Portrait Corentin Pecher ‘toutes ces rencontres avec des passionnés, c’est magnifique’

Portrait Corentin Pecher ‘toutes ces rencontres avec des passionnés, c’est magnifique’

Corentin Pecher a 26 ans, il  est le vidéaste du Connecteur depuis 1 an et demi. Passionné d’astronomie, de musique et d’esthétique, il apporte à l’équipe sa franchise, son sourire en coin et sa sérénité. Comme les administrateurs avant lui, il raconte son parcours, ce à quoi il est attaché, ses fiertés …

Corentin, tu faisais quoi avant d’arriver au Connecteur?

J’ai passé un bac ES, en 2013, à Riom. Je dois reconnaître que j’avais un dossier moyen, et que je ne savais pas trop ce dont j’avais envie à ce moment-là. J’ai donc choisi d’aller en fac d’histoire, la matière que je préférais. Mais bon, même si j’ai validé cette année, ce n’était pas vraiment concluant pour moi. Étudiant en fac, c’est quand même pour des profils particuliers. Je n’avais pas vraiment la vocation pour faire de la recherche ou enseigner… 

J’ai fait des tests d’orientation et de profil. Ce qui ressortait chez moi, c’était le social et l’artistique. L’artistique m’attirait beaucoup mais je n’avais rien à montrer pour rentrer dans ce genre de filières… je suis donc parti vers ce qui semblait s’en approcher le plus, une licence information et communication à Toulouse. Sauf que je n’avais pas vraiment bien lu les sous-titres. Le parcours dans lequel j’ai atterri, c’était “documentation” , métiers du livre (édition, librairie, bibliothèques) et du document (archives, documentation audiovisuelle, iconographie, médiathèques).

J’ai compris dès le premier jour que ca n’allait pas le faire. J’étais tout seul à Toulouse, dans une formation à nouveau mal choisie … Heureusement, j’ai pu suivre en parallèle une formation en histoire de l’art. 

Dans l’aventure Firerank

Corentin Pecher. Bref, me voilà de retour à Clermont au terme de la première année, avec un gros sentiment d’échec. Et là, complètement par hasard, grâce à une amie en fait, je rentre chez Firerank pour un job d’été. Et enfin, je me suis senti à ma place. L’équipe était jeune, on se connaissait tous un peu par ailleurs,  beaucoup, dont Charles Marginier, sont originaires de Chatel où j’ai grandi, l’ambiance était sympa, la boite grossissait… 

L’activité de Firerank, c’était les classements, les tops. J’étais rédacteur web, on cherchait tout le temps de nouveaux trucs à classer et ensuite on apprenait à écrire et à illustrer pour inciter au clic et on postait sur Facebook.

A l’issue du job d’été, on s’est mis d’accord avec Firerank pour que je reprenne mes études avec un BTS communication en alternance à Wesford. 

J’ai rencontré des dev, des graphistes, des gens doués dans ce qu’ils faisaient, j’ai appris plein de choses: le métier de monteur vidéo, le monde du multimédia, du média et du travail aussi.

La communauté Facebook de Firerank, c’était 12 Millions de fans. On a décliné des verticales thématiques et je m’occupais de celle du voyage “découvertes”, plus de 2 millions…

Après on a pris un tournant ‘média’ dans le sens où on a arrêté de faire du classement pour faire nos propres sujets, le but étant d’animer nos communautés. Le modèle économique reposait là-dessus: des communautés massives qui permettaient d’afficher des statistiques et de garantir des vues aux clients. 

C’était le modèle Topito, Demotivateur, Konbini … Ils appartiennent tous à des chaînes, certains ont disparu, d’autres ont évolué.  Ca marchait bien et du jour au lendemain, Facebook a fermé les vannes. Dommage, le mois précédent, TF1 avait fait une proposition de rachat mais comme ils voulaient la majorité du capital, l’offre avait été refusée.

Donc, 35 personnes licenciées. Firerank n’a gardé que ceux qui étaient en alternance, une petite dizaine de personnes qui ont lancé Ohmyquizz. Une application de Quizz en live avec un animateur et un système de cash price partagé entre les gagnants. On a quand même réussi à atteindre 30 000 joueurs en deux mois, c’est pas si mal. Mais au fond, l’énergie n’y était plus. 

Drôle de recrutement

Corentin Pecher. J’ai continué mes études pour arriver à un bac+3, avec une licence Techniques de commercialisation, option communication à Vichy. Année qui a été amputée par le confinement. Je n’ai pas pu faire mon stage. 

Mon meilleur ami occupe un poste RH en Suisse. Je précise ça parce qu’il n’était pas le premier à me le dire mais c’est le premier que j’ai écouté. Il m’a conseillé de refaire mon compte Linkedin et mon CV. Je détestais Linkedin mais j’ai décidé de lui faire confiance. Je pense qu’il y a toujours un moment pour faire les choses…  Deux semaines après, Pauline me contactait.  

