Le Connecteur est un média associatif. Son conseil d’administration est donc le creuset du projet global. Une série de portraits pour comprendre ce qui rassemble ceux qui ont eu envie de rejoindre- ou poursuivre – l’aventure. Chacun a répondu aux mêmes questions: son lien au territoire, le sens de l’innovation, ses envies, ses valeurs, … avec sa sensibilité. Cette semaine c’est Damien Caillard qui répond à nos questions.
Journaliste indépendant sur les sujets de transition écologique et de résilience territoriale, Damien Caillard a créé Tikographie. Il organise également des événements en lien avec ses sujets de prédilection: des Rencontres du Climat et des serious games autour des enjeux environnementaux. Enfin, avec Sens9, il contribue à une offre d’accompagnement par du coaching de groupes et collectivités vers la transition. Il fait aussi des soufflés au citron et pratique le bilboquet à un niveau de compétition*.
Ca, c’est aujourd’hui. Mais avant ça, Damien était le shiva du Connecteur: président, webmaster, investisseur, directeur, journaliste, community manager … Il a assuré toutes ces fonctions pendant plus de 2 ans, contribuant grandement à mettre Le Connecteur sur ses rails, entourés des administrateurs fondateurs de l’origine.
Et pour tout ça, on ne le remerciera jamais assez. #CoeurSurToi
Damien, qu’est ce qui t’anime par rapport à cette question de territoire(s) ?
Je pense que c’est le meilleur périmètre pour vivre, comprendre et agir par rapport aux enjeux écologiques. Nos territoires à forte identité permettent aux gens de se sentir plus impactés et de vouloir remédier. Ce qui touche le territoire finira par nous toucher nous aussi. L’environnement, c’est ce qui est autour de nous, c’est palpable, concret. Mais attention, ce n’est pas du tout l’idée de l’autarcie. Au contraire, un territoire est forcément inclus dans d’autres, à d’autres échelles. Néanmoins cette logique de proximité est utile pour beaucoup de choses, elle permet d’appréhender les enjeux principaux, les problématiques sur lesquelles il est impératif d’agir, mais à un niveau d’actions pertinent.
L’enjeu : l’innovation, ça devrait servir à…?
Pour moi, l’innovation doit servir à changer les points de vue, à sortir de sa zone de confort. Il faut valoriser la prise de risque qui nous pousse à “briser” la barrière des habitudes. C’est ce qui nous bloque le plus, dans la transformation. Cela crée des œillères, une incapacité à penser – et agir- autrement.
L’innovation devrait servir à casser les codes et permettre de se projeter dans d’autres logiques.
Je ne veux pas dire forcément retourner la table, l’innovation n’est pas forcément disruptive mais innover ce n’est pas juste un petit pas “incrémental”. C’est aussi ce que peut amener l’innovation dans les sujets liés à la transition : l’innovation ce n’est pas que le résultat. C’est aussi le chemin : un process qui guide dans les interactions sociales, dans l’état d’esprit avant d’arriver à la tech et au marché.
Le clivage, l’opposition ne sont pas une fatalité.
A ce titre, l’environnement des start up est stimulant : on y pense différemment. Pour moi, Charles Marginier (fondateur de Firerank notamment) est l’un des personnages les plus innovants que j’ai jamais rencontré. Il aime le changement, retombe toujours sur ses pattes, il incarne bien cette posture dont je parlais. Même si j’ignore s’il est engagé pour l’environnement, sa dynamique personnelle me plaît beaucoup.
Pour toi, Damien, quelles valeurs faut-il défendre ?
D’abord, je parlerai de Liberté. Pour ce qui concerne Le Connecteur, j’aime l’idée qu’il soit indépendant, non institutionnel. Qu’il puisse user de sa liberté de parole et de ton. Cela permet de tester, de s’autoriser des choses… En un mot d’être inventif pour se renouveler et surprendre.
Ensuite, il y a la légèreté, qu’on pourrait aussi appeler l’agilité. Pour moi c’est l’image de la petite souris, qui passe là où le gros chat ne passe pas. Il y a, avec cet état d’esprit, une valeur importante de proximité. C’est ce qui permet de provoquer de vraies rencontres, notamment au travers des portraits qui permettent d’aborder les individus et leurs valeurs derrière les structures, et parfois d’imaginer des projets communs.
