Science participative et médiation scientifique avec RéseautAGE

Science participative et médiation scientifique avec RéseautAGE

Comment la recherche peut-elle diffuser ses messages auprès du grand public ? C’est une des missions de RéseautAGE. Ce réseau rassemble experts, professionnels et citoyen autour des enjeux de nutrition des seniors en Auvergne. Cette table ronde s’est concentrée sur les enjeux autour du sucre et de l’alimentation. Elle fait le lien entre les enjeux économiques, écologiques, sociaux et de santé. Le Connecteur vous propose une synthèse de l’essentiel. 

Il était une fois …les sucres

Avant de décider si le sucre est un “ami ou ennemi”, il est essentiel de décrypter sa nature et son intégration dans l’organisme. Sergio Polakof, directeur de recherche à l’INRAE et à l’initiative de RéseautAGE distingue deux grandes familles de glucides :

  • Les glucides simples, comme le glucose ou le fructose, sont rapidement assimilés, provoquant des pics glycémiques. « Les sucres, ce qu’on appelle sucre, ce sont les une ou deux perles au maximum […], le sirop de glucose, le sucre inversé, le lactose, tout ça, ce sont des sucres produits par l’industrie alimentaire », explique-t-il.
  • Les glucides complexes, tels que l’amidon, se décomposent lentement, libérant progressivement l’énergie nécessaire à notre corps.

Anthony Fardet, chercheur à l’INRAE, apporte une nuance importante en soulignant l’impact des sucres ultra-transformés : « Les sucres ajoutés aux produits industriels sous diverses formes, comme la maltodextrine ou le dextrose, ont un indice glycémique élevé et des conséquences néfastes pour la santé. »
Ces sucres cachés et ultra-transformés peuvent agir comme un exhausteur de goût. Ils contribuent également à la texture des aliments, les rendant plus moelleux, croquants ou fondants. Ils sont également utilisés  comme conservateur, en limitant la croissance des bactéries et des moisissures. 

Anthony Fardet et Sergio Polakof mettent en garde contre la consommation d’édulcorants artificiels. « Ils sont souvent présentés comme des alternatives saines au sucre, notamment pour les sodas zéro sucre. Pourtant, ils sont tout aussi nocifs pour la santé que le sucre. »

Il était une fois les glucides et notre corps

Dans l’organisme, tous les glucides sont transformés en glucose, la principale source d’énergie pour le cerveau et les muscles. Sergio Polakof résume ce processus : « Notre organisme découpe les éléments glucidiques pour produire du glucose. Ce glucose utilisé par les muscles pour bouger et par le cerveau, qui dépend à 90 % de cette ressource. »

Le Dr. Igor Tauveron, endocrinologue, insiste sur l’importance d’une glycémie stable pour éviter des complications, comme le diabète : « L’excès de sucre dans le sang peut engendrer des conséquences graves à long terme. Par exemple, des atteintes des vaisseaux sanguins ou des neuropathies. »

Il était une fois le sucre : du luxe à la surconsommation

L’histoire du sucre illustre son passage d’un produit rare à un élément omniprésent et parfois problématique.

Le sucre a été longtemps considéré comme une épice rare. Il gagne en popularité à partir du 15e siècle, grâce à la colonisation et à l’essor des plantations de canne à sucre. « Les riches marchands d’Italie ont développé la production de canne à sucre, d’abord en Sicile, puis dans les colonies où le système esclavagiste a permis une production massive », rappelle Céline Porcheron.
Avec l’industrialisation, le sucre raffiné est devenu un ingrédient incontournable des produits transformés. Cependant, cette évolution soulève des problèmes de santé publique. Céline Porcheron avertit : « Les sucres cachés dans les aliments transformés sont un vrai piège. Lire les étiquettes et privilégier les produits bruts est essentiel. »

Il était une fois le sucre et l’âge

Avec l’âge, notre métabolisme évolue, modifiant notre capacité à gérer le sucre. Le vieillissement s’accompagne souvent d’une diminution de l’activité physique et de la masse musculaire. « Consommer est important, mais bouger l’est tout autant. Une activité physique adaptée permet de maintenir un bon équilibre », souligne Sergio Polakof.

L’Organisation Mondiale de la Santé recommande de limiter les sucres ajoutés à moins de 10 % de l’apport énergétique quotidien. Ce qui représente environ 50 grammes par jour. Margaux Lapendry, cheffe cuisinière, encourage à cuisiner davantage avec des produits bruts : « Pas de desserts trop sucrés, pas de sucres ajoutés dans les plats salés. Les alternatives comme le miel ou le sirop d’agave doivent être consommées avec modération. »

RéseautAGE, une approche participative pour des choix éclairés

Le sucre, source de plaisir mais aussi de préoccupations, doit être consommé avec modération et discernement. L’éducation nutritionnelle et l’activité physique sont essentielles pour concilier plaisir et santé. « Depuis des millénaires, nous avons progressé avec des produits naturels. Nous n’avons pas besoin de ces produits ultra-sophistiqués que proposent les industriels », conclut le Dr. Tauveron pour clôturer cette table ronde RéseautAGE.

Le réseau RéseautAGE, en plus de chercher à promouvoir une meilleure compréhension des enjeux liés à l’alimentation et au vieillissement, propose également des programmes de recherche participative à destination des seniors en Auvergne. En intégrant ces dispositifs, les seniors permettent de faire avancer la recherche autour du « bien vieillir« .

 

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.