Je me souviens que j’étais presque méfiant en recevant son message, j’y croyais à peine. Quand elle m’a appelé, j’étais hyper stressé. Ça s’est plutôt bien passé, elle m’a proposé de faire un test. Je m’en souviens très bien, c’était un événement autour de l’ESS à La Goguette

Et puis, c’était l’été, j’allais partir en vacances et je n’avais pas de nouvelles. J’ai envoyé un message à Pauline pour lui dire que je restais disponible … 

Et là je reçois une photo de BBQ, avec des sardines et des poissons, “désolée, je suis en train de faire un bbq”. J’ai cru qu’elle se moquait de moi … mais pas du tout, depuis  j’ai compris … c’est Pauline !

Lorsque j’ai reçu la réponse, j’étais hyper content, même si je ne savais pas trop où j’allais.

La notion de territoire, chère au Connecteur, ça te parlait ?

Corentin Pecher. Cette dimension territoriale du Connecteur, je ne l’avais jamais perçue avant. Chez Firerank, on était assez gros pour s’autosuffire, on était fiers de dire qu’on était de Clermont et pas de Paris, mais c’est tout !

En arrivant au Connecteur, j’ai pris conscience que ça bougeait énormément autour même si j’avais vu quelques prémisses avec l’arrivée de Turing, l’article “l’Auvergne, la californie française”, la levée de fonds en crypto monnaies de Domraider … mais n’empêche, j’étais loin de tout ça.

J’ai découvert tout un univers. Et tout un vocabulaire aussi : il y a plein de mots qui ont un autre sens dans l’univers de l’innovation : la licorne, l’écosystème, l’incubation, …. Avec Lola (portrait à venir), on en avait fait un petit format pour les réseaux sociaux dans l’esprit des ‘What people think ‘ !

Dans ce territoire géographique que j’adore, l’Auvergne, j’apprécie de voir qu’il y a de l’énergie là où on pense qu’il n’y en a pas. Et puis, toute cette dimension du collectif, les interactions, les échanges, les soutiens autour des projets… C’est super positif.

Et l’innovation, ton nouvel univers, ça évoque quoi pour toi ?

Corentin Pecher. Innover c’est créer quelque chose de nouveau ou améliorer l’existant. Mais aujourd’hui, quand on voit où on est écologiquement et socialement, on ne peut que se dire qu’il est impératif de penser autrement. On n’a plus le choix. 

Et dans ce que je perçois au travers des sujets couverts par Le Connecteur, j’ai l’impression que ça bouge dans le bon sens. J’ai conscience que maintenant que je suis dedans, je vois ces évolutions, mais elles ne sont pas forcément assez massives pour être visibles de tous. 

Il faudrait accélérer mais j’ai le sentiment qu’il y a beaucoup de freins, notamment liés à nos façons de fonctionner, à la difficulté de se mettre d’accord, à la lourdeur de la bureaucratie …

J’ai du mal à le concevoir et surtout à l’accepter. Vu le contexte, on devrait être capable de surmonter tout ça pour être efficaces.

Pour finir positivement sur cette question du sens de l’innovation, je vois surtout l’énergie des gens qui portent des projets, s’y dédient corps et âme: c’est toujours des rencontres super enrichissantes. 

Les valeurs à défendre ?

Corentin Pecher. Je me retrouve pleinement dans les valeurs du Connecteur : favoriser les rencontres, connecter, polliniser, faire ensemble, … 

C’est l’idée du  lien social et de l’humanité.

On le vit grâce aux rencontres quotidiennes avec ceux qui portent ces initiatives d’innovation positive. Personnellement, même si je ne suis pas passionné par l’entrepreneuriat, je trouve ça magnifique. Et c’est précieux en fait : je sais que j’ai de la chance de vivre ces moments d’échanges avec des gens passionnés, issus de mondes très différents. Pour beaucoup, le travail c’est pénible, fastidieux, … moi, je n’ai pas l’impression de travailler.  C’est une chance !

J’ai fait quelques boulots pas hyper passionnants. 4 mois à ensacher des formulaires pour les impôts, franchement, ce n’est pas stimulant. J’ai rencontré des gens adorables qui faisaient ça depuis hyper longtemps. Même s’il faut de tout et que tout le monde n’a pas les mêmes aspirations, moi, ça me rend triste, cette forme de gâchis humain … 

On le vit aussi en interne. Le Connecteur, c’est une petite équipe, très humaine. Ce qui permet d’avoir une place vraiment  personnelle. Quand on grossit, il faut structurer et ça laisse moins de place à la liberté individuelle. Au Connecteur, je peux explorer d’autres univers, sortir du montage vidéo. Par exemple, j’ai un goût pour le graphisme, j’ai pu travailler sur une charte graphique pour le Connecteur, on m’a laissé faire.  Pour moi, c’est important d’élargir son champ de vision, c’est valorisant aussi.

