Laure Prévault Osmani a remporté le prix femmes entrepreneurs de BNP lors du dernier Vivatech. Elle est la Co-fondatrice de Sabi-agri qui fabrique et commercialise des tracteurs électriques sur mesure pour les agriculteurs.
À travers ce projet monté avec son époux Alexandre, fils d’agriculteurs et mécatronicien, ils travaillent tous deux pour réconcilier l’agriculture avec les enjeux écologique du XXIème siècle.
Les utilitaires agricoles conçus ont reçu de nombreux prix. Leurs ambitions européennes en font une startup de l’agtech sur laquelle il va falloir compter dans les années à venir.
Vous proposez des tracteurs écologiques. Comment est né ce projet ?
Alexandre est issu d’une famille d’agriculteurs. Il a fait ses études d’ingénieurs mécatronicien à l’Ifma de Clermont-Ferrand. Après avoir bourlingué en Europe, au lieu d’entrer directement dans le secteur de l’industrie, il a préféré s’installer comme maraicher bio sur l’exploitation familiale. C’est à travers son activité qu’il a été confronté à la problématique de développer un outil qui lui conviendrait pour travailler la terre.
Quant à moi, à cette époque j’étais avocate dans un cabinet à Clermont-Ferrand. Le soir on brainstormait ensemble, c’était vraiment galvanisant. Petit à petit on a affiné le cahier des charges. C’est Alexandre qui s’est chargé de la fabrication mais c’est ensemble que l’on a vu grandir le projet.
À un certain moment il a fallu faire des choix. Nous avons tout deux arrêté nos activités respectives pour nous investir entièrement dans le développement de l’entreprise.
À un certain moment il a fallu faire des choix ; nous avons arrêté nos activités respectives pour nous investir entièrement dans le développement de l’entreprise.
Alexandre est allé taper à la porte de la CCI qui l’a aiguillé vers l’incubateur BUSI. Ensuite, nous avons commencé le parcours avec French Tech, AT2I+, etc. Il est entré en incubation à BUSI fin 2016 et c’est en juin 2018 que nous avons intégré la pépinière d’entreprises RLV à Volvic.
Vous avez mis un pied dans l’écosystème de l’innovation très rapidement… Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
La rencontre avec BUSI a été déterminante. Il faut dire que c’est un incubateur vraiment formidable. Nous avons été aidé pour financer l’étude de marché puis le prototype.
BUSI nous a aussi offert un réseau. Lorsque l’on posait la question : « Est-ce que vous connaissez quelqu’un qui fait ça? », ils ont toujours répondu présent. Ils nous ont facilité les démarches juridiques et bancaires. C’est un véritable partenariat que nous avons noué avec eux. Même après, nous avons gardé contact. C’est d’ailleurs eux qui nous ont conseillé de postuler à I-lab. Ils ont eu raison. On a gagné !
La rencontre avec BUSI a été déterminante ; C’est un véritable partenariat que nous avons noué avec eux.
Vous avez remporté de nombreux prix et récompenses. Quel a été l’impact sur votre activité ?
Cela va dépendre des salons. Vivatech par exemple c’est extrêmement important pour la visibilité de l’entreprise au sens partenarial, pas forcément clientèle. Cela permet d’envoyer des messages forts d’engagements et de positionnement vis à vis de nos partenaires institutionnels et privés. Et c’était important de montrer que les femmes font partie de l’équation.
Quant aux salons agricoles, ils sont fondamentaux pour nous. Ça nous donne cette visibilité indispensable auprès de nos clients.
En France, nous avons des terroirs extrêmement diversifiés, avec leurs contraintes propres, ce qui permet de tester et de satisfaire un panel de clients très différents.
À qui vendez-vous votre gamme de produits? Quelle est votre zone de chalandise, d’influence?
La commercialisation a débuté il y a moins d’un an. On vend en France et dans les pays francophones frontaliers également.
Si nous pouvons toucher toutes les régions de France, après nous pourrons nous attaquer au reste du monde sereinement. En France, nous avons des terroirs extrêmement diversifiés, avec leurs contraintes propres. Ceci permet de tester et de satisfaire un panel de clients très différents.
Actuellement, ils sont principalement viticulteurs, maraichers, un peu d’arboriculture et de cultures spéciales comme les plantes médicinales.
Votre produit est assez novateur sur le marché. Ne craignez-vous pas la concurrence?
Il n’y a pas d’autres acteurs sur ce segment de marché qui ont pris notre prisme de réflexion. C’est assez technique de réussir à mettre de l’électrique dans le monde agricole.
Avant le tracteur, deux chevaux de fermes suffisaient à faire l’intégralité des travaux de la ferme. Nous partons de cette équation. On peut embarquer cette énergie électrique pour remplacer les chevaux de ferme et ça ne sert à rien d’avoir des tracteurs surdimensionnés et surpuissants comme c’est actuellement le cas. Pour certaines opérations c’est beaucoup plus rentable et plus respectueux du sol de privilégier le tracteur électrique.
À travers ce projet professionnel, quelles sont les valeurs que vous portez avec Alexandre ?
Nous portons des valeurs d’agro-écologie. Ce courant existe depuis des années et commence un petit peu plus à faire parler de lui et à être pratiqué.
Nous ne souhaitons pas concevoir une agriculture respectueuse de l’Environnement qui sacrifierait l’Homme. L’idée de tout arrêter et de tout (re) faire à la main n’est pas réellement envisageable.
Nous portons des valeurs d’agro-écologie ; Notre message est qu’il faut respecter l’homme et la terre.
