Alexis Ribiere et Julien Paredes « Puls Impact, c’est de la Tech For Good »

Alexis Ribiere et Julien Paredes « Puls Impact, c’est de la Tech For Good »

Alexis et Julien, auvergnats de naissance ou d’adoption, sont deux des cofondateurs de Puls Impact, une agence en innovation solidaire. Après des parcours de vie atypiques, ils décident de se lancer dans le gaming caritatif.
Du 24 au 30 mai, se tient notamment la seconde édition de Play For Good. Une semaine de gaming citoyen au profit d’Handicap International, ponctuée de conférences sur la place du jeu vidéo dans l’innovation sociale. Rencontre avec ces nouveaux entrepreneurs de la Tech.

Avant de parler de Puls Impact, on aimerait comprendre votre parcours, pour savoir ce qui vous a amené ici aujourd’hui. Alexis tu commences ?

Alexis Ribière : Comment est-ce que l’on est arrivé à Puls Impact ? Ok. Alors, je suis originaire de Vallon en Sully dans l’Allier. J’ai fait mon lycée et une partie de mes études à Montluçon et Bourges avant de poursuivre en Master spécialisation culture startup à l’ESC Clermont. 

J’ai fait mes 5 années d’études post-bac en alternance aux services achats de Safran et d’Airbus, c’était vraiment passionnant, mais j’ai toujours eu envie de porter des projets qui intègrent une dimension sociétale. J’aime beaucoup l’approche du Social Business défini par le Prix Nobel de la Paix 2066, Muhammad Yunus.

C’est pour cette raison que j’ai décidé de faire un second master, dédié à l’entrepreneuriat innovant, à l’IAE de Lyon. J’ai pu découvrir cet univers à travers deux stages, un dans une startup sociale, Miadunu, un peu sur le modèle de Meet my Mama et l’autre, dans l’ONG « Entrepreneurs du Monde » basée à Vaulx-en-Velin.

On est encore loin de Puls Impact. Quel est l’élément déclencheur alors ?

Pendant ce Master, j’ai également participé à un concours de création d’entreprises fictives. C’est là que j’ai rencontré un de mes 4 associés, Mickaël, et où nous avons développé l’idée de bornes tactiles de dons pour informer sur les causes associatives dans l’espace public. 

On s’est rapidement rendu compte que ça existait déjà, mais nous avons gardé l’envie de démocratiser et désacraliser le don aux associations. On voulait sortir du cadre et c’est comme ça que nous nous sommes orientés vers la borne d’arcade solidaire “l’Arcade for Good”. Le concept, c’est : 1 partie de jeu vidéo  = 1 don à une association. 

Après mes études à Lyon, je suis retourné sur Clermont, où j’ai intégré Clermont Auvergne PEPITE comme chargé d’accompagnement à l’entrepreneuriat, tout en continuant à travailler sur le projet. 

En 2020, nous avons décidé avec Mickaël de nous consacrer au projet à temps plein. En août, Fabien et Julien nous ont rejoints. Nous formons désormais un quatuor d’associés !

Maintenant c’est ton tour Julien. Alexis a déjà mis la barre très haute. Raconte-nous un peu tes aventures. 

Julien Paredes :Je suis né à Gizeh en Egypte d’une mère malienne et d’un père franco-espagnol, chef de chantier. Son activité m’a permis de pas mal voyager, Venezuela, Mali, Guadeloupe etc…

L’une de mes grand-mères était originaire de la Bourboule et j’ai fait des allers-retours entre l’étranger et l’Auvergne pendant toute ma scolarité. Le CP au Kenya et le reste à Clermont-Ferrand, le lycée Jeanne-d’Arc à Clermont et la 4ème au Caire. J’étais un élève un peu dispersé et on m’a rapidement réorienté vers un bac STT.
Comme j’adorais voyager, j’ai fait un BTS commerce international ce qui m’a permis d’avoir une première expérience professionnelle à l’étranger, à Pampelune en import-export.

De retour en France, je n’avais plus très envie de travailler dans cet univers. J’ai pris une année sabbatique en Ecosse. Comme tous les Français, j’ai travaillé dans la restauration pour parfaire mon anglais et j’ai découvert un secteur passionnant. À 22 ans, j’ai décidé de reprendre mes études à l’UCA. Après une licence pro en ESS, j’ai fait mon stage dans une association qui s’appelle “Res Publica”. Elle est spécialisée dans l’accompagnement de projets destinés à favoriser la citoyenneté et l’intérêt général, principalement en Afrique de l’Ouest.

Je suis resté 11 ans avec eux. Nous avons travaillé sur tellement de sujets, ce serait trop long à raconter, mais il y en a un dont je suis particulièrement fier : le Festival de la Chose Publique. Pendant trois ans, nous avons proposé un programme de conférences qui interrogeait la place du citoyen en démocratie. 