C’est une valeur forte aussi la proximité, ce côté “incarné” qui est porté par tout le monde au Connecteur, l’équipe comme les administrateurs, …
Pourquoi ? Parce que tout ce qui naît, c’est par la force des individualités, de leur passion, de leur centre d’intérêt …
En plus, ce traitement humain est une vraie originalité. Les ‘points’ à connecter, ce sont des gens ; il faut les connaître, les comprendre, … les lecteurs aiment bien rentrer dans les sujets de cette façon, c’est plus humain, à portée d’eux, cela rend possible la projection.
Une action collective à laquelle tu participes et dont tu es fier?
Mis à part le Connecteur bien sûr auquel je suis fier d’avoir apporté ma contribution, j’ai créé, avec d’autres citoyens “Par Ici la Résilience”. C’est une nouvelle association dont l’objet est de sensibiliser aux sujets de la résilience, sur le Puy de Dôme. Elle organise les “Rencontres de la Résilience”, des événements sur les différentes thématiques liées aux grands enjeux du territoire : l’eau, l’agriculture, …
J’ai aussi créé Tikographie, un nouveau média, sur le même sujet. Les activités sont complémentaires: les contenus éditoriaux permettent d’aller en profondeur, et l’événement permet d’engager des dynamiques différentes, de l’interaction, du questionnement, et in fine, de l’envie d’agir. C’est tout l’enjeu, provoquer le changement !
Concernant les projets du Connecteur, sur quoi aurais-tu envie de t’investir ?
Toute activité humaine et économique doit désormais prendre en compte l’impact environnemental et apporter sa brique … Pour un média, il faut faire attention à nos façons de traiter les sujets, peut-être aller jusqu’à les choisir en fonction de leur prise en compte de ces questions-là. Ca peut être une grille de lecture nouvelle, une façon d’interroger le sens de l’innovation.
J’aimerais vraiment que Le Connecteur et Tikographie articulent davantage les sujets innovation et transition. Nous travaillons chacun sur des grandes thématiques, ce serait intéressant d’arriver à croiser les regards.
Le meilleur conseil jamais reçu ?
Franck Ribery “La routourne va tourner”
Je l’ai utilisé pour ma carte de voeux 2016: les choses changent et peuvent revenir, il y a des cycles, mais rien n’est éternel … le changement est une opportunité.
Et sinon, plus sérieux mais dans le même registre, Marc Aurèle, “l’obstacle est matière à action”.
Ton plus bel échec ?
Studio Mio, c’était ma première boîte de production vidéo. J’ai arrêté en 2009. C’était un échec puisque je n’ai pas réussi à en vivre mais c’était aussi une super expérience. Cela m’a permis de confirmer que j’adorais la vidéo, que je pouvais être bon dans ce domaine, dans la relation commerciale aussi mais en revanche, pas terriblement performant en gestion et RH … Cela m’a permis de mieux me connaître.
Le Connecteur, puis Tikographie, je les ai bâtis sur ces expériences.
Ton épitaphe de rêve ?
En cherchant à répondre à cette difficile question, j‘ai trouvé cette citation de Dioclétien « J’aimerais que tu viennes et voies les choux que j’ai planté moi-même. Ils étaient si remarquables qu’on ne risquait plus d’être exposés à la tentation du pouvoir »
En fait, Dioclétien, à la fin de sa vie, a quitté l’exercice du pouvoir et s’est consacré à une vie plus calme et proche de la nature. Un Candide avant l’heure, mais pas sur la notion de connaissance, plutôt de pouvoir. Cette citation m’interpelle à plusieurs titres…
Tes respirations/ inspirations : lectures, podcasts, …
Zola. Je suis un grand fan de l’œuvre Les Rougon-Macquart: j’y retrouve un peu le monde dans lequel on vit, pas si éloigné de l’ère post industrielle. Auteur, journaliste, naturaliste … il décrit les environnements technologique, sociologique, les rapports humains, au travers d’histoires très dures ou très belles avec style
C’est très inspirant cette façon de raconter les choses,
De manière plus contemporaine, je regarde souvent des documentaires animaliers. Certaines productions récentes proposent des images fabuleuses, mettant parfois en exergue l’impact du dérèglement climatique sur la biosphère. Ca prend aux tripes, et c’est un autre moteur de changement et d’engagement en faveur de la nature.
*note de l’intéressé : j’avoue, ce n’est pas vrai. Je suis une buse au bilboquet, mais j’aime particulièrement ce mot. Pas vous ?
Les autres portraits déjà parus
Virginie Rossigneux. Favoriser la controverse.
Emmanuelle Collin. Bousculer les croyances limitantes.