Municipales : Démocratie participative, quels outils, quelle organisation ?

Municipales  : Démocratie participative, quels outils, quelle organisation ?
Dans le cadre des élections municipales, le Connecteur a choisi d’interpeller les candidats sur trois sujets précis. Ces questions sont le fruit d’une consultation de notre communauté qui a fait émerger trois enjeux importants.  Retrouvez la retranscription de leur réponse ainsi que la version audio complète de chacune de leur prise de parole.

Seconde question : Garder le lien entre le maire et les électeurs tout au long du mandat est une revendication forte des citoyens. Quels moyens, outils digitaux ou modes d’organisation, comptez-vous mettre en place pour répondre à cette revendication?

 

Jean-Pierre Brenas 

Je constate que l’audience est restreinte dans la démocratie participative classique. Il s’agit de réunions de quartiers, de relation avec les comités de quartiers où on se rencontre, et ce sont toujours les mêmes qui viennent.

« Oui, ils ont parfaitement raison parce qu’ils doivent s’exprimer tout au long du mandat. Aujourd’hui, il faut utiliser les moyens numériques. Moi, je mettrais en place une plateforme participative numérique, à travers, laquelle les Clermontois pourront co-construire les projets. Je prends un exemple, la place des Salins va être faite, c’est dans mon projet. J’envisage de faire un grand miroir d’eau avec beaucoup de verdure, mais de la verdure naturelle et pas de la pelouse, voire des tondeuses animales comme des mini-moutons d’Ouessant. Et tout ça je vais le proposer aux Clermontois avec quatre scénarii issus de quatre bureaux d’études et je vais leur proposer de choisir.
Comment et pourquoi ? 
Comment ? Il suffira de se connecter sur la plateforme, ce sera très simple, il s’agira d’un vote. Pourquoi ? Parce que je constate que l’audience est restreinte dans la démocratie participative classique. Il s’agit de réunions de quartiers, de relation avec les comités de quartiers où on se rencontre, et ce sont toujours les mêmes qui viennent. L’audience est réduite, c’est compliqué à organiser et moi, je veux toucher ceux qui ne viennent pas dans ces réunions, les jeunes notamment.
Et donc on organise ça de façon très simple. Les gens à travers cette plateforme pourront véritablement co-construire, parce que d’abord, on va toucher un public plus large et en plus ça a une vertu, je crois de responsabiliser les gens sur l’acceptation du changement.
Quand on modifie l’urbanisme dans un quartier, il y a toujours des râleurs ce qui est normal, mais, vous observez, quand il y a plus de personnes qui ont co-construit, ça se passe toujours mieux parce qu’ils ont été consultés. C’est un petit peu grâce à eux. Donc, non seulement, ils acceptent mieux le changement d’habitude qui demande toujours un petit effort, mais en plus, ils respectent mieux les lieux d’innovation.
Donc je ne veux pas limiter ça à la consultation, à la participation démocratique, au numérique mais je considère que le numérique peut être un apport, un outil. Ce n’est pas pour remplacer l’existant : on aura besoin des réunions des quartiers, le contact physique, etc., mais je pense que l’on touchera un public plus large de cette façon plus simple, et finalement ça fait partie des gros atouts du numérique. »


Philippe Fasquel

On voudra cumuler vote classique et vote électronique. Et l’idée c’est le focus sur l’info des citoyens. Nous on pense que tous les outils peuvent être complémentaires.

