Dans un article de la Harvard Business Review, “Comment naviguer dans la jungle de l’écosystème entrepreneurial”, on trouve cette définition de l’écosystème [il] caractérise un milieu réunissant les conditions pour permettre le développement d’entités vivantes, interagissant entre elles. Qualifié d’oasis, l’écosystème favorable offre à l’entrepreneur, quelle que soit sa maturité, de précieuses ressources. Financières bien sûr mais pas seulement, loin s’en faut. En fonction de son histoire et de sa dimension, il peut être plus ou moins aidant ou au contraire très concurrentiel. Qu’en est il de l’écosystème auvergnat ? quelles en sont les caractéristiques les plus différenciantes ? quels en sont les angles morts ? Nous sommes allés poser la question à trois profils d’entrepreneurs : un créateur? Antoine Maurin, The Geek’s revolt (à paraître), un repreneur, Miguel Correia Da Silva donc et une start up, Since & Co Digital, Sylvie Lechauve. Nous interrogerons aussi Romain Siso, pour le CACF (à paraître).
Quelle est votre histoire ? Que faisiez-vous avant ?
Je suis dans le secteur du dépannage et de la mécanique depuis 23 ans. En 2020, j’ai rejoint la société de dépannage AADR 63 (Assistance Auto Dépannage Remorquage). L’ancien patron voulait arrêter, il cherchait un repreneur. De mon côté, j’avais cette envie qui me titillait de travailler pour moi, d’entreprendre. J’y ai réfléchi longtemps, pour moi, je percevais ça comme un aboutissement, une vraie réussite personnelle.
Donc nous étions en discussion quand un salarié s’est trouvé en arrêt de travail. J’ai donc intégré la société en tant que salarié, pendant les deux années après Covid. Et aujourd’hui, je suis le nouveau gérant depuis le 13 juillet, associé avec mon épouse.
Notre activité historique est le dépannage-remorquage, il y a également une activité de transport de matériel et depuis peu, nous avons démarré un service de garage-réparation. La demande, à notre grande surprise, est importante !
On parle “écosystème”, qu’est ce que cela vous évoque ?
Ce n’est pas vraiment dans mon vocabulaire mais je vois l’idée de l’environnement de l’entrepreneur. Dans mon cas, la première étape c’est l’expert comptable puis, très vite, la banque. J’ai été aiguillé très rapidement vers les réseaux Initiatives et Entreprendre. Ce qui m’a marqué, c’est de voir que tout est relié, la communication entre le Crédit Agricole Centre France et les différents réseaux comme Entreprendre et Initiative est fluide. Cela permet un maillage qui rend sereine et solide cette étape importante pour les entrepreneurs, puisque pour nous, c’est un projet d’une vie.
Personnellement, je n’avais aucune idée de l’existence de tous ces acteurs dédiés à la création d’entreprises. J’ai frappé à trois portes de banques et seul le CACF a réagi positivement et m’a conseillé .J’ai constaté que tous les acteurs – banques ou experts comptables – ne connaissaient pas tous ces dispositifs. Il me semble que tous ceux qui sont susceptibles d’accueillir des créateurs d’entreprise devraient être informés sur tout ce qui existe. Et bien, c’est loin d’être le cas ! Il faut donc aussi une bonne dose de chance et rencontrer les bonnes personnes. J’ai eu cette chance et je les remercie encore 1000 fois. Parce que cela change radicalement la façon dont on démarre son activité.
La chance de rencontrer les bonnes personnes
Ces réseaux amènent des aides au financement mais bien plus: ils accompagnent sur le projet, sur le montage des dossiers financiers. Par exemple, pour le réseau Entreprendre, on est suivi par un parrain, selon ses problématiques personnelles. Ils choisissent plutôt quelqu’un en fonction des besoins de l’entrepreneur. Moi, c’était plutôt sur la gestion, mon parrain est donc plutôt calé sur ce sujet. Et puis il y a l’aspect humain aussi, il faut que ça matche, pouvoir se faire confiance. On a des tableaux de bord à suivre et transmettre… en bref, on est accompagné dans la durée. Mon parrain m’aide ou me conseille mais je reste décisionnaire.
