Les confidences de Guillaume Vorilhon de Woom

Les confidences de Guillaume Vorilhon de Woom

Magma est un collectif informel composé des accélérateurs et incubateurs de l’ex-région Auvergne. Il a pour objectif l’échange de bonnes pratiques et de fédérer la communauté des entrepreneurs. L’événement de speed meeting permettant de rencontrer les différentes structures d’accompagnement. Celui-ci a été précédé d’une conférence expirante, Guillaume Vorilhon, cofondateur de la start-up Woom qui vient d’être rachetée raconte son passage par l’écosystème de l’innovation auvergnat. Une intervention qui lève le voile sur des aspects encore trop méconnus de l’entrepreneuriat innovant.

Woom : Il était une fois, deux frères Guillaume et Gaspard avec une idée un peu perchée…

Woom est aujourd’hui une plateforme de réservation d’activités, indoor, outdoor et bien-être, mais “c’est bien loin de l’idée de départ” confesse Guillaume Vorilhon. En 2015, Guillaume est salarié chez Michelin. Il décide de prendre un congé sabbatique pour créer son entreprise avec son frère Gaspard.

Guillaume Vorilhon : « En premier lieu, nous avons intégré l’incubateur Busi, qui existe depuis 1999 et qui a une vraie expertise dans l’accompagnement. Ce qui nous a plu, c’est qu’ils n’ont jamais jugé la pertinence du projet. On réalise aujourd’hui que le concept de départ était très “hippie, fumeur de joints”. C’était un peu farfelu. Quoi qu’il en soit, dès que l’on a intégré l’incubateur, on a réalisé que ça allait forcément changer notre vision. Le fait d’avoir un regard extérieur qui interroge non pas le concept, mais la viabilité du projet est une vraie chance. 

Par la suite, l’équipe de Busi nous a donné de la méthode et des outils. D’ailleurs, l’outil de projection financière qu’ils nous ont proposé à l’époque est celui que l’on a continué à utiliser tout au long de notre développement.

le coworking pour s’ouvrir

La deuxième étape, ça a été l’installation Epicentre Factory. C’était le premier espace de coworking clermontois qui fédérait les acteurs de l’innovation sociale. C’était un vrai lieu de rencontre et de mixité. Les rencontres avec ces différents univers ont été très structurantes pour nous.

Ensuite, on est passé au Bivouac. On faisait partie de la première promo. C’était sympa d’essuyer les plâtres. On était parties prenantes de l’évolution de cette structure. 

Parallèlement à Woom, j’ai voulu monter un autre projet Koachup. L’idée avait émergé lors d’un « start-up week-end » et visait à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes issus des quartiers défavorisés à travers du coaching par des salariés d’entreprises.
Ça nous a apporté une structure des locaux et la deuxième année et de l’expertise. Cette fois-ci, c’est Cocoshaker, un incubateur de projets ESS qui m’a accompagné fort de son expertise et de son réseau dans ce secteur de l’innovation sociale.

Enfin, l’écosystème local nous a soutenus et nous a permis d’initier notre projet financièrement. Nous avons été accompagnés par Sofimac et le Crédit Agricole. 

Une pandémie qui rebat les cartes

Nous devions réaliser une levée de fonds série A en octobre 2020, mais la pandémie a mis un coup d’arrêt à nos activités. Le secteur des loisirs a été fortement impacté tout comme notre trésorerie. Dans ce contexte, nous avons décidé de nous rapprocher de l’entrprise Wiismile d’eux puisqu’il proposait de poursuivre le développement de WOOM et de conserver notre équipe. 

Avec Gaspard, nous avons décidé de ne pas poursuivre l’aventure et je me suis installé à Lyon où je devrais normalement intégrer une structure de l’ESS. 

Les conseils de Guillaume

Responsabilisation
Quand on monte un projet entrepreneurial, que l’on soit incubé ou non, la réussite ou l’échec de notre projet est de notre responsabilité. Ça me semble vraiment important de le rappeler tant aux incubés qu’aux entrepreneurs. 

Exécution terreau de l’innovation
Avant de vouloir changer le monde avec une idée révolutionnaire, je pense qu’il faut d’abord s’intéresser à l’exécution. Chez Michelin, on appelle l’excellence opérationnelle. Pour porter une idée, il faut que les processus soient robustes et que ça réponde véritablement aux besoins des utilisateurs. On travaille par itération, mais ce n’est pas forcément innovant. C’est ensuite que l’on innove, lorsque l’on a construit des fondations solides.

Connaître les outils de gestion
Il faut connaître les outils de gestion et de projection. C’est important d’être accompagné pour construire sa vision, ses objectifs pour trouver son équipe. Ça reste des outils basiques, mais ils sont absolument indispensables pour passer de l’idée au projet entrepreneurial.

Se mettre au niveau des critères de financements parisiens
C’est intéressant de réseauter avec les financeurs basés à Paris. Ils ont des critères et des attentes de performances hyper “challengeants”. Il faut avoir conscience de ça et l’intégrer assez tôt dans la réflexion sur le développement de l’entreprise.

Les projets ESS doivent avoir un véritable modèle économique.
On voit émerger de plus en plus de projets ESS tant mieux. Mais n’oublions pas que les fonds “impact” sont aussi financés par des financeurs qui vont regarder très sérieusement les business model. Il faut être conscient de cela. 

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.