ROULEZ JEUNESSE ! #3 Victor JAFFEUX et Mathieu BOUCHONNET

ROULEZ JEUNESSE ! #3 Victor JAFFEUX et Mathieu BOUCHONNET

Par Joséphine CAPITANT

Tales Up c’est le projet de Victor Jaffeux et Mathieu Bouchonnet, deux amis de promo qui ont eu l’idée d’un jeu sur mobile. 
Totalement étrangers au monde de l’entrepreneuriat, ils se lancent dans cette aventure pour mener ce projet qui leur tient à coeur : une application ludique qui réunit amis, familles, collègues ! 
Vous êtes féru d’histoire et d’énigmes ? Cette appli vous enchantera ! Mais avant toute chose, venez découvrir les origines et les démiurges de cet univers.

 

Bonjour Victor et Mathieu, vous avez fondé le projet Tales Up, pouvez-vous expliquer en quelques mots le concept ?

crédits photo: Instagram Tales Up

Victor: Tales Up c’est une application mobile d’histoire interactive en multijoueurs.
L’idée c’est de proposer une application qui crée une expérience collective avec des amis dans une même pièce et de manière ultra accessible. On a voulu enlever tout le côté explication des règles ou achat d’un produit par exemple. Il faut qu’en trois clics on puisse créer un moment ensemble. 
Avec les différents outils on va pouvoir avoir un rythme et des interactions différentes:  des images pour créer l’ambiance, des énigmes et des puzzles à résoudre avec évidemment un contenu textuel pour la narration ainsi que quelques pistes sons pour accompagner les puzzles par exemple.

On y joue dans quel contexte ? 

V: Dans un premier temps l’application va plutôt s’adresser à des groupes d’amis entre 15 et 30 ans, mais ça pourrait très bien concerner d’autre cibles comme des familles, des activités d’équipe en entreprise ou encore possiblement des EHPAD sur le long terme. On a commencé par affiner la cible mais en réalité le concept nous permet d’aller où on veut et ce sont les tests qui nous aideront à nous diriger. 
Selon le ton, la taille et le thème de l’histoire on va pouvoir essayer de toucher un large public. Il peut très bien y avoir des histoires amusantes qui durent une dizaine de minute ou des intrigues un peu plus sérieuse d’une heure. On pourrait même intégrer de l’alcool dans le cadre des soirées.
L’application ne sera pas payante, le business modèle à l’intérieur n’est pas encore complètement brodé mais en tout cas la version qui va sortir dans 6 mois sera gratuite, elle nous permettra surtout de faire des tests et de construire une communauté. 

 

Quel est votre parcours ? 

V: J’ai passé un bac technologique et Mathieu un bac général, puis on a fait un Bachelor en trois ans. 

Mathieu: On s’est rencontré dans notre école d’art à Lyon, on était dans la même promo et on voulait tous les deux créer des jeux vidéo. Victor s’est ensuite spécialisé dans tout ce qui concerne la production, la gestion, le management et moi je me suis spécialisé dans le développement et la technique. 

V: Dans cette école on a eu l’occasion de faire plein de projets différents et c’était vraiment axé jeux-vidéo, voire un peu trop à notre goût. 
Ensuite on à tous les deux fait un stage de notre côté: moi j’ai fait un stage de gestion de projet design dans une société japonaise à Tokyo pendant l’été 2019.
M: Et moi c’était à Lyon dans un petit studio indépendant qui s’appelle MonkeyMoon. J’étais tout seul avec un autre programmer puisque dans ce milieu le télétravail est très commun, on a gardé de bons liens avec nos maîtres de stage. 
V: À la suite de nos stages on s’est dit qu’on allait faire notre projet plutôt que de trouver un travail directement.

 

D’où est venue l’idée ?

M: C’est une idée qui date de 2018 mais ça a tellement évolué qu’on en oublie même ce que c’était au début. 

