Les bénévoles et communautés, héros méconnus de la transition écologique

Les bénévoles et communautés, héros méconnus de la transition écologique

Dans la transition écologique durable, les projecteurs sont souvent braqués sur les politiques publiques et les initiatives technologiques. Pourtant, dans l’ombre, une force moins visible mais tout aussi cruciale s’active : les bénévoles. Engagés, motivés et porteurs d’énergie, ils jouent un rôle clé dans l’accompagnement vers des pratiques plus durables, notamment dans la gestion des déchets. Qui sont ces ambassadeurs de l’ombre et pourquoi leur rôle est-il si fondamental dans le changement de comportement collectif ?
Cet article s’appuie sur deux webinaires complémentaires. Le premier, animé par le CIRIDD et l’ADEME, sur « Les apports des sciences comportementales aux dynamiques d’économie circulaire« . Le second webinaire est proposé par MakeSense et explore comment mobiliser des groupes autour d’objectifs communs.

Le pouvoir des communautés

Comme l’explique Fanny Viot de l’ADEME dans l’un des webinaires sur les sciences comportementales : « Les comportements individuels ne suffisent pas. Pour réussir la transition écologique, nous devons nous appuyer sur des réseaux communautaires et des leaders locaux. Ils sont capables de diffuser les bonnes pratiques au sein des groupes. » Les bénévoles incarnent précisément ces leaders de proximité. Ils jouent le rôle de passeurs de savoirs et d’exemples concrets, offrant aux autres citoyens une référence accessible.

Dans une perspective similaire, Antoine Delaunay Belleville, de Makesense, met en lumière le pouvoir du community organizing : « Une communauté n’est pas une simple addition d’individus, mais un espace où des liens se tissent autour d’un objectif partagé. En réunissant les bonnes volontés, les bénévoles créent des dynamiques puissantes capables de déclencher de véritables transformations sociales. »

Au Pays Voironnais, un réseau d’éco-salariés a été créé pour incarner cette dynamique de communauté dans le monde professionnel. « Nous avons mis en place un réseau d’ambassadeurs, les éco-salariés, pour encourager des comportements écoresponsables au sein des entreprises de la zone d’activité de CentrAlp », explique Julien Beauvais, chargé de la prévention et de l’économie circulaire au Pays Voironnais. « Ils sont devenus des relais essentiels pour promouvoir le tri des déchets ou les initiatives de mobilité douce. »

Les bénévoles, un levier de motivation

L’une des clés de l’efficacité des bénévoles dans la transition écologique réside dans leur capacité à motiver leurs pairs. Audrey Zéphir, du Syndicat mixte de Piquet Étang près de Montpellier, partage son expérience dans la mise en place de composteurs de quartier : « Les composteurs ne sont pas seulement des solutions techniques. Ils sont des points de rencontre, des espaces d’échanges entre les habitants et les bénévoles qui en sont responsables. Ce sont ces référents locaux qui, par leur engagement et leur proximité, parviennent à convaincre leurs voisins d’adopter des gestes écoresponsables. »

Audrey souligne également l’importance de la personnalisation dans ces échanges : « Nous avons appris à ne pas trop insister sur une approche uniforme. Certains habitants se considèrent comme des ‘composteurs pépères’, qui n’ont pas besoin d’être experts en compostage. Ils veulent simplement que ça fonctionne sans trop d’efforts. D’autres sont plus investis et veulent un compost parfait. Dans les deux cas, ce sont les bénévoles, par leur flexibilité et leur écoute, qui parviennent à s’adapter aux besoins de chacun. »

Antoine Delaunay Belleville, de Makesense, ajoute que « mobiliser les bonnes personnes pour chaque rôle est essentiel à la réussite d’un projet. Les bénévoles doivent se sentir valorisés et intégrés dans un cadre où ils peuvent faire la différence. » Cette approche renforce l’idée que chaque membre d’une communauté peut avoir un rôle clé, selon ses compétences et son niveau d’engagement.

Créer une dynamique collective

Le rôle des bénévoles ne se limite pas à transmettre des informations. Ils sont également des créateurs de lien social. Fanny Viot, lors du webinaire, insiste : « Les bénévoles apportent plus qu’un simple accompagnement technique. Ils créent une communauté. Et quand on est dans une dynamique collective, le changement de comportement devient plus naturel. »

Cette idée trouve écho dans la philosophie de Makesense, où Antoine Delaunay Belleville met l’accent sur la création de rituels communautaires pour renforcer l’engagement : « Les rituels ne sont pas accessoires. Ils créent un cadre sécurisant où les membres de la communauté se sentent reconnus et encouragés à participer. Cela peut être aussi simple que de partager un repas ou de célébrer les petites victoires. »

Le bénévolat, un engagement à valoriser

Cependant, cet engagement bénévole n’est pas sans défis. « Les bénévoles ont besoin de soutien. Ils ne peuvent pas tout faire seuls », explique Julien Beauvais. « Nous avons constaté que pour maintenir leur motivation à long terme, il est essentiel de leur fournir des outils concrets, mais aussi des moments de reconnaissance. » La valorisation des bénévoles passe par des initiatives de remerciement, comme l’organisation d’événements locaux ou des distributions symboliques de récompenses. « Nous avons organisé des fêtes du composteur, où nous distribuons du compost mature produit par les habitants eux-mêmes. C’est un geste simple, mais il valorise le travail de tous et renforce le sentiment de fierté collective. »

Un changement durable grâce aux bénévoles

Les sciences comportementales montrent que le changement de comportement est un processus long, qui nécessite des allers-retours entre l’intention et l’action. Comme l’explique Antoine Delaunay Belleville : « Animer une communauté, c’est surfer sur les vagues du changement. Cela demande de l’adaptation, de la patience, et surtout, de la reconnaissance des efforts accomplis par chacun. »

Les bénévoles, en tant que piliers de la communauté, apportent cette dimension humaine et sociale qui est souvent absente des politiques publiques. Leur rôle, bien que discret, est fondamental pour construire un modèle de transition écologique ancré dans les réalités locales et collectives.

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.