Vincent Supiot, Village by CA : « se mettre au service des start-ups d’Auvergne ».

Vincent Supiot, Village by CA : « se mettre au service des start-ups d’Auvergne ».

Vincent Supiot est le nouveau maire du Village by CA Centre France. Il dirige un des 37 accélérateurs du Crédit Agricole. Passionné par les enjeux de territoire et amoureux de sa région de naissance, son parcours professionnel international pour Limagrain lui permet aujourd’hui de mettre ses compétences et son expérience au service des 18 startups présentes au sein de l’accélérateur. Rencontre avec un des nouveaux acteurs incontournables de l’écosystème auvergnat de l’innovation.

Avant de parler du Village by CA Centre-France, est-ce que tu pourrais nous raconter un peu plus en détail ce que tu mets derrière carrière internationale ? 

Oui bien sûr. J’ai fait des études de Sciences Économiques à Clermont-Ferrand et pour terminer ma formation, j’avais la possibilité de partir dans une des universités partenaires, dans mon cas, c’était Norman aux Etats-Unis. En attendant de partir, j’ai décidé de faire un premier stage chez Limagrain. Suite à ce stage, Limagrain m’a alors proposé de partir en VIE aux Pays-Bas à la place d’une année d’études aux Etats-Unis.
J’ai passé trois ans là-bas à Breda. Leur culture du commerce international en a fait une expérience particulièrement enrichissante.

J’ai décidé de poursuivre chez Limagrain et je suis devenu auditeur à Clermont-Ferrand, mais spécialisé sur l’Amérique du Nord. J’ai travaillé en Californie, où j’ai pu voir de près la culture start-up de la Silicon Valley ainsi que celle de l’agriculture intensive et tous ses points positifs et négatifs. Ensuite, j’ai été Directeur Financier de Vilmorin pendant 6 ans avant de partir au Japon en 2013 pour devenir Directeur Général d’une société de semences. J’y suis resté 4 ans.

Donc tu as fait toute ta carrière chez Limagrain et un jour, tu plaques tout et tu deviens maire ? Raconte-nous ce grand saut ?

En 2016, je suis revenu en France prendre la direction financière du groupe Limagrain. Au bout de 3 ans, j’avais 45 ans et je me questionnais sur le sens que je voulais donner au reste de ma carrière professionnelle, ce que j’allais faire du reste de ma vie. 
J’avais découvert le concept du Village dans le cadre de mes fonctions précédentes. J’avais tout de suite trouvé ça passionnant et j’ai “milité” pour que celui d’Auvergne voie le jour. 

Un point important à préciser : à chaque fois que je suis parti travailler aux quatre coins de la planète, j’ai toujours aimé l’idée que je travaillais pour l’Auvergne. Je me suis dit que dans la prochaine étape de ma carrière, je ferai quelque chose en lien avec mon territoire. Ce mélange entre innovation, territoire, orientation très business et création d’emplois ça avait un sens pour moi ..
A force de les harceler on s’est dit un jour, pourquoi ne pas le faire ensemble. Voilà comment ça s’est passé.

Ça ressemble à quoi les premiers pas dans le monde de l’innovation après avoir travaillé si longtemps au sein d’un grand groupe ?

Déjà, il faut accepter que l’on va avoir beaucoup moins de moyens qu’auparavant. A Limagrain, j’avais la chance de gérer beaucoup d’équipes. Là, on est dans une structure plus légère. C’est aussi un plaisir de revenir faire des choses très concrètes, être au contact du terrain.
On voit des profils différents tous les jours et on voit des projets évoluer. C’est une vraie satisfaction. En une journée j’ai l’impression de passer dans dix univers différents.

Maire du village ? Drôle de concept non ? Quel est ton rôle et comment fonctionne le reste de l’équipe ?

On est une équipe de quatre personnes. Le maire, c’est le directeur du Village. Il a pour vocation de piloter toutes les infrastructures du Village, mais aussi la vie du Village et faire en sorte que l’on arrive à connecter les start-ups et les partenaires.

Ensuite, nous avons deux start-ups managers, Catherine et Christophe, qui sont focalisés sur l’accompagnement au jour le jour des start-ups. Quant à moi, mon rôle est de prendre du recul et de donner une vision un peu plus stratégique du projet. 
La quatrième personne, c’est Maelle, notre Happiness officer. C’est elle qui crée la bonne ambiance au sein du village, pour que tous les villageois se sentent bien.

Inauguration du Village by CA Centre France 2020

Il existe 37 Villages by CA, quelle est la genèse de ce concept ? 

