Gamae est une plateforme permettant de jouer à des « Serious Game » sous forme de jeux de table. Depuis peu, ils ont pu installer leurs locaux au sein de l’UMR (unité mixte de recherches) Territoires sur le Campus des Cézeaux à Clermont-Ferrand. Leur démarche est aussi soutenue par l’INRAE (l’institut national de la recherche agronomique) de Clermont-Ferrand.
Les « Serious Game » ?
Les « Serious Game », sont des jeux qui servent des objectifs spécifiques, pédagogiques, informatifs, communicationnels, etc. C’est un moyen de favoriser les échanges entre des acteurs, de faire prendre conscience ou bien d’acquérir de nouvelles connaissances. Comme son nom l’indique, il s’agit de sujets sérieux, inspirés de la réalité.
Pour Gamae, il est essentiellement question de sujets agro-environnementaux et alimentaires territoriaux. L’équipe de Gamae cherche à accompagner la transmission de savoir, basée sur des modèles scientifiques ou sur des connaissances locales. En ce sens, il est ouvert à tous, mais est principalement destiné aux acteurs de l’agroalimentaire et environnemental.
La puissance des jeux
Gamae a déjà permis à 17 agriculteurs de tester différents types de jeux. Ils ont testé des jeux de débats, des jeux de choix et des jeux de tests, et ce, dans le but d’amener de meilleures pratiques dans leur agriculture par la suite. Sylvain Dernat, responsable de la plateforme Gamae, a confié qu’auparavant, pour attirer des participants, il devait cacher le fait qu’il s’agissait de jeux. Maintenant, les gens sont beaucoup plus conscients de la « puissance » que peuvent avoir les jeux.
Gamae une plateforme unique en France
Gamae, c’est un projet unique porté par une équipe de quatre personnes et tout un écosystème de partenaires :
- Sylvain Dernat : ingénieur en sciences sociales, docteur en sciences de l’éducation ;
- François Johany : ingénieur en sciences sociales ;
- Gilles Martel : chercheur en zootechnie ;
- Médulline Terrier-Gesbert : ingénieur chargé de l’innovation.
Une cinquième personne devrait rejoindre l’équipe en début d’année.
Des intervenants sont associés au développement de chaque projet (chercheurs, étudiants…). Ils peuvent également être sollicités comme bêtatesteurs. Grâce à leurs retours constructifs, des améliorations dans le game design peuvent être apportées.
Pour une des dernières créations, ce ne sont pas moins de 20 chercheurs qui ont participé à son élaboration. Ils ont pu fabriquer les différents éléments du jeu grâce à leur propre Fablab (imprimante 3D, découpe laser, micro…).
Gamae joue aussi un rôle d’accompagnateur dans le développement de jeux, lorsqu’ils sont proposés par d’autres personnes. Ils mettent même à disposition leur Fablab si besoin.
Comprendre le but des jeux
Gamae ne se contente pas de créer, d’accompagner et de faire jouer. En effet, Gamae analyse comment les joueurs s’approprient les jeux afin d’être dans un processus d’amélioration continue de l’expérience. L’équipe cherche également à suivre et à évaluer les impacts suite aux sessions de jeux. Les prises de conscience ont-elles eu lieu ? Peut-on voir un changement dans les pratiques ? etc.
La technologie au service des « Serious game » commence également à jouer un rôle dans ces analyses. En filmant certaines séquences de jeu, l’équipe de Gamae analyse plus précisément les comportements et les mécaniques adoptées lors des phases de jeu, et selon les types de jeu. Par la suite, l’équipe souhaiterait développer une intelligence artificielle capable d’analyser à plus grande échelle ces mêmes comportements.
Les projets à suivre…
Gamae prévoit la mise en place de nouveaux projets. Tout d’abord, des podcasts pour expliquer et parler des jeux. Une sorte de notice audio.
Ensuite, Gamae souhaite également se tourner vers le jeu vidéo. Non seulement, c’est un média qui intéresse énormément le grand public, mais aussi, parce que le stockage de données facilite les analyses.
Enfin, la plateforme aimerait mettre en place une ludothèque en ligne d’ici décembre. Cette ressource permettrait de répertorier les jeux traitant des thématiques agro-environnementales, territoriales et alimentaires au niveau national (118 jeux sont déjà identifiés et répertoriés). Et encore mieux, ils réfléchissent aussi à des ludothèques physiques. On pourrait alors aller jouer, emprunter, voire acheter des jeux, comme ce que fait déjà Gamae sur le territoire auvergnat.
Bien que les « Serious Game » ne soient pas nouveaux (déjà utilisés en stratégie de guerre exemple), ils se développent de plus en plus à destination du grand public pour porter notamment les sujets environnementaux, alimentaires, etc. Grâce à une dynamique autour de la pratique collective dans les jeux vidéo ou de plateau, le “Serious Game” commence à être reconnu comme une typologie de jeux à part entière.