Et donc, même question. Comment est-ce que tu arrives à Puls Impact ?

A un moment, j’ai eu envie de créer un business for good. J’ai commencé à me renseigner à gauche et à droite, j’ai repris une formation HEC online, je me suis auto formé dans la blockchain lors de mes années chez Res Publica. Un jour, je suis tombé sur l’offre de Puls Impact. Je m’en souviens, j’étais en train de boire une bière à une terrasse, on a discuté au téléphone avec Alexis, ça a matché, et c’est comme ça que j’ai intégré l’équipe de Puls Impact.

Alors justement, vous pouvez nous pitcher Puls Impact ? 

Alexis : Puls Impact, c’est une agence en innovation solidaire. Nous faisons de la R&D de solutions innovantes de collectes de dons au profit d’associations d’intérêt général.

Aujourd’hui les associations remplissent des missions sociales qu’elles sont les seules à pouvoir mener. Elles peuvent être financées de trois manières : avec des fonds publics, mais de moins en moins, avec le mécénat d’entreprise, qui se développe beaucoup dernièrement, et par le citoyen, à travers le don.
La problématique du don vient de la fluctuation des montants en fonction de la conjoncture. C’est un vrai problème pour les associations de gérer ces variations et les conséquences sur leur trésorerie.

Avec Puls Impact, on réfléchit sur la manière dont nous pouvons insuffler un nouvel élan dans la culture du don. Comment le rendre accessible et indolore en intégrant une notion de plaisir et de jeu. Saviez-vous que la collecte de dons dans la rue est le plus gros moyen de collecte aujourd’hui ? Paradoxalement c’est aussi le moyen plus détesté des Français ? 

« Une société de l’engagement passe par le développement de la générosité »,

Pierre Siquier, président de France générosités

Vous avez donc plusieurs offres ?

Alexis : Le premier produit qui a donné naissance à Puls Impact est la borne d’arcade solidaire “Arcade for Good”. C’est la Croix-Rouge suédoise qui a inventé le concept, repris par la Croix-Rouge à Marseille qui nous a autorisé à développer le projet et faire évoluer le concept.

Comment ça fonctionne concrètement. L’Arcade for Good est positionnée dans les espaces de vie d’entreprise (salle de pause, boutique, événement) et leur sert à offrir du « plaisir-caritatif » à leurs collaborateurs/clients. L’utilisateur sélectionne un des jeux d’arcade proposé, sélectionne pour quelle association il souhaite jouer, définit le montant de son don, puis joue sa partie.
Chaque borne d’arcade est également une œuvre d’art d’un artiste de culture urbaine. C’était important pour nous d’intégrer cette dimension de l’art hors musées. On s’adresse aux collectivités territoriales, aux bars et restaurants, aux entreprises principalement et au coworking, mais pas que. 

source : Puls Impact

Vous allez aussi proposer une version en BtoC ?

Oui, ce sera un produit customisable et modulable pour toutes les bourses. Il y aura du retro gaming et du modern gaming. À l’inverse du modèle BtoB, on ne va pas faire payer les parties, donc c’est lors de l’achat que l’on intègre la partie solidaire.

La semaine prochaine débute la seconde édition de Play For Good portée par Puls Impact ? Vous nous expliquez ?

Julien : on a eu envie de proposer de l’événementiel autour du gaming caritatif. Aujourd’hui, les gros événements gaming mettent en scène des streamers très connus qui jouent pendant que le citoyen est spectateur et donateur.

Nous voulions prendre le sujet d’une autre manière. Play For Good, ce sont des citoyens qui jouent et des stars du gaming qui commentent leurs parties. Pour cette seconde édition, nous avons eu l’occasion et l’autorisation de construire notre projet autour de trois jeux : League of legends; Teamfight Tactics et Legends of Runeterra.

C’est un format ouvert à toutes et tous, novices, amateurs ou professionnels. Autour de l’event, nous proposons un programme de conférences autour du gaming caritatif. Il nous semblait important d’apporter  des outils pédagogiques aux jeunes générations. C’est pourquoi nous aborderons des thèmes tels que le Jeu vidéo et l’e-sport comme vecteur de partage et d’inclusion.

Et alors, j’ai pu lire aussi le projet : NFT for Good. Honnêtement, c’est complètement abstrait pour moi. Est-ce que vous pouvez m’éclairer ? De quoi parle-t-on ?

Julien : NFT, c’est l’acronyme pour Non Fongible Token. Dans ce cas-là, on parle de l’art digital sur la blockchain.

