. On aimerait pouvoir se lancer vraiment et on va tout faire pour prouver au monde que ça marche et que c’est une solution viable pour protéger la faune.
Moment carte blanche, un message à faire passer ?
Tout d’abord merci de nous avoir donné l’opportunité de nous exprimer, ça nous permet de présenter notre projet aux gens donc c’est très intéressant .
J’encourage tout ceux qui ont des idées à se lancer, il n’y aura jamais de fausse bonne idée. Si vous y croyez lancez-vous, au pire ça vous fera de l’expérience, des découvertes et ça vous ouvrira des opportunités dont vous ne soupçonniez pas l’existence.
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