Thomas Pajot, le travail à l’ancienne

Thomas Pajot, le travail à l’ancienne

Il est jeune et a décidé il y a tout juste un an de monter sa boite. Passionné par le travail à l’ancienne, Thomas Pajot a lancé Paj’eau Plomberie, spécialisé dans le cuivre. Rencontre avec un entrepreneur qui sait où il veut aller. 

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Comment devient-on plombier chauffagiste, frigoriste ? A quand remonte ton intérêt pour ce métier ?

Ça m’est venu un peu comme ça. En 3ème, j’ai fait mon stage de découverte en plomberie en Haute-Loire et ça ne m’a pas déplu. J’ai voulu aller plus loin. Alors j’ai fait un CAP puis un bac professionnel et ensuite une mention froid et climatisation.
J’ai travaillé dans différentes entreprises et ensuite j’ai eu l’envie de créer quelque chose à mon nom.

J’ai travaillé dans différentes entreprises et ensuite j’ai eu l’envie de créer quelque chose à mon nom.

A quoi ressemble une journée type quand on est plombier ?

Aujourd’hui par exemple, je suis sur un chantier sur deux jours mais ça peut arriver que l’on nous appelle pour une intervention le lendemain ou le jour même. On fait du dépannage, on doit être en mesure de faire un devis rapidement. Il faut être réactif et organisé.

Quelle est la différence principale entre la salarié et devenir entrepreneur ?

Lorsque l’on est ouvrier, on s’occupe de la réalisation et c’est tout. On rentre le soir et la journée est terminée. En tant qu’entrepreneur, en plus du chantier, il faut gérer le planning, le secrétariat, l’administratif.  Tout le volet commercial aussi, savoir discuter avec les clients pour comprendre leurs attentes. Être patron c’est beaucoup plus de stress et de responsabilités.

A ton avis quelle est la première porte que l’on doit pousser lorsque l’on veut monter sa boite ?

Personnellement je pense que c’est le comptable avant tout. Au départ on ne sait pas où l’on va mais pourtant il faut réaliser un prévisionnel pour
savoir sur quoi on va se baser, voir si on est dans le vert ou dans le rouge. Nous, on est sur le terrain, le comptable, lui, a un tout autre point de vue.

Tu as débuté ton activité il y a tout juste un an. Qu’est-ce qui a été le plus difficile à tes débuts.

Au début, on ne sait pas faire un devis, on ne connaît ni les organismes ni les aides disponibles. Il faut assimiler beaucoup de chose dans un laps de temps limité. Après quelques mois on gère la « paperasserie » mais au départ ce n’est pas évident. D’ailleurs heureusement que la famille est là, c’est mon premier soutien. Au départ c’est ma compagne qui m’a aidé sur l’administratif.

Et sans parler de tes premiers pas mais plus de l’année écoulée. Quelles leçons as tu apprises ?

Il faut que tout ce que l’on entreprend soit bien coordonné. Imaginez, vous avez commandé toutes les pièces pour votre chantier, bien calé votre planning mais votre chantier précédent ne se passe pas comme prévu et vous prenez du retard. Résultat votre autre chantier est décalé et ainsi de suite.
Il faut être vigilant. Il ne faut pas non plus se « planter » dans le chiffrage, il faut vendre au prix juste et ne pas se brader.

Qu’est ce que vous faites que les autres ne font pas ?

Il faut marquer sa différence, se spécialiser. J’ai choisi le cuivre que je travaille à l’ancienne. Je n’interviens pas sur les mises en œuvre plastique ou le PER.  Certains matériaux s’abîment plus que d’autres et puis visuellement le cuivre c’est quand même plus sympa que le plastique non ?

Il faut marquer sa différence, se spécialiser

Quand on débute comment  se fait-on connaître ?

Je n’ai pas fait de démarches spécifiques.. Je n’ai pas eu besoin d’aller sur les pages jaunes, je n’ai même pas de site internet, juste une carte de visite.
C’est le bouche-à-oreille qui fonctionne le mieux. Je préfère ça au démarchage commercial. Lorsque l’on me contacte c’est que l’on a besoin de moi et que quelqu’un m’a recommandé. Ce n’est pas la même approche que de convaincre quelqu’un de faire appel à nous.

Qu’est ce qui te rend le plus fier ?

Je suis assez fière de ma première année d’une manière générale. Mes clients sont satisfaits, je n’ai aucun mauvais retour.  Mes chantiers ont bien été réalisés et j’ai fait une belle première année, donc plutôt satisfait.

Qu’est ce qui est le plus stressant ?

C’est de ne pas savoir de quoi demain sera fait. Alors oui on a une visibilité à trois mois mais on se demande toujours sur on va avoir la clientèle et si le chiffres d’affaires va être au rendez-vous.