« Alors votre question est d’autant plus intéressante que la liste Cause Commune n’existerait pas si il n’y avait pas de problème. Nous, on est venu compléter l’offre politique à cause de cela. L’ADN de Cause Commune, c’est l’envie de démocratie horizontale et on veut clairement changer la gouvernance municipale.
Alors je vais vous donner un exemple très très concret : tout le monde parle du RIC à cause des gilets jaunes, le RIC n’est pas possible sur une ville, mais on voudrait installer le RIL (référendum d’initiative local), avec une consultation tous les ans sur un grand sujet. Pas la dernière année parce que c’est l’année des élections. Cette consultation sera accessible à tous les citoyens à partir de 16 ans.
Donc la loi nous permet d’utiliser des formats de vote électronique. On voudra cumuler vote classique et vote électronique. Et l’idée, c’est le focus sur l’info des citoyens. Nous, on pense que tous les outils peuvent être complémentaires.
On va renforcer les panneaux d’affichages notamment sur le thème de l’écologie et en même temps donner une information numérique plus développée. Je vais vous donner un exemple concret parce que nous on est très concret sur ce qu’on veut faire. On veut créer des lieux de services délocalisés qui seraient des refontes des maisons de quartier. On veut faire des lieux dédiés, alors on les a appelé lieux dédiés, mais on pourrait les appeler tiers-lieux peut-être, mais ce n’est pas pour faire de la récup.
Mais en tous cas des lieux dédiés qui réuniraient les services municipaux, des espaces de démocraties locales où on pourrait venir justement consulter. Les associations, les activités socio-culturelles qui existent déjà dans les maisons de quartier. On va en faire un lieu de vie, de vivre ensemble pour les jeunes.
Nous pour l’instant, on les appelle Maison des Citoyens et l’idée, c’est de toujours faire l’adéquation entre forte présence humaine et le fait que ces lieux soient toujours connectés. On n’est pas obnubilé par le numérique d’autant plus que c’est un souci quand on est écolo. Le stockage des data, c’est très très énergivore donc on essaye de trouver un équilibre entre la sobriété énergétique et ce besoin de démocratie et de rencontres.« 

 

Olivier Bianchi

Nous avons nous testé cette année, pendant le mandat plus exactement, des Facebook live. Je me suis rendu compte que c’est très intéressant dans leurs interactivités donc je vais les généraliser et les multiplier.

« Vous avez raison, c’est un élément clé et il y a au fond deux moyens de le faire. Il y a ces fameux outils digitaux qui nous permettent aujourd’hui de renforcer les choses. Nous avons testé cette année, pendant le mandat plus exactement, des Facebook live. Je me suis rendu compte que c’est très intéressant dans leurs interactivités donc je vais les généraliser et les multiplier. Le travail que nous faisons sur les réseaux sociaux, et peut-être même passer à une chaîne YouTube. Pour le maire, je pense que c’est une piste que nous allons explorer.
Mais rien ne remplace la relation humaine de visu et c’est pour ça que les dispositifs que l’on a initiés comme les réunions bilan de mandat, six par an chaque année, où les rencontres sur les manifestations vont être renforcées.
Notamment à travers un élément que je voudrais multiplier, aujourd’hui ces fameuses réunions Tupperware que nous organisons pour la campagne. Je veux les généraliser durant le mandat à raison d’une par mois. Ce qui permettrait de rencontrer les gens qui n’ont pas eu l’occasion d’échanger avec le maire.« 

 

Eric Faidy

Je souhaite que nous réinventions la démocratie locale et nous le ferons en décentralisant la gestion de cette ville, en la découpant  en dix villages

« Ce que j’ai perçu dans mes engagements associatifs, c’est un manque d’écoute de la part de nos élus municipaux. Pendant cette campagne, quasiment quotidiennement, j’entends des responsables d’associations et des acteurs de la ville me dire “on ne nous écoute pas assez”. Le résultat, quand on n’écoute pas, c’est, par exemple, le parvis de la gare SNCF qui est particulièrement raté alors qu’on a mis beaucoup d’argent. Si on avait écouté les chauffeurs de taxi, les chauffeurs de bus, les usagers de la gare, ou les commerçants qui travaillent dans ou autour de la gare, je ne sais pas quel aurait été le résultat final, mais certainement il aurait été beaucoup mieux que ce que nous avons aujourd’hui après avoir dépensé beaucoup d’argent.
Tout ça pour souligner que l’écoute des citoyens, la démocratie participative, c’est pour moi extrêmement important.
Je souhaite que nous réinventions la démocratie locale et nous le ferons en décentralisant la gestion de cette ville, en la découpant en dix villages. Au sein de chaque village, il y aura un conseil de village qui sera en charge à la fois, de donner son avis sur la gestion au quotidien du village, mais également, impliqué dès la conception des évolutions des transformations de ce village.
De la même façon, pour ce qui est de la transformation écologique qui est notre priorité, dès notre accession à la mairie nous créerons un conseil citoyen environnemental sur la transition écologique.
Je souhaite que tous les clermontois et les clermontoises soient embarqués et réfléchissent ensemble sur la transition écologique qui est, un sujet essentiel pour la ville, pour son rayonnement futur et évidemment pour notre bien être. Je souhaite également que les 29 engagements que nous avons pris en matière de transition écologique soient mis en œuvre dans la durée du mandat. Ce conseil aura parmi ses attributions de nous rappeler à nos engagements et de ne nous assurer que tous les projets présentés au Conseil municipal iront bien dans le sens de la transition écologique. Voilà quelques exemples d’une démocratie participative, d’une nouvelle démocratie locale que nous souhaitons mettre en place.« 

