Forces Françaises de l’Industrie: 2 ans de reconquête industrielle

Forces Françaises de l’Industrie: 2 ans de reconquête industrielle

Les FFI, Forces Françaises de l’Industrie, est un réseau récent, en France et en Auvergne. Son crédo, faire entendre la voix de l’industrie française, pousser à la réindustrialisation de la France. Lui rendre ses lettres de noblesse. En montrer le potentiel, en termes d’innovation, de création d’emplois et de souveraineté. Et aussi, valoriser l’ancrage régional des histoires industrielles qui ont souvent façonnées celles des territoires. Et inversement.

Quand les FFI s’expriment, le ton est engagé, décalé, assumé. La newsletter éditée par le réseau national est drôle, mais au delà, elle est le reflet de l’activité de chacun des clubs français. Et on peut constater qu’ils sont ouverts : accueillir Fabien Roussel dans un club d’entrepreneurs n’est peut-être pas si fréquent.

Ce mercredi 14 juin, le groupe FFI Auvergne fêtait ses deux ans et pour l’occasion, éclairait des parcours ‘qui donnent du sens à notre territoire’. L’objectif ? imaginer et dessiner ensemble une vision de territoires basée sur les écosystèmes industriels’.

Ré industrialiser : un enjeu qui fédère

Le réseau auvergnat compte déjà une trentaine d’adhérents (lire notre interview du cofondateur Yannick Cartailler). Comme chacun d’entre eux a eu 2-3 minutes pour se présenter, on ne peut que constater la diversité des profils: des jeunes et des moins jeunes, des PME et des start up, des femmes et des hommes, des établissements d’enseignement supérieur… Tous ont en commun l’envie de défendre le made in France, voire le made in Auvergne. L’ambition passe par des Manifestes et du lobbying au niveau national mais également par un maillage territorial dont la vocation est de soutenir ceux qui font ce choix, de favoriser l’entraide, l’échange d’expertises…

Au-delà, des établissements d’enseignement supérieur figurent parmi les adhérents (SIGMA, ESC Clermont Business School, …). Leur présence veut illustrer le continuum à réaligner. Relocaliser l’activité industrielle et l’ancrer dans les territoires nécessite d’y trouver également des ressources humaines qualifiées et donc un enseignement de qualité, aux programmes cohérents au regard des enjeux et besoins des entreprises.

Changer les imaginaires

Laurent Moisson est le cofondateur des Forces Françaises de l’Industrie et du média « Les déviations« . Pour sa deuxième édition magazine, ce média consacré au partage des expériences de changement de vie, titre « Et si on travaillait de nos mains ? ». (A noter d’ailleurs que cette édition comporte un dossier « L’appel de l’Auvergne »).

Laurent Moisson raconte le cheminement qui l’a amené à la définition de la ligne éditoriale du média. « 75% des français voudraient changer de vie. Ils sont bien moins nombreux à passer le cap. Pourquoi ? à cause de la peur du changement et de l’inconnu. Et parmi ceux qui changent, on voit une explosion des métiers de type profs de yoga, coach ou décorateur d’intérieur. Des métiers dont l’imaginaire induit un alignement entre valeurs et sens et qui génèrent un mimétisme important. L’idée alors est née : il faut donner à voir d’autres parcours de vie, vers d’autres métiers. Il faut d’autres témoignages, réels, sans filtre, non marketés. Parce que l’émotion et la sensibilité sont de plus efficaces conseillères que les chiffres et les arguments rationnels. Mais qu’il faut quand même savoir prendre de la distance. « 

Travailler de ses mains

Expliquant le choix de l’angle du magazine no 2, il s’interroge sur les traces laissées par ‘le génie d’un Zola et de sa plume » sur la réputation de l’usine. Parce que oui, aujourd’hui encore, les métiers de l’industrie ont mauvaise presse. « Si tu ne travailles pas à l’école, tu finiras à l’usine ! ». Elvis Vermeulen, présent dans l’assemblée au double titre de son rôle auprès des espoirs de l’ASM et de cofondateur d’Ovalie Original, relevait l’attitude persistante de l’Éducation Nationale, peu encline à valoriser les métiers manuels auprès des jeunes. Pour Laurent Moisson, c’est tout l’enjeu d’un collectif comme les FFI, d’un média comme les Déviations et de l’ensemble des membres individuellement: montrer la réalité des métiers, ouvrir les portes des usines, changer ses méthodes de recrutement, valoriser les niveaux de rémunération, mettre en valeur les savoir-faire, … C’est l’addition de toutes ces pratiques, poussée par la montée de la recherche de sens et de valeurs qui pourront changer les imaginaires.

Deux jeunes pousses qui incarnent le made in Auvergne

Parmi les nombreuses prises de parole qui ont jalonnées la soirée, deux jeunes initiatives ont partagé leur démarche de conception produit en mode très local.

La Savonnerie du Malt

Une histoire de copains qui développent une idée, en parallèle de leur vie professionnelle et lancent la première marque de cosmétique à la bière artisanale bio. Leur base line  » Des produits cools à base d’ingrédients naturels, fabriqués en France par des gens sympas ». Et en effet, toute la production est issue du Puy de Dôme. La Bière des Montagnes est une bière artisanale bio produite à Gelles. La saponification à froid éco-conçue, à base d’ingrédients naturels,est assurée par Pierre, maître savonnier dans le Puy de Dôme.

Quant à Stéphane et Clément, c’est vrai qu’ils sont sympas !

Plus d’infos ici

Le tresseur

L’histoire du Tresseur est celle de Thibaut Omerin. Et c’est une belle histoire. Omerin, c’est un nom ancré dans l’histoire industrielle ambertoise autour d’un savoir faire de tressage qui a plus de 100 ans.

« On peut avoir 26 ans sans pour autant envoyer valser le travail de ses aïeux. Au contraire, s’appuyer sur une expérience familiale séculaire et y apporter son petit flambeau, ça ne se refuse pas. Alors poursuivons l’histoire… »

Thibaut Omerin – sur le site du Tresseur

L’histoire, c’est donc celle d’un retour à la production historique, les lacets. Mais des  »lacets de sneakers tressés avec amour » introduisant 3 changements majeurs : la résistance de l’aluminium pour les petits embouts, la couleur par laquage, la personnalisation à l’infini.

Deux chouettes expériences qui s’inscrivent dès leur création dans une volonté ferme de s’ancrer localement. Il y a aussi dans l’assemblée tout ceux qui le font depuis toujours, à bas bruit mais avec conviction.


À propos de Véronique Jal

Ma ligne guide depuis 15 ans, c'est le management de projets collectifs à fort "sens ajouté" : les fromages AOP, les hébergements touristiques, la démarche d'attractivité d'une région... et aujourd'hui l'innovation territoriale via un média associatif Toulousaine d'origine, j'ai découvert et choisi l'Auvergne que mon parcours pro m'a amenée à connaître sous plein de facettes. J'adore cette activité qui nous permet d'être en situation permanente de découverte.