Dans la continuité de notre article précédent,
Le projet Zero Emission Valley grâce au test de l’hydrogène
Dans le domaine l’énergie, la Région Auvergne-Rhône-Alpes affiche l’ambition de “devenir le premier territoire à hydrogène en France et en Europe”, selon le recueil d’expérimentations des mobilités innovantes en Auvergne-Rhône-Alpes (*). En 2017, le Conseil Régional répond à l’appel à projet Blending call 2017 avec le dispositif : programme Zéro Émission Valley (Zev). “L’objectif est de pouvoir mettre en place des stations hydrogènes sur l’ensemble de territoire. Ce projet permet de travailler à la fois sur l’offre et la demande de la mobilité hydrogène”, détaille Agnès Duval, la directrice régionale déléguée de l’Ademe.
Toujours selon le recueil d’expérimentation des mobilités innovantes en AURA (*), la Région prévoit de déployer mille voitures à pile à combustible zéro émission, 20 stations de recharge à hydrogène ou encore 15 électrolyseurs. Mais pour l’heure, les résultats n’atteignent pas ces chiffres, le projet étant sur le long terme. S’“il y a un écosystème très fertile en Auvergne”, constate Agnès Duval, aujourd’hui, seule une station hydrogène a été inaugurée à Clermont en septembre 2019”.
Un projet de taille, “où tout est à construire”, nuance-t-elle. Plusieurs questions doivent encore se poser comme celles “du stockage et de la distribution”.
Ce projet, estimé à un coût global de 50 millions d’euros sur dix ans, a déjà entraîné une réflexion chez les grandes entreprises du territoire. “Par exemple, Michelin réfléchit à ce que ses chariots élévateurs ne soient plus électriques mais hydrogènes.”
Le concours Auvermoov pour expérimenter la mobilité de demain
Anticiper la mobilité n’est pas le seul défi des entreprises. Depuis 2016, le concours Auvermoov, initié par le SMTC-AC et ses partenaires, permet de récompenser des projets innovants sur ce sujet pour les habitants de la métropole de Clermont-Ferrand. Un jury d’experts remet ensuite les lauréats aux start-up pour leur permettre de lancer une expérimentation grandeur nature de leurs projets.
En 2019, après trois éditions, tout un panel d’expérimentation a été mis en place, allant d’une application pour les cyclistes à la mise en place d’une ligne de covoiturage spontanée entre un territoire de montagne et la métropole, en passant par un tricycle à assistance électrique.
Avec ce projet, l’Auvergne affiche cette facette d’expérimentation, comptant des échecs et des réussites en misant sur “des solutions qui peuvent être progressives et réévaluées”. Pour preuve, de nombreux projets ont été portés. Certains font d’ailleurs encore parler d’eux, mais leurs résultats sont à prouver sur le long terme comme Géovelo, Klaxit, Koboo, My Bus, Zouzoucar, Handivalis, Ecov, ou encore le projet Benur (liste complète à retrouver ici)
Lire ici notre article sur la promo 2019
Le projet MobiPlus pour aider les plus précaires dans leurs déplacements
D’autres expérimentations ne sont pas aussi récentes qu’il puisse le paraître, malgré le fait que la notion de mobilité durable soit d’actualité seulement aujourd’hui. Depuis 2005, le Conseil Départemental du Puy-de-Dôme a mis en place une aide financière “MobiPlus” pour favoriser l’autonomie des personnes âgées de plus de 75 ans, des bénéficiaires du RSA et des personnes de moins de 26 ans accompagnées par une mission locale. Une expérimentation qui est devenue durable dans le temps et qui a d’emblée trouver son fonctionnement.
Le but est de lutter contre l’isolement et l’exclusion des personnes les plus fragiles, en offrant des chèques mobilité, utilisables pour les déplacements en taxi, en Bus des Montagnes, avec le réseau Transdôme, pour la caution d’un deux roues ou encore pour des réparations de véhicules auprès du garage associatif Détours Actypoles.
Au 20 octobre 2020, MobiPlus compte 7 344 bénéficiaires et 204 partenaires conventionnés. Un “succès, définit Lucie Pader à la direction de la mobilité du Conseil Départemental du Puy-de-Dôme. Nous avons beaucoup de demandes et ceux qui en bénéficie renouvellent la plupart du temps la demande depuis quelques années.”