Marianne Maximi

Pour nous les tiers-lieux, et plus largement les espaces d’organisation que ce soit au niveau de l’innovation, du numérique, ou du lien social, sont des espaces qui ont besoin d’être soutenus, mais pas pour pallier aux défaillances de l’Etat.

« Alors effectivement, c’est un enjeu très important aujourd’hui dans cette campagne. On sait que les citoyens et les citoyennes revendiquent plus de démocratie. On a l’impression que le pouvoir est confisqué. On nous demande de voter tous les six ans et puis pendant ces six ans, on ne nous demande pas notre avis. Justement, nous voulons remettre la démocratie au cœur d’un projet politique. Ça passe à la fois par les urnes, dans le cas des élections, mais ça doit perpétuer tout au long d’un mandat.
On propose différents outils, qui sont : le Référendum d’Initiative Local afin d’interroger les habitants et les habitantes et de leur demander de trancher des grands dossiers. Je fais référence par exemple au grand stade. Pour nous, quand on endette la ville sur plusieurs dizaines d’années, les habitants et les habitantes doivent donner leurs avis.
Ça passe aussi par de nouvelles instances démocratiques. Nous avons plein de projets au niveau de l’écologie. Par exemple, rendre des zones piétonnes, on ne fera pas sans les habitants et les habitantes. Ce n’est pas au sein d’un conseil que l’on va décider de quel aménagement, de quelle rue, etc…
Ce sot les gens qui sont concernés en premier lieu qui doivent décider.
Et après, c’est aussi par des vrais budgets participatifs avec une enveloppe « fonctionnement-investissement » proposée par quartier où les gens vont pouvoir décider des équipements dont ils ont besoin. Et enfin, on propose aussi par exemple par voie numérique que les habitants et les habitantes puissent soumettre des délibérations au Conseil municipal. » 

Vous parlez de consultation, quel est le modus operandi, comment est-ce qu’on demande aux citoyens de se positionner ?

« Sur un référendum-là, c’est par un vote classique, c’est-à-dire que la mairie organise un vote comme pour une élection officielle. Étant donné que l’on est encore dans un pays, dans une région, une ville ou la fracture numérique existe, le fait de rendre concret ce vote, en se déplaçant, en choisissant un bulletin, pour nous, c’est essentiel.
Ensuite, il y a plein d’outils numériques de consultation, de prise de décisions qui peuvent être mis en place. À Clermont, le fait  de diffuser en direct les conseils municipaux ( et ça existe déjà, c’est une bonne chose) pour nous c’est aussi rendre plus accessible la démocratie. Évidemment, il faut continuer à aller dans ce sens-là. Avec une transparence surtout ! Peu importe où l’on se trouve, on peut être au courant de ce qui se passe. »      

  

 

Lutte ouvrière : N’a pas répondu à la sollicitation

Rassemblement National : pas de liste déclarée au moment de  l’enregistrement de l’interview

Retrouvez chaque jeudi une autre question. A venir :

3. HealthTech, EdTech, Mobilitytech, le numérique peut-être une chance pour répondre à des problématiques de territoire (mobilité, médical, formation ….) de la ville de Clermont-Ferrand et des villes d’Auvergne . Y-a-t-il des initiatives, dispositifs ou projets innovants qui ont retenu votre attention au niveau local, national ou européen et que vous souhaiteriez voir se développer sur le territoire?

Retrouvez les réponses à la question 1 : Les tiers-lieux sont présents sur les territoires. Ils revendiquent un rôle de moteur des dynamiques économiques et sociales et se positionnent comme des outils d’animation du territoire.
Aujourd’hui leurs modèles économiques restent fragiles. Vous maire, quelle place accorderez-vous à ces structures ? Concrètement quelles seront vos premières actions ?

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.