Cet accompagnement s’avère bien facilitant. Si on démarre sur des bases saines, on évite bien des problèmes.
FOCUS Le réseau Entreprendre
Initié par un chef d’entreprise, la philosophie du réseau est l’accompagnement de pairs à pairs. C’est donc une communauté de chefs d’entreprise impliqués localement qui partagent des valeurs et des méthodes communes qui sont engagés dans le réseau. L’enjeu est de favoriser la création d’emplois, mais aussi la pérennité des entreprises, pour contribuer à un écosystème entrepreneurial local solide. Présent dans 126 territoires (en France et dans 9 pays), il fédère des entrepreneurs aguerris qui s’engagent pour épauler des créateurs, des repreneurs ou des entrepreneurs qui entament une nouvelle phase dans la vie de leur entreprise. Ils s’engagent à les accompagner sur 2 ans, bénévolement, ce qui permet au réseau de faire bénéficier de ce dispositif gratuitement les porteurs de projets en leur offrant conseils personnalisés, mentorat de qualité et accès à un réseau professionnel solide. Il leur permet également d’accéder à un financement sous forme de prêts d’honneur pour abonder les fonds propres de l’entreprise, remboursable sur 5 ans.
Les critères
- Un plan de financement de démarrage de plus de 70 000 €,
- que la société soit créatrice d’au moins 5 emplois, créés ou maintenus, à 3 ans
- qu’elle bénéficie d’un prêt bancaire.
- Que la société soit créée depuis moins d’un an ou 6mois après la reprise
- Que le porteur de projet détienne la majorité du capital
- Qu’il ait un réel besoin d’accompagnement.
FOCUS Le réseau Initiatives
La mission de ce réseau englobe le financement et le soutien aux entrepreneurs. Il offre des solutions de financement sous forme de prêts d’honneur à taux zéro, en complément de l’accompagnement. Il est également au cœur d’un réseau de partenaires du financement de l’entrepreneuriat. En Auvergne, il gère certains outils régionaux de financement et de fonds européens (FEDER, Start-Up & Go et Jeremie) et travaille en lien avec une dizaine d’associations locales pour mutualiser et simplifier les interactions pour les porteurs de projets.
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Un accompagnement sur-mesure
Dans mon cas, plus particulièrement sur la posture du chef d’entreprise. On n’imagine pas le parcours dans lequel on s’engage avant de démarrer. Pour moi, il a fallu un an et demi, en particulier pour le montage financier qui était assez complexe, et comme je ne suis pas spécialement sensibilisé à la comptabilité, l’accompagnement m’a été bien utile. Ceci dit, heureusement mon épouse et associée est plus à l’aise.
D’ailleurs, quand mon activité sera bien stabilisée, j’aimerais rendre ce que l’on m’a donné en m’engageant aussi comme parrain.
Elle ne va pas se stabiliser tout de suite puisque j’ai d’autres projets de développement !
Votre conseil à ceux qui hésiteraient ?
Je dirais aux futurs entrepreneurs de surtout bien s’entourer et de trouver une porte d’entrée pour bénéficier pleinement de toutes les ressources pour les créateurs. J’ai joué ce rôle pour un collègue en lui partageant tous les bons contacts : je sais que grâce à moi, il a gagné du temps.
Je leur dirais aussi de ne pas chercher à faire son chemin tout seul, c’est compliqué, on perd du temps et parfois, on peut faire des erreurs difficiles à rattraper par la suite.
Et enfin, je leur conseillerais de ne pas hésiter, de ne pas se laisser décourager par la peur. Quand on a cette envie d’être chef d’entreprise, on trouve toujours la ressource pour parvenir à ses fins.
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