Notre message est qu’il faut respecter l’homme et la terre. Ensemble, nous allons réussir à faire une agriculture durable. Le principe élémentaire de l’agriculture c’est un homme ou une femme qui travaille le sol. Avec ce tracteur on a eu envie d’aider et de faciliter ce partenariat. Entre l’agriculteur et la terre.
Nous avons surtout évoqué l’écosystème de l’accompagnement. Est-ce que vous travaillez avec d’autres entreprises, de robotique ou autre?
Nous avons remporté une sélection auprès de l’Agence Nationale de Recherche. Nos partenaires sont des roboticiens basés sur Limoges et des industriels à Valence. Nous travaillons ensemble sur la réduction des produits phytosanitaires dans les exploitations. Les essais se déroulent sur le site de l’INRA et de l’ANRPA de Montoldre dans l’Allier.
En local, nous sommes en contact avec les professionnels de l’IFMA pour nos stagiaires et aussi des thésards et agronomes.
Nous discutons avec Céréales Vallée. Nous faisons partie du pôle de compétitivité Coboteam. Au final, nous avons crée notre propre écosystème pour répondre à nos besoins et nous enjeux.
Quelles ont été les principales étapes de votre développement?
Il est vrai que le produit a beaucoup évolué depuis sa première sortie en septembre 2017. Nous avons remporté le premier prix innovation à Tech&Bio. Derrière, tout est allé très vite. En même temps qu’I-ab nous avons fait notre première levée de fonds de 1,8 millions. Cela nous a permis de recruter nos premiers salariés. Nous nous sommes structurés.
Nos nouveaux locaux : un concept unique de ferme-usine ; notre atelier sera capable de fabriquer 5 tracteurs par mois.
Maintenant, nous allons passer un nouveau stade. Aujourd’hui nous sommes sept, et nous serons douze avant la fin de l’année. Nous allons nous installer dans nos nouveaux locaux à la rentrée. Un concept unique de ferme-usine dont 400m2 de culture. Notre atelier sera capable de fabriquer 5 tracteurs par mois.
En 2020, nous allons commencer à tourner sur l’Europe. L’objectif à 5 ans est de devenir agro-équipementiers de niveau européen. Nous voulons devenir leader sur le tracteur électrique.
Est-ce que vous souhaitez ajouter quelque chose?
Quand j’étais avocate je faisais beaucoup de droit pénal et du droit des étrangers. Je me battais au quotidien pour ces hommes et ces femmes qui avaient besoin d’être défendus.
Aujourd’hui avec Sabi agri je retrouve le même enthousiasme. C’est une autre sorte de défi. C’est notre agriculture, celle qu’on veut pour demain. Celle que l’on veut laisser aux générations d’après. Nous sommes en train d’essayer d’inscrire et d’écrire cette page.
Ce combat cette fois-ci est tourné vers les hommes qui font les paysages de notre pays et la terre qu’il faut qu’on respecte aussi. Ca fait vraiment sens pour nous et c’est une aventure extraordinaire que l’on est en train de vivre.
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#NaissanceProjet – Laure était avocate et son époux Alexandre, maraicher bio sur l’exploitation familiale. Ils ont tout deux arrêté leurs activités respectives pour s’investir entièrement dans le développement de l’entreprise. Ils ont été voir la CCI qui les a aiguillé vers l’incubateur BUSI. Ils ont ensuite commencé le parcours avec French Tech et AT2I+. Sabi agri est entré en incubation à BUSI fin 2016 et en juin 2018, Laure et Alexandre ont intégré la pépinière d’entreprises RLV à Volvic.
#ÉcosystèmeInnovation – La rencontre avec BUSI a été déterminante pour les deux porteurs de projet car il leur a offert un réseau, ont facilité les démarches juridiques et bancaires et leur a conseillé de postuler à I-lab – ils ont gagné. « C’est un véritable partenariat que nous avons noué avec eux », ajoute Laure.
#PrixEtRécompenses – Sabi agri a remporté de nombreux prix, et cela a eu un impact fort sur la startup. Par exemple : Vivatech est extrêmement important pour la visibilité de l’entreprise au sens partenarial, pas forcément clientèle. Les salons salons agricoles sont fondamentaux car ils donnent cette visibilité indispensable auprès des clients.
#Commercialisation – La commercialisation de Sabi agri a débuté il y a moins d’un an ; Laure et Alexandre vendent en France et dans les pays francophones frontaliers. Celle-ci ajoute : « Ici, nous avons des terroirs extrêmement diversifiés, avec leurs contraintes propres ; ça permet de tester et de satisfaire un panel de clients très différents ». Ceux-ci sont principalement viticulteurs, maraichers, un peu d’arboriculture et de cultures spéciales comme les plantes médicinales.
#ÉtapesDéveloppement – Le produit a beaucoup évolué depuis sa première sortie en septembre 2017: il a remporté le 1er prix innovation à Tech&Bio puis Laure et Alexandre ont lancé leur première levée de fonds (1,8 millions !) qui leur a permis de recruter leurs premiers salariés et de se structurer. Ils serons douze dans l’équipe avant la fin de l’année. Ils vont aussi s’installer dans leurs nouveaux locaux à la rentrée : un concept unique d’usine de ferme-showroom. En 2020, ils commenceront à tourner sur l’Europe, l’objectif à 5 ans étant de devenir agro-équipementiers de niveau européen.
#Valeurs – Laure et Alexandre portent des valeurs d’agro-écologie. Leur message? Il ne faut sacrifier ni l’homme ni la terre. Ensemble, nous allons réussir à faire une agriculture durable. Avec leur tracteur électrique, ils ont eu envie d’aider et de faciliter ce partenariat.