Compte-rendu Déj Open Inno / Les Living Lab chez GRDF

Compte-rendu Déj Open Inno / Les Living Lab chez GRDF

Compte-rendu du Déj Open Inno du jeudi 20 février 2020 à Turing22

Intervention sur les Living Lab GRDF par :

  • Emmanuelle Collin, consultante en innovation et stratégie;
  • Philippe Métais, Direction de la Stratégie de GRDF (Recherche & Développement, innovation);
  • Pascal Serra, Direction de la Stratégie de GRDF (Recherche & Développement, innovation).

Le contexte

GRDF, un des distributeurs d’énergie en France : ici, on parle d’interface technologique entre fournisseurs et consommateurs d’énergie (particuliers), de « tuyaux ».

Aujourd’hui, « on a commencé la 3ème révolution gazière » (Pascal Serra). La première – le gaz de ville – était du charbon brûlé dans des grandes usines puis envoyé dans un réseau. La seconde utilisait du « gaz naturel » extrait de gisement en France mais majoritairement à l’étranger, et qui reste carboné (énergie fossile). La troisième révolution consiste aujourd’hui à n’utiliser que des biodéchets – déchets végétaux en ville ou issus de l’agriculture, déchets de cuisine … – et à les transformer par méthanisation dans une démarche d’économie circulaire (échelon local) avant injection. Objectif : 100% de gaz vert en 2050.

Dej Open Inno

La courbe de progression est spectaculaire, les objectifs ambitieux mais sont confortés par les études de l’ADEME, insiste Philippe Métais.

« Les produits dérivés du pétrole, c’est terminé ! On n’a pas d’autre choix, et ça conditionne grandement notre stratégie » – Pascal Serra

Par ailleurs, le stockage de l’électricité à grande échelle (ex : 100% de véhicules électriques) est très compliqué aujourd’hui. Avec le gaz, le procédé de méthanation – créant du méthane injectable dans le réseau à partir d’hydrogène produit par l’hydrolyse de l’eau et la captation du CO2 – rend le « stockage » de l’énergie possible. C’est le « power to gaz« , qui est circulaire et dont l’impact carbone est bien plus réduit.

Les Living Lab

Comment faire ? Pour développer par exemple le power to gaz, il faut réfléchir et agir en proximité avec les territoires. « Il nous faut passer de missions régaliennes de service public à une approche plus en phase avec les territoires » pour Pascal Serra.

La méthode repose dans les Living Lab, des lieux / dispositifs d’innovation ouverte et participative avec les acteurs locaux. « C’est d’abord une méthodologie » précise Emmanuelle Collin. Ses caractéristiques sont les suivantes :

  • Travail avec un écosystème large – start-ups, entreprises, collectivités …
  • L’usager est au centre du process mais il est aussi intégré dans le parcours dès le début
  • Les expérimentations se font en conditions réelles, ce qui garantit des retours fiables
  • La création de valeur doit se faire pour l’ensemble des parties prenantes, et prend en compte les connaissances partagées et la valeur sociale – au-delà de l’économique.

Conséquence, plutôt disruptive pour GRDF : la réflexion se fait localement. « Comment être un acteur de la transition énergétique de chaque territoire ? » résume Emmanuelle Collin.

De plus, la chaîne de valeur du gaz vert est nouvelle, elle n’a que peu à voir avec le gaz naturel. Tous ces éléments innovants dans l’approche nécessitaient un vrai engagement sociétal et local, d’autant plus que « l’objectif est de s’appuyer sur des écosystèmes existants » et notamment sur des structures ayant les mêmes objectifs en local.

« GRDF se pose en catalyseur d’une dynamique, au sein du Living Lab » – Emmanuelle Collin

A noter, insiste Pascal Serra, que la rentabilité n’est pas du tout au rendez-vous … à ce jour. « Il faut l’effet de masse » pour l’atteindre, et le lobbying d’autres énergéticiens peut aller à contre-courant.

