Gaz renouvelables : tout comprendre en 5 questions

Gaz renouvelables : tout comprendre en 5 questions

Le 29 mars, à Hall 32 à Clermont-Ferrand, se déroulait la soirée Biométhane, hydrogène … la soirée pour tout savoir sur les gaz renouvelables. Organisée par France Gaz Auvergne-Rhône-Alpes, GRT Gaz et GRDF. Sans oublier les pôles de compétitivité Tenerrdis, Axelera et CARA, elle avait pour objectif de sensibiliser sur les opportunités de la filière gaz renouvelables en Auvergne.

Nous vous proposons ici 5 questions pour répondre à toutes vos interrogations.

Les gaz renouvelables, on parle de quoi ?

  • Le biogaz : il est produit par la décomposition de matières organiques telles que les déchets alimentaires, les boues d’épuration, les cultures énergétiques, etc.
  • Le gaz de synthèse : il est produit par la gazéification de matières premières renouvelables telles que la biomasse, les déchets agricoles, les déchets forestiers, etc.
  • L’hydrogène vert : il est produit par l’électrolyse de l’eau à l’aide d’énergies renouvelables telles que l’énergie solaire, éolienne ou hydraulique.

Ces gaz renouvelables peuvent être utilisés de différentes manières, notamment pour la production d’électricité, le chauffage et la mobilité verte. Ils constituent une alternative importante aux combustibles fossiles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le changement climatique.

Quels sont les avantages des gaz renouvelables ?

Pierre Fontanille, enseignant-chercheur à l’UCA et fondateur de Bio-Valo présente les avantages du développement de la production de gaz renouvelables.

Tout d’abord, ils sont produits à partir de ressources naturelles et renouvelables, ce qui les rend plus durables. Ensuite, ils sont stockables et transportables, un enjeu majeur auquel doivent faire face les énergies renouvelables. Leur production et leur utilisation génèrent moins d’émissions de gaz à effet de serre, ce qui contribue à lutter contre le changement climatique.

Par ailleurs, ils peuvent contribuer à la création d’emplois non-délocalisables et peuvent offrir une plus grande autonomie énergétique à la France, en réduisant sa dépendance aux importations de combustibles fossiles.

…et les limites actuelles des gaz renouvelables ?

Plusieurs problématiques liées à la production et à l’utilisation de gaz renouvelables sont aujourd’hui bien identifiées par les acteurs de la filière.

  • La disponibilité des matières premières. Elles ne sont pas toujours disponibles en quantités suffisantes pour répondre à la demande croissante de gaz renouvelables.
  • Les coûts de production élevés. La production de gaz renouvelables est souvent plus coûteuse que celle des combustibles fossiles. Elle nécessite des technologies et des infrastructures spécifiques.
  • Les émissions de gaz à effet de serre indirectes. Certains processus de production peuvent tout de même émettre des gaz à effet de serre indirects, comme le méthane.
  • L’utilisation des terres et la biodiversité. La production de gaz renouvelables à partir de matières premières peut avoir un impact sur l’utilisation des terres agricoles.

Aujourd’hui, de nombreuses initiatives et recherches sont menées pour trouver des réponses satisfaisantes. 

Quelle place pour le biométhane dans le mix énergétique ?

Pierre Fontanille précise les objectifs ambitieux fixés par l’Etat pour le développement du biométhane en France. La France devra atteindre une production de 10 TWh/an de biométhane injecté dans le réseau de gaz naturel d’ici 2023. Cela représente environ 10 % de la consommation de gaz naturel en France. Cette capacité devrait approcher 30 TWh/an d’ici 2030. A noter que le biométhane reste aujourd’hui la seule énergie renouvelable en avance par rapport à la trajectoire de la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie).

Ainsi, les gaz renouvelables font partie intégrante du mix énergétique de la France. Il doit en complément du déploiement d’autres énergies durables. Ces objectifs doivent être combinés à une politique de sobriété énergétique pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Les unités de méthanisation, une opportunité pour les territoires et les agriculteurs ?

Les unités de méthanisation offrent plusieurs avantages pour les agriculteurs. Tout d’abord, elles permettent de valoriser, c’est-à-dire, transformer les déchets organiques issus des exploitations agricoles (comme les déchets de cultures, les fumiers, les lisiers, etc.) en biogaz.

Ensuite, on peut produire de l’électricité et de la chaleur à partir du biogaz. Cela permet aux agriculteurs de diversifier leurs sources de revenus et de réduire leurs coûts énergétiques.

Enfin, elles permettent surtout de produire des engrais naturels. Par exemple, Julien Deville, agriculteur céréalier et Président de Méth’allier, qu’il a réduit de 30 % ses achats de produits phytosanitaires depuis l’installation de son unité de méthanisation.

Dernièrement, on compte aujourd’hui 1400 sites de méthanisation en France, 80 % sur des exploitations agricoles. D’autres devraient voir le jour dans les prochaines années. Pour Julien Deville, l’acceptabilité sociale des riverains devient un enjeu majeur. Il est essentiel de mener des concertations et d’associer très en amont les habitants concernés par l’installation des unités de méthanisation.

Bien comprendre la différence entre sources d’énergies et vecteurs énergétiques

Simon PERRAUD est directeur adjoint du Laboratoire d’Innovation pour les Technologies nouvelles et les nanomatériaux au CEA. Il faut souligner la nécessité de bien saisir la différence entre les sources d’énergies et les vecteurs énergétiques. Cette distinction permet de mieux comprendre les enjeux de transition énergétique.

En bref, les sources d’énergie sont des ressources naturelles qui peuvent être utilisées pour produire de l’énergie, comme le soleil, le vent, l’eau, ou les combustibles fossiles (pétrole et le gaz naturel, etc).

Les vecteurs énergétiques, quant à eux, sont les moyens de stocker et de transporter l’énergie produite à partir de ces sources. Par exemple, le gaz naturel peut être produit à partir de sources telles que le biométhane, puis injecté dans le réseau de gaz pour alimenter les ménages et les entreprises. L’hydrogène est un autre exemple. En effet, il peut être produit à partir de l’énergie solaire ou éolienne, puis stocké et transporté sous forme d’hydrogène liquide ou gazeux.

Des nouvelles opportunités pour les gaz renouvelables en Auvergne ?

En effet, depuis plusieurs années, Michelin s’intéresse aux matériaux de haute technologie. Depuis 2013, elle travaille en partenariat avec la start-up grenobloise Symbio, spécialisée dans la production de systèmes de piles à combustible. En 2019, Michelin mène une stratégie de rachat avec Faurecia. Chaque entité se partageant la moitié des parts. Michelin est convaincue que l’hydrogène est une alternative intéressante pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du transport. C’est pourquoi Michelin a décidé de s’impliquer activement dans le développement de cette technologie.

En 2024, une nouvelle réglementation imposera aux particuliers de trier leurs biodéchets. Les collectivités devront mettre en place un système de collecte. Ces nouveaux intrants pourront alimenter les unités de méthanisation sur les territoires.

Aujourd’hui, le CO2 est le seul déchet de production de la filière méthanisation. Des équipes de R&D travaillent sur de nouvelles solutions pour transformer le CO2 déchets en CO2 alimentaire. Par exemple, les producteurs pourraient ensuite le proposer à des brasseries pour la fabrication de leurs bières artisanales. Ces filières de boissons locales sont en plein développement. Un CO2 alimentaire vert permettrait d’ajouter une nouvelle dimension environnementale à ces démarches de proximité.

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.