V: Pour faire simple cette idée nous l’avons eue il y a deux ans. J’ai insisté dans mon école pour qu’on la développe et pour qu’on constitue une équipe avec mathieu et trois autres personnes. On a développé une première version de ce projet et on a eu des retours assez concluants, mais j’avais un grand sentiment d’inachevé. C’est plus tard qu’on a décidé de faire ce projet-là qui nous tenait à coeur. On s’était dit que si on ne le faisait pas maintenant on ne le ferait jamais et que c’était le créneau à prendre dans la tendance de consommation. 

 

Qui fait quoi ? 

M: Je m’occupe principalement de la partie technique, c’est à dire le développement et le code mais je suis aussi présent sur de design ou en consultant sur toute la partie communication et commerciale du projet.

V: Moi à la base je fait le design, donc tout ce qui est invisible: toutes les règles, toutes les choses qu’on peut faire ou ne pas faire…En gros c’est ce qui fait qu’on passe un bon moment ou pas dans le jeu mais qu’on ne voit pas directement. 
J’ai fait aussi un peu d’écriture d’histoire, mais dans les semaines qui arrivent on va recruter quelqu’un d’autre parce que je ne vais pas pouvoir le faire et je ne suis pas ultra bon là-dedans.
Sinon je fais toute la partie gestion de projet, je me forme sur la partie communication pour être meilleur dans le domaine commercial: j’essaye de trouver des investisseurs, des fonds, de faire les présentations, les documents. 

Les autres travaillent à temps partiel, il y a un développeur web qui s’occupe principalement des serveurs et de la mise en place avec Mathieu. Il y a également un UX designer, c’est quelqu’un qui s’occupe de l’interaction, de la navigation, de l’implication et de la direction artistique du projet. Et enfin une illustratrice qui s’occupe des images dans l’application et des affiches des histoires. 

 

Pourquoi avoir décidé d’entreprendre ? 

M: L’entrepreunariat c’est surtout un moyen de faire l’application correctement, il fallait qu’on entreprenne et qu’on fasse la démarche de créer une entreprise. On l’aurait peut-être mal faite en travaillant chez nous, dans des conditions pas idéales. Alors qu’en entreprenant ça nous a mis dans une démarche beaucoup plus sérieuse, qui nous pousse à vraiment bien faire les choses que ce soit sur le côté légale ou technique.

V: Il  faut savoir qu’à l’origine on est très éloigné de ce milieu, et donc quand on veut développer une application on ne pense pas du tout à ça, mais plutôt à trouver un travail et le faire sur notre temps-libre avec notre argent personnel. Initialement  pour développer ce projet on avait prévu juste un financement d’une personne intéressée par le projet, on ne connaissait rien, on n’avait aucun support. Grâce à nos contacts on s’est retrouvé incubé chez SquareLab de l’ESC Clermont. 

 

Qu’est-ce que ça représente pour vous d’être incubés chez SquareLab ? 

M: Je connaissais le principe d’incubateur mais je ne savais même pas que ça existait en France et j’ai été surpris de constater que c’était aussi développé !

V: L’aide que le SquareLab nous fournit est très significative, d’autant plus qu’on n’est pas issus d’une formation d’école de commerce, ils nous apportent les compétences nécessaires qui nous manquent.
De plus ils ont une façon différente de voir les choses, notamment sur le développement de projet. On n’a pas du tout la même manière de manager ou de gérer la prod, ils ont une conception très différente et ça nous aide beaucoup parce qu’on confronte nos acquis. Pour nous c’est vraiment une super expérience. 

 

Qu’attendez-vous de ce projet ?

V: On a de moins en moins de choix, on est en train d’impliquer beaucoup de personnes sur le projet: les trois personnes qui travaillent avec nous le font sur leur temps libre. On est en train de se mettre vraiment dedans, l’objectif est de créer une société qui fonctionne et de pouvoir en vivre. Tales Up est un « game as a service », donc c’est un jeu qui va constamment évoluer, donc théoriquement on peut le faire vivre longtemps. Je ne dis pas qu’on veut passer notre vie dessus, mais l’objectif est vraiment que ça marche. 