Un pilote en région Centre Val de Loire

La méthodologie a été définie et cartographiée sur l’ensemble du pays, mais la région Centre Val de Loire a montré un potentiel particulièrement intéressant pour initier le projet, selon Philippe Métais, « à tel point qu’un foyer sur cinq d’ici deux ans y sera alimenté en gaz vert », insiste-t-il. La proximité de grandes exploitations agricoles y compte pour beaucoup.

 

L’approche est résumée dans une « roue » schématique, qui tourne autour d’un axe : une ambition, « qui doit servir le collectif, le citoyen ». La phase première étant le diagnostic territorial, la cartographie de l’écosystème – pour permettre l’adhésion de tous au projet et en particulier celui des citoyens. Quelle est la valeur perçue par chacun ? Les agriculteurs penseront « digestat » (qui est ensuite utilisé pour amender et fertiliser les sols), les industriels penseront « énergie » …

« Il y avait en Centre Val de Loire des acteurs qui avaient tous un intérêt dans la transition énergétique » – Philippe Métais

Un partenaire a notamment émergé : les Champs du Possible, un Village by CA basé à Châteaudun. « L’écosystème autour des Champs du Possible nous permet d’être acteur de la transition énergétique, en lien avec les riverains, les politiques » résume Philippe Métais. L’ambition centrale du projet n’est donc pas celle de GRDF mais celle d’un territoire, et c’est la clé du succès. Enfin, il faut inclure l’écosystème de recherche et de formation, et des agriculteurs qui seront « bêta testeurs »

Comment dupliquer les Living Lab ?

Pour Pascal Serra : « ils ont vocation à être dupliqués du point de vue de la méthode, mais pas forcément du sujet ». Le portage par GRDF n’est pas obligatoire, même si c’est le cas en Centre Val de Loire. Une association locale peut par exemple en être au pilotage.

« Le Living Lab, c’est d’abord une méthode. La forme que cela peut prendre varie » – Emmanuelle Collin

« Nous avons d’autres idées de Living Lab » précise Philippe Métais, par exemple à Lyon sur la mobilité avec le Tuba. En Auvergne, le LIT peut être une initiative à associer à un futur projet local. A Perpignan, à Montpellier, d’autres projets sont à imaginer sur la méthanation … le tout étant d’y appliquer la même méthode collaborative locale.

 

En conclusion : votre expérience personnelle

  • Pascal Serra : « une chance pour nous ! »
  • Emmanuelle Collin : « le contraste avec une gestion de projet traditionnelle, avec du 100% effectuation, et qui ne peut se faire qu’en environnement de confiance« 
  • Philippe Métais : « l’alignement des planètes qui s’est bien opéré en déployant la méthodologie » (Pascal Serra : « ce qui demande une très grande réactivité de notre part, car il faut décider vite quand cela se produit »)

Les Déj’ Open Inno sont accessibles à tous – intervention inspirante + buffet de produits frais et de saison pour 25 € par personne. Calendrier par ici, inscriptions par là


Bonus : résumé de la méthodologie Living Lab

La méthodologie et les « variables de conception », autour de l’ambition partagée, sont les suivants :

  • un territoire
  • une thématique
  • une structure pilote et un lieu totem
  • un écosystème participatif cible (constitué ou à constituer)
  • l’offre de service
  • le portefeuille de projets
  • les ressources à allouer
  • les indicateurs de performance

 

 

À propos de Véronique Jal

Ma ligne guide depuis 15 ans, c'est le management de projets collectifs à fort "sens ajouté" : les fromages AOP, les hébergements touristiques, la démarche d'attractivité d'une région... et aujourd'hui l'innovation territoriale via un média associatif Toulousaine d'origine, j'ai découvert et choisi l'Auvergne que mon parcours pro m'a amenée à connaître sous plein de facettes. J'adore cette activité qui nous permet d'être en situation permanente de découverte.