Le premier Village by CA a vu le jour à Paris en 2014 avec comme idée de départ : créer un environnement au sein de la banque qui va venir aider et accompagner ces jeunes créateurs d’entreprises. C’est en les accompagnant que l’on pourra mieux comprendre cet écosystème et mieux répondre aux besoins. 
Chaque Village est différent. Il en existe presque quarante aujourd’hui qui se sont construits en fonction des territoires et de l’écosystème déjà présent. Un mot d’ordre : ne surtout pas doublonner. Certains ne font que de l’hébergement, d’autres des incubations et accélérations et d’autres encore, qui vont aller jusqu’à la levée de fonds.
Sur le Village CACF on s’est positionné sur la fin de la chaîne de l’innovation.

Quels  sont les outils au sein des Villages pour connecter les différents écosystèmes sur chaque territoire ?

D’abord, on a une base informatique qui s’appelle Weconnect. Elle permet de recenser l’ensemble de start-ups qui sont présentes ou qui ont été présentes dans les Villages depuis leur création. Aujourd’hui ça représente 1000 start-ups et 600 partenaires.
Mais la data informatique ce n’est pas suffisant. On organise des événements : Les Business Connect. C’est une journée dans un village sur une thématique spécifique. L’objectif étant de permettre des rencontres entre les partenaires et les start-ups sur cette thématique-là. 
J’aimerais prochainement pouvoir organiser un Business Connect autour de l’eau, qui est un vrai sujet en Auvergne. 

Une nouvelle année débute, qu’est ce qu’il y a dans la marmite du chef du Village ?

Le village by CACF est très récent, on a ouvert cet été. On est encore en construction, nous sommes nous aussi  une start-up. Notre challenge n’est pas d’accueillir beaucoup plus de start-ups, mais d’aller confirmer que l’on arrive à bien les accompagner. Nous voulons faire venir autour de nous des partenaires en France et à l’international pour booster nos start-ups.

Avec l’ensemble des maires, nous avons lancé cet été une consultation nationale pour interroger les évolutions des villages. Au lieu de le faire en interne, on a aussi demandé à toutes nos parties prenantes : les partenaires, les start-ups ainsi que les 100 000 salariés du Crédit Agricole pour imaginer la V2 des Villages. 

On a un autre challenge, c’est de sortir de Clermont-Ferrand. Aujourd’hui, nous sommes très orientés sur l’écosystème clermontois, mais on a en charge d’autres territoires, comme l’Allier, la Corrèze, le Cantal et la Creuse. 
Comment couvrir ces territoires sans déplacer les emplois sur Clermont-Ferrand ? Il faut que les porteurs de projets d’Aurillac restent à Aurillac.
Nous voulons créer des annexes du Village dans chacun de ces territoires.

Quelques chiffres sur le Village by CA Centre France

➭1 promo
➭18 entreprises 
➭3 levées de fonds 
➭3,7 millions d’euros de levés sur 2020

Dans la tête de Vincent Supiot

Une belle idée de startup : la production d’insectes comme avec Invers ou Ynsect, pour moi ça symbolise l’avenir. le pari fou de venir sur des thématiques qui paraissent improbables. C’est le sens d’une startup : une réussite sur une thématique pas commune et tout un écosystème qui croit au projet et qui met des fonds énormes là-dessus. On est sur des entreprises tournées vers l’économie à impact.

La startup qui monte : Arnova. Sur le e-sport, c’est un marché énorme. Capillum. Une idée toute simple de recyclage des cheveux, on peut tous être acteurs sur ce sujet. 

0ù est-ce que tu vas à la pêche à l’info : Twitter, LinkedIn, La Montagne, les Echos. 

Une recommandation : Un livre. L’intrapreneuriat un défi pour les grands groupes de Marc Evangelistaun vœu pour 2021 : qu’on se débarrasse du Covid.

À propos de Pauline Rivière

Pauline Rivière est journaliste et rédactrice en chef du média en ligne le Connecteur. Elle est en charge du choix des dossiers spéciaux mensuels. Elle développe également des outils de datavisualisation à destination de l'écosystème de l'innovation et s'intéresse à l'innovation éditoriale. Avec sa société SmartVideo Academy, elle anime différentes formations à la réalisation de vidéos (au smartphone notamment) et à l’écriture audiovisuelle. Elle intervient également dans l'Enseignement Supérieur dans le cadre de projets pédagogiques digitaux, mêlant techniques de communication et sujets d'innovation.