Je vais te donner un exemple. Il y a quelque temps, Banksy a mis en vente une série limitée de 100 sérigraphies à 100 000 dollars pièce. 
Un des acquéreurs d’une sérigraphie a brûlé une des œuvres, mais avant cela, il l’avait numérisée. Il existe donc aujourd’hui 99 sérigraphies papier et une numérique. Ça ouvre donc un nouveau marché de l’art, où l’on peut collectionner les œuvres numériques comme on le faisait avec les cartes Panini quand nous étions plus jeunes. C’est un marché méconnu, mais en pleine croissance qui pèse plusieurs dizaines millions de dollars.

Notre vision est d’accompagner cet écosystème vers une plus grande indépendance et une liberté d’action afin de promouvoir une expression encore plus large de l’art et de la culture.

Finalement, vous évoluez à la croisée d’univers très variés… À quoi ressemble l’écosystème Puls Impact ?

Julien  : Nous avons intégré FrenchTech Tremplin et nous sommes installés à l’incubateur Manufactory à Lyon et nous venons d’adhérer à Game Only. Quant à nos interactions, elles sont vraiment très larges : association de e-sport, tissu associatif régional, réseaux du CAC 40, artistes urbains, galeries d’art etc. 

Alexis  : autre aspect important, nous essayons d’être vigilants sur le choix de nos partenaires du quotidien. Nous sommes au Crédit Coopératif, nous travaillons avec ESS expertise…Bref, nous cherchons des partenaires engagés.

Pour terminer, quelles sont les prochaines étapes ?

Julien : Le lancement de l’offre BtoC très prochainement. A partir du 24 mai, il y aura la 2nde édition de Play For Food et courant juin, on s’attaque à “l’art digital for good”.
Mais là on a qu’une chose à dire ! Rendez-vous le 24 mai ! Let’s have fun and let’ play for Handicap International.

C’est l’instant carte blanche quelque chose à ajouter ?

Julien : juste un rêve. On rêve de pouvoir détecter lors de nos Play For Good des eSportifs en herbe et de pouvoir monter la première équipe esport Play For Good….

Dans la tête de Julien et d’Alexis

Ta définition de l’innovation : 

  • Alexis : Les problèmes du monde ne peuvent être résolus par des sceptiques ou des cyniques dont les horizons se limitent aux réalités évidentes. L’innovation doit être capable d’imaginer ce qui n’a jamais existé et qui sera utile pour l’intérêt général (réinterprétation d’une citation de JF Kennedy)
  • Julien : Constater, imaginer et transcender 

Une belle idée de start-up : 

  • Alexis : pour rester sur notre thématique de l’arcade et puisque nous travaillons avec eux : Polycade
  • Julien : j’attends de voir le résultat, cependant des initiatives comme Time for the planet me parlent.

La start-up qui monte : 

  • Alexis : pas sûr qu’on puisse encore parler d’une startup depuis son rachat il y a quelques mois, mais je suis un grand utilisateur de Slack qui a mon sens va s’imposer comme l’outil de communication phare en entreprise 
  • Julien : J’apprécie énormément DappRadar dans le domaine de la Blockchain.

Où est-ce que tu vas à la pêche à l’info :

  • Alexis : Linkedin 100%
  • Julien : Twitter, LinkedIn, FranceInfo, Le Monde, Courrier International, The Times, Coindesk, et internet en règle générale.

Une recommandation pour s’instruire (livre, podcast, magazine, série) :

  • Alexis : étonnement en ce moment j’absorbe beaucoup d’informations sur Tik Tok via des abonnements à des comptes qui font des contenus condensés sur des thématiques entrepreneuriales, culturelles, politiques, …
  • Julien : Coursera, c’est super et gratuit si on se débrouille bien 😉 Après j’adore la science-fiction et je puise énormément d’inspiration dans les productions cinématographiques.

Une recommandation pour rire (livre, podcast, magazine, série) : 

  • Alexis : Tik tok également, à côté de vidéos “thématiques”, c’est aussi le grand bazar du n’importe quoi de l’humour/blague et il y a des vidéos qui peuvent même m’emmener jusqu’au fou rire
  • Julien : Mon pote auvergnat Urbain qui travaille chez Topito et fait du One Man show… des barres de rires 😉

La femme qui t’inspire/experte : 

  • Alexis : Christiane Taubira 1000%
  • Julien : Je n’ai pas une femme précisément en tête car chacune de celles que j’ai eu l’opprtunité de rencontrer m’a apporté et inspiré. Je n’ai d’ailleurs pas d’homme en particulier qui m’inspire.

L’Auvergnat.e d’ici ou d’ailleurs avec qui tu aimerais bien boire un coup :

  • Alexis : Hervé Mathoux pour parler Clermont Foot et passion foot 
  • Julien : Georges Brassens, bon ce n’est pas un Auvergnat mais il a chanté une Chanson Pour L’Auvergnat

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.