 

Voyez-vous le fait d’être jeune comme un avantage ou comme un inconvénient ? 

M: Les deux. D’un côté on se dit que c’est vraiment le moment de se lancer car on a la force pour le faire, je ne dis pas qu’on en a pas à 40 ans (rires) mais on a une vraie détermination parce que c’est un excellent moyen de gagner de l’expérience et de découvrir des choses. 
Vu qu’on ne connaissait vraiment pas le monde de l’entrepreunariat on est vraiment content de le découvrir aussi tôt, c’est un expérience de fou à notre âge.
Après c’est vrai que d’un autre côté, on a pas forcément dix ans d’expérience donc ça arrive toujours de douter un peu, mais on arrive toujours à s’en sortir et l’incubateur est là pour nous garder sur le bon chemin.  

V: On vient d’un milieu où c’est pas vraiment valorisé: si t’es jeune et que tu te lances dans une boite, les gens peuvent avoir tendance à se dire « soit il a eu du mal à trouver un « taff » soit c’est qu’il est un peu naïf ». C’est pas très bien vu, par contre ce qui nous a rassuré c’est qu’à l’incubateur ils le mettent en avant au contraire. 

 

Qu’en pense votre entourage ? 

M: Tout le monde me soutient, dans ma famille ils ne sont pas particulièrement intéressés par les applis ou les jeux mais ils sont quand même intrigués par le concept.
Je dirai pas que c’est mal vu, mais c’est vrai que la première boite est souvent un échec. Tous les gens qu’on rencontre et qui nous disent « moi j’ai créé ma première boite quand j’avais 20 ans » finissent par « elle a coulé au bout d’un an », donc forcément on est parti avec un mauvais apriori (rires). 

V: Ce qui est cool, sans vouloir nous jeter trop de fleurs, c’est qu’on a quand même réussi à prouver certaines choses, donc on arrive à obtenir des crédits même de personnes qui sont des vétérans dans l’industrie. Ça se voit qu’on ne l’a pas fait par dépit, on est vraiment à fond dedans et je pense que ça fait la différence.

 

Comment voyez-vous la suite ? Dans 10 ans par exemple ? 

M: Franchement je vois pas aussi loin. Si on m’avait posé la question il y a un an j’aurai répondu dans une boite qui fait des jeux vidéos mais maintenant je sais que je veux rester dans le milieu de la tech, dans une boite qui fait des applis ou des trucs un peu « chelous » de tech. 

V: Ce que j’aimerais, c’est avoir un projet qui marche assez bien pour permettre le développement de plein d’autres. En gros de pouvoir faire ce qu’on veut quand on veut en terme de développement. Quitte à ne pas gagner beaucoup c’est pas grave. 
M: On a plein d’idées qu’on aimerait développer par la suite, c’est pas juste un « one shot ». 

 

Moment « carte blanche », un message à faire passer ? 

V: Ça c’est le point sur lequel on est pas ultra bon (rires).

M: J’en ai un: je recommande aux jeunes qui hésitent à entreprendre de le faire si ils ont les moyens de le faire, de ne pas se mettre dans une mauvaise situation par exemple. J’ai l’impression de lire trop d’histoires de jeunes qui se ruinent à cause de ça. Faites attention, entreprendre reste un risque, je ne dis pas d’être parano mais c’est important de bien prévoir le coup avant de se lancer. 

V: Il faut beaucoup écouter les autres. C’était dur pour moi au début, mais c’est important de réussir à s’entourer, d’écouter et de prendre en compte les avis extérieurs. On entend souvent « il faut être déterminé, et faire son truc quoi qu’il en coûte sans écouter l’avis des autres» alors dans un sens oui et dans un sens non, l’erreur est d’être borné et de croire que le projet tourne autour de sa personne, alors qu’il appartient à tout le monde. 
Et sinon, n’hésitez pas à vous inscrire sur notre site !

 

Ce projet est soutenu par l’IAIT et Clermont Auvergne Metropole.

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.