Conférence de Jean Nizet / Lundi 2 décembre 2019
On trouve aujourd’hui des coaches un peu partout : dans les équipes sportives, pour sa vie personnelle, à la salle de gym, pour faire progresser ses enfants … en entreprise, le coaching revêt pourtant un rôle particulier qui le rend unique, et particulièrement bien étudié. Ce soir à l’Open Lab Exploration Innovation, Jean Nizet, sociologue et philosophe belge et spécialiste des organisations, nous propose un retour sur le coaching en entreprise vu par la recherche.
Il le dit à la fin : le titre de la conférence – “A quoi servent les coaches en entreprise ?” – ne lui convient pas ! Il l’évoque sous forme de boutade, mais selon lui le coach n’est surtout pas que fonctionnel (travail sur les moyens), son apport s’étend principalement aux finalités de l’action, aux valeurs que l’on porte, et même à un retour critique sur soi, qu’on appelle réflexivité.
Une approche transversale
Jean Nizet rapproche tout de suite coaching en entreprise, recherche et mouvements philosophiques. Son approche large – sociologie, philosophie, sciences du management – et sa longue expérience – il publie sur le sujet depuis 1995 – lui confèrent une aisance pour traiter par divers angles le sujet du coaching en entreprise. Il cite également plusieurs cas pratiques, personnels ou issus de la mise en place d’un programme de coaching international chez Volvo.
Commençons par une définition : le coaching, selon Flanagan et Cox,est “un processus de développement humain en entreprise visant à promouvoir de manière durable des changements souhaités au bénéfice du coaché et potentiellement d’autres acteurs de l’organisation.” Le coaching porte son action sur les individus, mais impacte évidemment les organisations, leur stratégie et leurs jeux de valeurs.
Néanmoins, la grande majorité des études se cantonnent à prouver l’impact – positif – du coaching sur le bénéficiaire principal. Des effets plus indirects sur l’organisation .. on en sait très peu. Principalement parce qu’il est très difficile de mettre en place des indicateurs de succès. Ainsi, selon Jean Nizet : “Le changement stratégique ? C’est un sujet évoqué en coaching, mais je retiens qu’il ne peut s’agir de l’objectif du coaching.” Au mieux, c’est un sujet évoqué parmi d’autres.
Substitut fonctionnel
Parmi les effets manifestes, latents (non déclarés mais positifs) ou dysfonctionnels (non déclarés mais négatifs), la question globale de l’interférence revient fréquemment dans les propos du sociologue. Il évoque ainsi la notion de “substitut fonctionnel”, sorte de lame à double tranchant, qui peut apporter beaucoup pour stabiliser le coaché mais aussi déséquilibrer le relationnel interne dans l’organisation.
Concrètement : le coach en entreprise peut être amené à prendre la place d’une personne ou d’une institution, dans la sphère professionnelle (le manager, le syndicat …) ou privée (le père, le confessionnal !) mais hors des habitudes et mécanismes traditionnels de contrôles. Ainsi, le coach peut revêtir un pouvoir, tout au moins une influence, considérable, et “en venir à peser sur certaines décisions stratégiques qui peuvent se révéler inappropriées.”
En parallèle, les apports du coaching – sur le développement personnel, mais aussi sur la rétribution interne, ou encore sur la considération envers le personnel – sont largement documentés et prouvés. Le coaching en entreprise est donc une action individuelle avec impacts indirects potentiels sur l’organisation, qu’il convient de connaître et de comprendre pour en mesurer, ou en limiter, les effets.
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