Entretien / Sabrina et Nadia Rabhane, Oh my cake !

Entretien / Sabrina et Nadia Rabhane, Oh my cake !

Par Pauline Rivière

Sabrina et Nadia Rabhane ont ouvert en novembre 2018 MamaTea, le premier salon de thé dans le vieux Montferrand.
Ces deux sœurs entrepreneuses aux parcours très différents, adeptes des voyages inspirants,ont développé un concept unique à Clermont-Ferrand.

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Aujourd’hui vous gérez à deux ce salon de thé mais pourtant vos parcours professionnels sont relativement différents. Racontez-nous un peu ?

Nadia : Nous sommes originaires de Troyes mais nous sommes arrivées à Clermont-Ferrand il y a 25 ans à la suite d’une mutation professionnelle de mon père.
Après un Master 2 de droit, suivi de 5 ans en tant que déclarante en douane, j’ai quitté mon emploi pour des raisons personnelles.
Pendant plusieurs années j’ai eu différentes expériences professionnelles. J’ai toujours été passionnée par la cuisine et j’ai eu l’occasion d’organiser des buffets et de préparer des pâtisseries de manière ponctuelle.
Un jour, je me suis dit pourquoi ne pas me lancer réellement dans une activité de salon de thé-traiteur.
J’ai mûri mon projet, et j’ai décidé de passer un CAP pâtisserie et un CAP cuisine pour professionnaliser mon activité.

Sabrina : Je suis en dernière année de Master en Ressources Humaines. Entre 2017 et 2018 j’ai fait une année de césure et je suis partie à Londres. C’est là que j’ai découvert l’univers des salons de thés avec des  concepts vraiment novateurs.
A mon retour en France en 2018, j’ai eu envie de m’associer au projet de ma sœur.
J’ai toujours été intéressée par l’entrepreneuriat et grâce à l’accompagnement de PEPITE j’ai pu bénéficier du statut d’étudiant-entrepreneur et transformer mon stage de fin d’études en me consacrant entièrement à MamaTea.

Ce projet a émergé relativement rapidement. Quelles ont été les étapes?

Sabrina : A mon retour de Londres, on s’est dit pourquoi ne pas tenter l’aventure. Néanmoins il nous fallait trouver le lieu qui correspondait à nos attentes.
En cœur de ville il existe déjà une dizaine de salons de thés. Nous avions donc en tête  Clermont-Nord pour notre implantation.

Nadia : Nous vivons à Gerzat mais nous avions beaucoup de connaissances qui nous faisaient part de leur frustration de devoir monter jusqu’en centre ville pour boire un verre.
Certaines mamans souhaitaient un lieu pour se retrouver après être allées récupérer les enfants à l’école. Les jeunes avaient les mêmes envies à la sortie des cours. Devoir faire tout le trajet jusqu’à l’hyper-centre, ce n’est pas pratique.
On a trouvé ce local qui correspondait exactement à ce que nous cherchions. Les boiseries en devanture donnent une apparence cosy et là on s’est dit « Allez hop on se lance ». C’est allé très vite après cela.

Devenir entrepreneur c’est un challenge, qu’est ce qui vous a motivées? Vous auriez pu chercher un emploi salarié….

Nadia : Etre entrepreneur, c’est un sentiment de liberté et d’indépendance. Même s’il faut travailler deux fois plus dur on sait pourquoi on se lève les matins.

Sabrina : De mon côté c’est une expérience professionnelle très enrichissante, je peux mettre en application ce que j’ai appris en RH mais aussi en gestion et comptabilité et découvrir une autre facette du monde du travail.

Travailler en famille c’est un pari osé. Comment se passe la collaboration entre les deux sœurs ?

Sabrina et Nadia : (Rires) Pour être honnête ce n’est pas facile tous les jours. Nous avons chacune nos personnalités, une est un peu plus exigeante que l’autre mais c’est une belle expérience, ça nous apprends le compromis et à tempérer nos caractères.

Lorsque l’on se lance dans un projet comme celui-ci on a forcément quelque chose qui nous rend particulièrement fier et inversement un aspect plus difficile à gérer …

Nadia : Ce qui nous rend vraiment fières c’est d’avoir fait nous-mêmes tous les travaux et que notre concept plaise.

Sabrina : On avait envie d’un lieu qui allie ancien et moderne tout en étant cosy et chaleureux.  On est très contente du résultat. C’est comme on l’avait imaginé.