Un projet qui a déjà fait ses preuves et qui pour le moment “n’a pas changé dans les critères depuis ses débuts”, mais qui justement, au vue de sa réussite, a été élargie au fil du temps. Après un premier test en 2005 au niveau d’Ambert, cette aide financière a progressivement été mis en place jusqu’au nord et sud de l’agglomération clermontoise. “C’est bon signe que le dispositif n’est pas changé, cela veut dire qu’il fonctionne bien”, certifie-t-elle.
Du covoiturage quotidien depuis les points excentrés
C’est dans un tout autre domaine que l’Auvergne a expérimenté une autre mobilité durable. Celui du partage : le co-voiturage. Malgré l’essor de la plateforme nationale Blablacar, de nombreux vides étaient encore à combler dans le territoire. Parmi les nombreux projets réalisés, l’un mis en place durant un an a utilisé les retours de ses utilisateurs pour ajuster au fur et à mesure son dispositif. Il s’agit du projet Covoit Ici. (Voir notre article sur CovoitIci) En fonctionnement depuis le printemps 2019, ce projet est porté par le Syndicat mixte du parc naturel régional des Volcans d’Auvergne, le SMTC-AC et Covoituage Auvergne pour expérimenter le covoiturage spontané entre Rochefort-Montagne et Clermont-Ferrand sur la RD 2089.
Le dispositif fonctionne avec des arrêts aménagés entre Rochefort et Clermont et basé sur le principe du stop. Le passager doit enregistrer sa demande sur une borne et acheter un ticket au prix de 1,6 euros et le conducteur, lui, voit le message sur un panneau lumineux placé en amont de la borne et peut donc récupérer le passager.
Mis à mal à cause du Covid-19, la période d’application du dispositif a duré environ sept mois. “C’était finalement assez court, mais comme on a beaucoup pris en compte les retours des usagers on a fait beaucoup d’ajustements”, note Virginie Delage du PNR Volcan d’Auvergne, en charge du projet.
Avec une trentaine de trajets par semaine et une communauté de 800 conducteurs potentiels, “un très bon chiffre”, souligne-t-elle, plusieurs problèmes sont survenus au bout de quelque temps. “On a remarqué que beaucoup de personnes voulaient être conducteur, mais pas passager.” Comment l’expliquer ? “Il y a un conflit de pratique à ne pas vouloir laisser sa voiture. Il était difficile de passer de conducteur à passager pour beaucoup de personnes car il n’avait pas la certitude du trajet.” Alors comme solution, en plus d’une garantie pour l’aller qui permettait d’effectuer le trajet en cas d’annulation ou de retard de plus de quinze minutes du conducteur, grâce à une convention passée avec les taxis locaux, “la garantie a été étendue pour le trajet retour”. Un dispositif “quasiment jamais utilisé, mais qui rassure le passager et peut donc utiliser ce système de covoiturage pour l’aller et le retour sereinement”.
Le ticket du passager à 1,60 euros a aussi été élargi à d’autres services. “C’est vrai qu’une fois à Clermont, il faut aussi se déplacer et sans voiture ça peut être compliqué. Les utilisateurs nous disaient qu’ils ne venaient pas pour une seule chose à Clermont. Donc désormais, le ticket du covoiturage permet d’utiliser les bus et tram de la T2C toute la journée afin de pouvoir se balader sur Clermont, sans voiture et repartir ensuite en covoiturant.”
Un ajustement au niveau des arrêts a aussi fait. Comme celui qui était situé Salins. “Ca marchait bien dans un sens, mais pour le retour il y avait un flux trop faible de voitures qui remontent à Rochefort, donc on a décalé à l’arrêt après quelque temps.”
Si depuis la crise sanitaire, le taux de fréquentation est “en chute libre”, regrette Virginie Delage, à l’image du dispositif, elle continue de chercher des pistes pour donner une nouvelle dynamique au projet. “C’est une période compliquée, mais c’est enthousiasmant de travailler selon les retours qu’on a, que ce soit négatif ou positif. Il faut être à l’écoute et créatif. Même si c’est difficile en ce moment, on continue de trouver des solutions.”
(*) Le recueil d’expérimentation a été lancé par la Dreal et les DDT d’Auvergne-Rhône-Alpes en associant l’Etat, l’Ademe et quatre agences d’urbanisme de la région pour présenter les démarches, l’analyse, l’impact ou encore le coût des projets de mobilités innovantes sur le territoire Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre du réseau UrbA4. Le recueil a été publié en juin 2019.