De quoi es-tu es fier aujourd’hui?

Corentin Pecher. Je suis fier de faire partie de l’équipe du Connecteur, qui est à la fois média et association. Le collectif, ce qu’on fait tous les jours, quand on donne un coup de main ou simplement qu’on va sur un événement, ou encore qu’on met des personnes en relation 

J’aime aussi voir l’évolution du Connecteur, sa reconnaissance, l’ambiance dans l’équipe, mon évolution  personnelle et la place que j’y ai pris…

Parmis tous les supers projets auxquels j’ai participé, il y en a deux qui m’ont marqué: 

  • La vidéo corporate ‘Clairefontaine’,  j’ai adoré. C’était un gros projet, assez complexe, que j’ai mené de A à Z. On m’a fait totalement confiance et à la fin, je me suis senti comme un sportif qui réussit sa performance.  C’était hyper fatigant (loin) et stressant mais c’était un bon stress, je savais que je le ferais bien. Et le retour client a été très positif. 
  • J’ai aussi adoré la série de portraits pour le Parc Livradois-Forez, surtout parce que ce sont des portraits de personnalités super attachantes: c’est ultra humain ! Ce sont de bons moments, l’environnement est magnifique, les gens très accueillants et on rigole bien en voiture.

Je suis aussi adhérent d’Orphéopolis, une association qui accompagne les orphelins de la police. J’ai été accompagné et je le suis encore et j’ai beaucoup de reconnaissance pour ce qu’ils m’ont apporté. Je soutiens à mon tour et j’ai aussi envie de contribuer à donner aux  jeunes  autant que j’ai pu recevoir.

Le meilleur conseil jamais reçu ?

Un conseil simple mais très très dur à appliquer : s’écouter, se faire confiance.

À chaque fois que je l’ai fait ça a été gagnant et inversement, quand je me suis laissé influencer, je n’ai jamais été heureux du résultat.

Ton plus bel échec ?

Corentin Pecher. J’ai connu une période d’errance et d’excès qui a eu pas mal de conséquences. Un échec sentimental d’abord. Ceci dit, il  m’a permis de me rendre compte ce que je voulais, de ce qui comptait vraiment pour moi, d’avoir une autre vision puis de trouver la bonne personne.

Et puis un événement grave dans le groupe d’amis dans lequel j’évoluais qui a agi comme un électrochoc et a produit le déclic nécessaire pour changer. 

Ça m’a pris du temps mais j’ai reconstruit une image de moi positive et complètement changé mon mode de vie, ma façon de fonctionner … le sport par exemple me sert de discipline mais aussi à prendre du recul, à penser à autre chose. Au final, tout le groupe s’en est sorti ensemble, il y a eu de l’entraide, c’est sain.

Ton épitaphe de rêve ?

“Tout ce qui doit arriver arrive”

C’est la loi de Murphy qui dit “Tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal”, moi j’aime bien l’inverser. Ce n’est pas fataliste, c’est plutôt spirituel, c’est l’idée du chemin d’âme

J’ai pas mal de chance. Mais en fait tout le monde en a, sans forcément s’en rendre compte. Parfois, on sent les choses, sans pouvoir les expliquer, l’écoute de soi et des autres, c’est ce qui doit guider …

Tes respirations/inspirations : lectures, podcasts, …

Le cinéma : de toute sorte, du blockbuster aux films indé 

Avec un top : Interstellar (NDLR ; il en a même une scène tatouée sur un bout de corps) – Le seigneur des anneaux – Inglorious Bastards (tous les films avec Brad Pitt)

Les séries : Game of thrones – Breaking Bad 

Littératures : Les histoires de vie – le fantastique – l’espace

Presse : Espiloon (nouveau mag de vulgarisation scientifique et actu porté sur l’espace et les nouvelles tech)

Média : Youtube (je m’y perds) – Instagram (même s’il y a beaucoup de sal****ries sur les réseaux, on arrive toujours à trouver des choses intéressantes/belles)

Musiques : NO LIMIT (sauf métal) il y a pas un jour où je n’en n’écoute pas

Art (peinture-visuels) : Pas de références mais j’y suis très sensible.

À propos de Véronique Jal

Ma ligne guide depuis 15 ans, c'est le management de projets collectifs à fort "sens ajouté" : les fromages AOP, les hébergements touristiques, la démarche d'attractivité d'une région... et aujourd'hui l'innovation territoriale via un média associatif Toulousaine d'origine, j'ai découvert et choisi l'Auvergne que mon parcours pro m'a amenée à connaître sous plein de facettes. J'adore cette activité qui nous permet d'être en situation permanente de découverte.