Nadia : En revanche, le plus dur ce sont les horaires. Je commence à 6 heures pour la fabrication et termine à 20h00. Sabrina arrive un peu plus tard à 9h00, mais ça fait vraiment de grosses journées et c’est encore plus chargé les week-ends.

Votre concept c’est un salon de thé mais vous proposez des produits assez originaux que vous mettez en scène sur les réseaux sociaux…

Nadia : Oui, j’ai fait mon CAP cuisine et pâtisserie mais ensuite je me suis formée toute seule, j’ai appris sur internet, j’ai testé des nouvelles choses.
On propose des pâtisseries à la française revisitées, des cheesecakes, des gâteaux américains, des layer cakes…
Avec notre activité traiteur nous réalisons aussi des gâteaux personnalisés pour des anniversaires ou autres.
Nous proposons un plat du jour différent du lundi au vendredi et notre sélection d’une quinzaine de pâtisseries varie aussi chaque semaine.
On prépare notre thé glacé, nos boissons sont bio pour la plupart ou de culture raisonnée et on travaille beaucoup avec les commerces de proximité.

Sabrina : On se fait principalement connaître via les réseaux sociaux, notamment Instagram et  Facebook  (n’hésitez pas à aller y faire un tour @mamateaclermont) et le bouche à oreille. Nos produits sont très visuels et on travaille avec deux stagiaires en communication pour alimenter nos comptes en photos.

crédit photo : mamatea

Quelle est votre clientèle ?

Sabrina : Sur la partie salon de thé le midi ce sont de salariés des entreprises alentours qui viennent déjeuner. L’après-midi, la clientèle est plutôt diverse : des étudiants, des mamans, des personnes âgées et des touristes qui se baladent…
Pour la partie traiteur, ce sont essentiellement des jeunes qui veulent un joli gâteau pour marquer le coup, pour leur anniversaire, leur bac, leur diplôme (etc) car nos pâtisseries sont plutôt originales et différentes de ce que l’on peut trouver dans les pâtisseries traditionnelles.

Vous avez été lauréates du concours Auverboost, vous avez été accompagnées par PEPITE, qu’est ce que ça vous a apporté ?

Sabrina : On a gagné un chèque qui nous a permis d’acheter du matériel. Mais c’est surtout le réseau qui est intéressant. Betty de PEPITE, ainsi que l’Espace Info Jeunes nous ont mis en relation  avec des professionnels et d’autres entrepreneurs, on peut parler de nos projets. C’est très enrichissant.

Justement quels sont vos projets pour 2019 ?

Nadia : Investir encore dans du matériel et développer la partie traiteur. On aimerait embaucher un apprenti parce que là  je commence à avoir besoin d’aide pour faire face aux commandes.

Quels conseils pourriez-vous donner à des personnes qui souhaitent se lancer dans un projet tel que le vôtre ?

Nadia : Avant tout faire une formation pour comprendre comment cela fonctionne au niveau professionnel.  Cuisiner à la maison ou en grandes quantités c’est totalement différent. Il faut être au fait des règles d’hygiène et des normes. Se faire accompagner. Après  une formation au CIDFF, j’ai pu être mise en contacte  avec l’ADIE qui nous a aidé à lancer notre projet.

Sabrina : Il faut bien se renseigner en amont, sur les questions fiscales et administratives. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus excitant, mais une fois que l’on a pris une décision elle va avoir beaucoup d’importance. Il ne faut pas se tromper.

Et puis il faut bien choisir le lieu. Faire une étude de marché. Regarder qui peuvent être nos clients.
Nous, quand on a vu Dominos Pizza s’implanter on s’est dit qu’ils avaient dû réaliser une étude un peu plus approfondie que la nôtre et que s’ils avaient choisi cette rue c’est qu’il y avait du potentiel. Et c’est le cas. Dernièrement il y a quatre nouveaux commerces qui ont ouverts. La rue prend vie, il y a de plus en plus de passants.
On espère que ça va continuer.

Dernière petite question. C’est quoi votre produit préféré ?

Nadia : Mon préféré et notre best-seller c’est l’entremet coco-passion. C’est une tuerie d’après nos clients.

Sabrina : J’aurais dit la même chose. Il a aussi la nouveauté « les bubbles waffles » qui suscite beaucoup d’intêret.

crédit photo : mamatea

Ok on va tester alors !

Pour en savoir plus :

le site de Mamatea

Entretien réalisé par Pauline Rivière

Crédits photos : Pauline Rivière et Mamatea

en partenariat avec

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.