Tu as monté ta boite que tu gères seul pour l’instant. Comment est-ce que tu organises tes semaines entre les chantiers, les imprévus et l’administratif ?

Dans la semaine je me prévois une journée d’urgence. Par exemple, sur un chantier de trois jours et demi, si pour une raison ou une autre je suis en retard, je pourrais me prévoir une demi-journée supplémentaire sans que cela ait un impact sur les chantiers à venir.
La gestion des délais est primordiale, je ne veux pas me retrouver à devoir expliquer pourquoi je suis à la bourre. Et si je n’ai ni retard, ni imprévu et bien ça fait une journée de repos, et c’est aussi important de savoir s’arrêter et se reposer.

Et d’un point de vue pratique, ce n’est pas dur de faire des chantiers seul ?

Parfois j’ai des stagiaires pour me donner un coup de main. A ce jour,  je
n’ai pas eu de gros chantier qui nécessiterait deux ou trois personnes.
Il est vrai que parfois il y a de la manutention à faire et seul ça peut être compliqué mais d’une manière générale les clients sont sympas et ils vont facilement donner un coup de main.
Sinon LA chose la plus pénible quand tu es seul c’est de devoir vider ton camion pour une intervention d’une journée. Faire tous ces allers retours, j’avoue c’est ce que je déteste faire !

Quels sont tes projets pour 2020 ?

Je ne veux pas grossir énormément. J’ai eu quelques retours sur des entreprises qui ont trop embauché pour répondre à la demande. C’est le cercle vicieux. On a toujours trop de boulot. Si on est seul, on a du travail pour deux mais si on est deux, on a du travail pour quatre et ainsi de suite.
Je n’ai pas monté ma société pour être stressé au quotidien en me disant mais comment est-ce que je vais occuper mes gars si j’ai une baisse d’activité.
En revanche, j’envisage de prendre un apprenti, pour lui apprendre le métier, lui montrer comment on fait des choses qui durent dans le temps, la satisfaction du travail bien fait.

Est-ce que tu as un modèle ? Une personne qui t’inspire ?

J’ai appris de toutes les entreprises par lesquelles je suis passé. Je me suis imprégné de leur bons côtés et laisser les mauvais. Il faut savoir se remettre en question. On a toujours quelque chose à apprendre quand on arrive dans une entreprise.
Par exemple dans la première, j’ai appris le travail du cuivre à l’ancienne, quant à la dernière j’ai appris à poser la robinetterie encastrée ou la clim.

Pour toi c’est indispensable de travailler dans des entreprises avant de se mettre à son compte ?

Aujourd’hui se mettre à son compte sans être passé par deux voire trois entreprises, c’est une mauvaise idée. C’est impossible de penser qu’en sortant de formation on connaît toutes les ficelles du métier. Il faut pouvoir se confronter à des situations différentes pour apprendre. Gérer la plomberie dans un bâtiment vieux de 100 ans ce n’est pas la même chose que dans une maison moderne de milieu de gamme.

Aujourd’hui se mettre à son compte sans être passé par deux voire trois entreprises, c’est une mauvaise idée.

Un conseil à donner à celles et ceux qui souhaiteraient se lancer.

En faisant des CDD dans différentes entreprises on développe ses compétences. Résultat, quand on monte sa propre structure on peut  proposer un large choix de prestations.
Enfin, je pense qu’il faut être motivé. On croit qu’être patron c’est faire ce que l’on veut mais en réalité c’est surtout faire ce que l’on peut.  Certes on décide mais on garde toujours à l’esprit que l’on doit faire ce qu’il faut pour que la boite fonctionne. Pensez qu’en étant son propre patron on va être plus tranquille c’est totalement faux.
Si on veut monter sa boite il faut le faire. Il faut qu’il y ait une réelle envie. Personnellement je voulais créer quelque chose en mon nom et qui me ressemble.

Carte blanche

L’équilibre vie perso / vie pro est très important. On peut facilement se retrouver à travailler tous les jours si on n’est pas vigilant. Les week-ends il faut se les donner, c’est nécessaire. Même si ce n’est qu’un jour. C’est plus facile d’attaquer la semaine en se disant qu’on va avoir une pause que de se dire que l’on va bosser la semaine, puis le week-end puis encore la semaine, c’est super dur.
Si on fait du bon boulot on aura toujours trop de travail, il faut savoir dire stop et s’accorder des moments de détente. Aujourd’hui certaines personnes n’hésitent pas à vous demander d’intervenir chez eux le dimanche par exemple. Il faut apprendre à dire non, on a le droit d’avoir une vie en dehors du travail.

Pour en savoir plus :

PAJ’EAU Plomberie-Chauffage-Climatisation
2 avenue Georges Clémenceau
pajotthomas@gmail.com
Tel : 06 78 71 99 79

 

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À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.